Le carnet de MAD
Visite aux Houillères du Bassin du nord et du Pas de Calais
Marc A. DUBOUT
PROLOGUE
J'étais parti pour écrire PLYMOUTH 3, et vous parler de ma troisième visite à
Cantin, mais l'ivresse le plume m'a emporté car avant Cantin, il y eût les Houillères du Bassin du Nord et du Pas de Calais.
La troisième fois donc que je suis retourné à Cantin, c'était le 23 Décembre 1988 avec Gilbert Dumy. Nous savions déjà au CFC que la
4ème tranche du parc allait ouvrir et qu'il était temps pour l'association de se mettre en quête de locotracteurs puissants. Diverses lettres échangées avec des sociétés en possédant, nous
amenaient cette fois à visiter les Houillères du Bassin du Nord et du Pas de Calais plus connues (des spécialistes de la mine) sous le sigle HBNPC. Deux puits étaient alors encore en activité dont le 9 bis de Oignies, au fond duquel une trentaine de locotracteurs Berry étaient à vendre vu
l'imminence de la fermeture.
Ces locotrateurs, trapus, étroits, d'une apparence très "après guerre" étaient munis d'un moteur Piquand de 60 Cv. D'empattement très court, les essieux étaient accouplés par une bielle lourde (de poids et
d'apparence).
Et puisque cette visite nous amenaient dans le Nord, nous organisâmes la journée de sorte qu'il nous fût possible de passer en cours d'après-midi à l'usine de Cantin et cette fois non plus en observateur, mais en acheteur potentiel.
Nous partîmes le matin vers 5 heures car la descente dans le puits était prévue très tôt et nous devions auparavant nous présenter à 7 heures au Service Matériel de Fond. Nous arrivâmes à Billy avec un demi-heure d'avance. Il n'y avait personne sur le site, aussi décidions-nous de retourner en ville pour trouver un café et naturellement c'est vers la gare que nous nous dirigeâmes. Je me souviens du PN et d'un train qui est passé au moment où nous garions la voiture sur la petite place déserte à cette heure matinale. Le bistrot était chargé d'une atmosphère à la fois de labeur et d'austérité. Nous reprîmes la voiture pour nous présenter au bureau et attendîmes dans un vestibule un peu sinistre éclairé par des néons blafards. Notre interlocuteur se présenta et nous partîmes dans sa voiture vers Oignies à quelques kilomètres de Billy.
Arrivés sur le site, l'ambiance "Germinal" dans la brume de cet aube grise d'hiver me plongea
immédiatement dans un autre monde. Très vite je perçus les premiers wagonnets en V60 et des tronçons de voies
désaffectées sur lesquels des pièces de fonderie étaient stockées. Nous passâmes près d'une berline déraillée au moyen d'un
Fenwick et qui servait de conteneur à de vieilles pièces hors d'usage.
Une berline isolée et les premiers coupons de voies. |
Après avoir traversé en enfilade des bureaux tristes, nous arrivâmes dans un vestiaire collectif où une tenue nous fût remise. On nous demanda également de retirer nos montres électriques en prévention d'éventuel coup de grisou. Nous nous dirigeâmes ensuite vers la lampisterie où on nous remis un casque pourvu d'une lampe frontale alimentée par une batterie que nous
accrochâmes à notre ceinture. Ainsi, affublés, nous nous dirigeâmes vers
l'ascenseur et entrâmes dans la cage qui nous descendrait à la vitesse de 12 m/s dans le ventre de la terre bientôt défunte de son activité.
Aux cités industrielles et industrieuses succèdent les technopoles technocratiques...
Nous descendons tous les trois accompagnés d'un machiniste. Moins 630 m. On descend plus bas. La cage s'arrête, la porte s'ouvre sur une vaste galerie noire. Nous sommes dans la mine. Il fait sombre, nos lampes sont allumées et nous nous engageons dans une première galerie au long de laquelle un train de wagons à bogies pour le transport des mineurs est stationné. L'air pulsé, capté à l'extérieur ne nous donne nullement l'impression d'être à -780 m. Le long de la galerie qui semble être la principale s'en détachent d'autres dont certaines avec un roulage. Celle que nous suivons est large et il ne nous est pas
nécessaire de marcher entre les rails. Au fait les rails, il faudrait en parler. ils sont d'un poids de 26 Kg au mètre en longues barres soudées et posées sur des
traversines dont beaucoup sont recouvertes de poussier. La longueur total du réseau de la cote -780 m est de 12 Km, auxquels, il faut rajouter les 9 -Km de la cote -630m. Leur apparence brillante laisse présager qu'il y a de nombreuses circulations. Nous arrivons enfin au "dépôt"
aménagé astucieusement dans l'ancienne écurie. Car avant la traction diesel, la traction était hippomobile comme dans beaucoup de mines et les chevaux passaient leur vie au fond pour ne remonter qu'à l'age de la retraite (souvent trop courte). Chaque étage possède 2 dépôts, un pour la traction diesel et un autre pour la traction électrique.
