Le carnet du CFC

Société anonyme des sablières de l'Oise et de la région de Fontainebleau

Les petits trains des sablières 

1. La voie ferrée de Fleurines et Villers St Frambourg à Pont St Maxence 

Le développement de l’industrie du verre a la fin du 19ème siècle amena la compagnie de Saint Gobain à rechercher du sable blanc, matériau indispensable à la fabrication du verre. Elle obtint la concession d’une sablière sur les terrains communaux de Fleurine (au lieu-dit "les communes"). Les notions d’écologie et de protection des sites naturels n’effleuraient pas alors l’idée des fleurinois qui voyaient surtout dans l’exploitation de la sablière une source de revenus, diminuant d’autant les impôts locaux et aussi une activité qui procurait du travail aux hommes du village. 

Dans la carrière de Fleurines en 1907.

Le sable fut d’abord transporté par tombereaux de Fleurines à Pont-Sainte Maxence, d’où il était acheminé par voie fluviale jusqu'à l’usine. La société exploitante s’apercevant vite qu’un tel moyen de transport était insuffisant eut l'idée de construire une voie ferrée étroite sur le bas côté de la route (devenue la nationale 17). Cette voie ferrée longeait la forêt d’Halatte sur le côté droit de la route. En entrant dans Pont St Maxence elle occupait le milieu de la rue principale.
Au milieu de la côte de Fleurines une voie de garage avait été construite (là où se trouve aujourd'hui une maison). Devant la maison forestière du grand maître, il y avait un embranchement avec une voie venant de Villers St Frambourg où La Compagnie de St Gobain exploitait une autre sablière située entre Villers St Frambourg et Brasseuse. Le train composé de 8 wagonnets tirés par une petite locomotive à vapeur transportait le sable jusqu’au port de Pont St Maxence où il était déversé dans des péniches.

La descente vers l’Oise n’était pas trop pénible malgré le poids du sable. Mais la remontée vers Fleurines offrait plus de difficulté. Au bas de la côte, la locomotive appelée « Attila » sans que l’on sache pourquoi sifflait trois fois. Si un autre convoi se dirigeant vers Pont St Maxence occupait l’unique voie il se rangeait sur la voie de garage pour permettre au convoi montant de continuer son chemin car ce dernier n’aurait pu repartir s’il avait du s'arrêter.
Les fleurinois se rendant à Pont St Maxence ne pouvaient utiliser ce train comme mode de transport. Pourtant les enfants n’hésitaient pas à grimper sur les wagonnets pour éviter la marche à pied.

Le petit train ne faisait pas d'excès de vitesse et les conducteurs, convoyeurs prenaient même le temps de se rafraîchir le gosier dans les estaminets installés à Pont St Maxence le long du trajet. Vint la guerre de 1914-1918, des différends surgirent entre la Compagnie de St Gobain la Société exploitante et la commune de Fleurines. Des procès furent plaidés et l'exploitation des sablières cessa. Le petit train disparut et les rails furent démontés pour être réutilisés entre Villeneuve sur Verberie et Moru.
L’ancienne sablière est aujourd'hui le site de la vallée des Peaux rouges (était car ce parc d'attraction style western est fermé), l’exploitation du sable a repris dans les années 1970, le transport étant alors assuré par des camions mais elle vient de s’interrompre car la société Sofraco a résilié son contrat au 1er janvier 1984.

La carrière du Plan (Roberval) employait 22 employés vers 1914 : un chef d'équipe, un contre-maître, une dizaine de carriers, 5 ou 6 chargeurs de wagons, un tireur de wagons dans la carrière, 2 concasseurs-videurs de pierres, un videur de sable.

