Le carnet du CFC

LE PETIT TRAIN
Témoignage de Jacques Horiot, 1996 et de Fernand Thomas, 1985.

Le personnel :


Sur la machine (une Baldwin): Félix Martin dit Bitrouf.
Au sol, de gauche à droite : Liévequin Georges, Horiot Jacques, Lucien Hanart, Merlin Paul, Paulin Raymond, Jandin Maurice, Ragot Michel, Barbier Lucien, Jaulin Maurice, Cuisset X., Duchauffour Georges, Mendes X., Hanart Lié, Barbier Noël, (derrière Lié Hanart, peut-être Daflon).
A l' époque, il y avait aussi Bilka François et Daroux André. Le chef du port de Moro était André Basset qui habite toujours Moro. II y avait 120 ouvriers (à la carrière, au dépôt et au port de Moro).
La photo date de 1946. La voiture (une Ford) appartenait à Barbier Noël, c'était une récupération de la guerre. (photo: Léontine Ragot)
Devant la mairie de Roberval, pendant les travaux du viaduc: "la mort du petit train" (photo: Jocelyne Grava).
locotracteur 0C0 Gmeinder.
92 octets) Une autre vue de la mort du petit train (phot du Parisien libéré 1964).

Témoignage de Fernand Thomas, 1985

Les origines:

"La voie ferrée destinée à desservir les carrières de Villeneuve-sur-Verberie, de Carnage (Roberval) et du Plant (Roberval) fut créée à la fin du 19ème siècle. Auparavant, le sable était transporté par des tombereaux tirés par des chevaux. Les trains furent réquisitionnés pendant la guerre de 1914/1918. En 1920, la Société des Sablières de l'Oise qui possédait les trois carrières fit changer les voies du chemin de fer. Les rails de la voie de Fleurines à Pont-Sainte-Maxence furent démontés et remontés entre Villeneuve-sur-Verberie et le port de Moro. A cette occasion, la maison du jardinier du Château, à la Glaçière (place du Château), fut remplacée par le patronage. C'était du temps du directeur, M. Boiron, de Compiègne. La nouvelle voie permettait l'utilisation de locomotives plus puissantes alors qu'auparavant, une douzaine de wagons étaient tirés grâce à la vapeur, après 1920, les locomotives à moteur diesel pouvaient tracter jusqu'à 18 wagonnets. La grévière du Plant cessa ses activités peu après la guerre".

Locotracteur Gmeinder à Roberval, devant le café, face au château.
Locomotive 230 Baldwin.
D'après Eric Fresné, ce serait une 230T Hunslet construite également pour le War Department anglais.

A propos des Hunslet, voir le site : The Hunslet "War Office" Type Locos

La "Grévière" (carrière du Plant) utilisait pendant la guerre 1914/1918 des prisonniers de guerre allemands. Ils cassaient des pierres et les mettaient dans des wagonnets. Ces wagonnets, tirés par des chevaux menés par Fernand Thomas étaient amenés jusqu'au bord du plateau, au-dessus du dépôt. Là, se trouvait une sorte de funiculaire composé d'une grosse roue de fer de 1 m de diamètre montée sur pivot (une sorte de poulie). A chaque bout du câble était accroché un wagonnet sur rail. Fernand Thomas en remplissait un en haut puis le poussait dans la pente, ce qui avait pour effet de faire remonter le wagonnet vide du dépôt. Puis il recommençait l'opération jusqu'à vider ses wagonnets. La roue était munie d'un frein pour maîtriser la descente. Au pied du coteau, derrière le dépôt, se trouvaient des sortes de fosses en pierre, ouvertes d'un côté, où l'on concassait les morceaux de sable agglomérés. Le sable obtenu était envoyé à des usines d'automobiles, où il servait à polir les vitres. On voit encore dans le bois les traces formées par les wagonnets et les fosses en pierre. La carrière du Plant existait encore en 1930. A l'époque, j'étais scout et nous allions nous promener dans les bois au-dessus du dépôt. A ce moment, les wagonnets et les rails existaient.
J'ai connu des gens qui descendaient le sable de Villeneuve-sur-Verberie à la gare de Verberie et qui remontaient de l'engrais pour les cultivateurs. N'oublions pas qu'il y avait deux ou trois chevaux à l'époque pour tirer les wagons dans la carrière.

Jacques Horiot au STO "

"Je suis parti en Allemagne ("déporté sous la menace de la Gestapo") le 2 décembre 1942, à Solingers, dans l'usine de machines-outils Oswald Forst. J'étais marié et père d'un enfant de six mois. Je travaillais sur un tour, je faisais des pièces pour Renault. Je suis rentré en France après avoir eu une permission, en mars 1944 et n'y suis pas retourné. Jandin est parti en mars 1944 en Allemagne comme S.T.O. pas bien loin de moi. II travaillait sur un tour, il faisait des tubes pour les canons. 

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