Texte de Paul Briançon dans Chemins de fer du Valois" - La Rurale n°30 - 1985

Le tracé reconstitué de la ligne sur une carte IGN 2412 Senlis Ouest.. On distingue la "Vallée des peaux rouges" où était située l'ancienne carrière de Fleurine au lieu dit "Les Communes".
La voie suivait l'accotement de la route N17 jusqu'à pont Sainte-Maxence jusqu'au bord de l'Oise, où se trouvait le port à sable.
Carte postale de 1909 montrant la descente vers le port à sable avec une voie de débord sur laquelle stationnent des rames de wagonnets.
Rame en déchargement au port au sable.

Carte Michelin n°56 pli 2 de l'entre deux guerre. La voie qui a disparu à cette époque n'est pas indiquée sur le plan.

 

 

2. La voie ferrée de Villeneuve sur Verberie et Roberval à Moru.

Cette voie fut créée à la fin du 19ème siècle pour desservir plusieurs carrières et transporter leur production jusqu’à l’Oise. Auparavant les pierres et le sable étaient acheminés par des tombereaux tirés par des chevaux. La voie partait de la carrière de sable de Villeneuve sur Verberie descendait la route de Roberval, desservait la carrière de Carnage, longeait le hameau de Guidon, puis elle recevait les pierres de la grevière du Plant et rejoignait l’Oise au Port de Moru.
La grévière du Plant cessa son activité vers 1918 et la carrière du Carnage vers 1920.
Les trains avaient été réquisitionnés par l’armée pendant la Guerre. Restait la sablière de Villeneuve sur Verberie. En 1920 la Société des Sablières de l‘Oise qui possédait les trois carrières fit changer les voies de chemin de fer.
Les rails de la voie de Fleurines à Pont St Maxence furent démontées et remontées entre Villeneuve sur Verberie et Moru. À cette occasion la maison du jardinier du château qui se trouvait sur la place de Roberval fut démolie. La nouvelle voie permettait l’utilisation de locomotives plus puissantes, alors qu’auparavant une douzaine de wagons était tiré grâce à la vapeur.
Après 1920 les locomotives diesel pouvaient tirer jusqu’à 22 wagonnets de 2,5 tonnes)1.
La production de sable de la carrière de Villeneuve correspondait à environ une péniche et demie par jour (une péniche = 280t).
Le petit train transporta le sable de Villeneuve à Moru jusqu’en 1964.

L’autoroute du nord était alors en construction et quand eurent lieu les travaux du viaduc de Roberval, la voie fut déposée.
Locomotives et wagons furent vendus au génie civil, sauf ceux qu’acheta Jean Richard pour le parc d’attraction d’Hermenonville et qui sont toujours utilisés pour promener les visiteurs de la Mer de Sable.
La desserte de la sablière de Villeneuve fut assurée par des camions jusqu'a sa fermeture en 1983. C’est aujourd'hui une décharge à ordures.

Aujourd'hui les sablières de l'Oise existent toujours sous le nom de "Samin" sables et minéraux, filiale de Saint Gobain.

Texte de Jean-Marc Popineau dans Chemins de fer du Valois" - La Rurale n°30 - 1985

 

Schéma du tracé d'origine en voie de 60  en images

 

 

 

 

Schéma du tracé d'origine en voie de 60  des Sablières de l'Oise. 

Carte Michelin n°56 pli 2 de l'entre deux guerre. 

 

 

 

3. Le plan incliné de la carrière du Plant de Roberval

La carrière de Plant employait un chef d'équipe, un contremaître, une dizaine de carriers, 5 ou 6 chargeurs d wagons, un tireur de wagon dans la carrière,  deux concasseurs- videurs de pierres, un videur de sable.

Réception des pierres de la Grévière du Plant (Roberval). arrivée du funiculaire, chargement des wagons en février 1984.
En bas à droite, les voies du dépôt.
En Février 1984.
Notes :
  • 1 Dans le fascicule Chemins de fer du Valois" - La Rurale n°30 - 1985, la charge des wagonnets est de 6 tonnes

Source :

  • "Chemins de fer du Valois" - La Rurale n°30 - 1985 - La vie et l'histoire des villages du Valois - Les emplois dans lss villages.

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