Un locotracteur Berry est en levage. On voit très bien ses grosses bielles rectilignes qui ont tout à envier à celles des locomotives à vapeur, fines et élancées. Pour descendre les
locotracteurs au fond de la mine il est nécessaire de les démonter en deux parties encageableset de les assembler ensuite. Nous poursuivons notre course, on croise des laco de 30 et 60 ev en action. Les moteurs sont
anti-polluant, ça c'est bon pour les Chanteraines, leur poids voisin de 10 tonnes est, lui, aussi intéressant pour l'adhérence, mais vraiment ils sont laids avec de surcroît un porte-à-faux excessif. Un peu plus loin, notre interlocuteur arrête un Berry de 60
Cv "haut le pied" sur la voie libre, pour nous faire une démonstration de la vitesse (16 Km/h en 3ème).
La visite terminée, nous remontons par la cage de 11 h. En haut nous remettons nos casques et la batterie
d'alimentation.
Sur le carreau, une véritable gare de triage en V60 s'étend devant nous avec des voies
dans tous les sens. Je ne sais plus où donner de la tête. Ca non plus ça ne se voit pas tous les jours. Un train de bois et de barroux passe devant nous, tiré par un TMB 15 Decauville qui achemine son convoi vers la cage pour que chaque
wagonnet plein soit descendu au fond. Le locotracteur est affublé d'une cabine précaire formée d'une toile plastique dégueulasse. Il est vrai que dans cette
région, il ne fait pas toujours beau et qu'un habitacle même de fortune rend service.
Train de bois de mine. | |
Nous rejoignons le vestiaire où nous sommes invités à prendre une douche. Une douche pourquoi ? On n'a rien fait, on a seulement marché au fond de la mine et pourtant une fois déshabillé, je me rends compte que cette douche devient indispensable.
Notre interlocuteur nous présente ensuite à la hiérarchie (toute entreprise a une hiérarchie). J'avais eu ce monsieur à plusieurs reprises au téléphone. Il nous confirma l'inventaire du matériel en V60 et VN qui seraient prochainement à vendre lors de la fermeture des HBNPC. Avis aux amateurs...
Il était temps de prendre congé. Gilbert connaissait un restaurant dans le centre de Lewarde
aujourd'hui
aménagé en site touristique. En arrivant dans la cité, je me souviens d'une petite place
légèrement inclinée avec au milieu d'une parcelle de gazon, une petite berline des premiers temps, en bois, témoin insolite d'une activité industrielle
aujourd'hui vouée à la disparition. Un repas nous fût servi dans un ancien bâtiment restauré. Nous fîmes ensuite le tour du site sur lequel divers engins
ferroviaires et miniers méritent le détour. Des trains de berlines à déchargement
latéral étaient stationnés innactifs à jamais, sauf si un jour une association... Il y avait aussi un curieux
locotrateur de manoeuvre en VN et une locomotive à vapeur des temps anciens.
Nous reprîmes notre chemin en direction de Cantin...
mais ayant été un peu long dans mon propos, je crois qu'il est préférable à remettre cette visite au prochain numéro.
Train de mineur | |
Wagon-grue en VN. | |
Matériel en VN |
Restent
en V60 37 locotracteurs diesel. de 15, 30, et 60 ev (Berry _et Decauville) locotracteurs électriques de 30 et 65
Cv
n sous 500 V - |
Dans la revue "Voie Etroite" n° 111 d'avril 1989 un excellent article de M. Michel C. DUPONT sur le roulement de Oignies décrit le site et l'exploitation de manière plus objective.
Les locotracteurs Berry des HBNPC (2)
Les locotracteurs Berry des HBNPC sont des engins de type 0B0, dont trois séries seulement sont représentées: les 3735, C3755T4 et CL3758T4. Le châssis du 3735 est constitué de 2 longerons en tôles assemblées sur des caissons d'extrémité. Les C3755T4 et CL3758T4 ont deux 1ongerons et quatre traverses de forte épaisseur avec à chaque extrémité des masses de lest.
Le locotracteur 3735
moteur |
Diesel Piquand type PT2 |
nombre de cylindres |
2 |
course | 140 mm |
alésage |
110 mm |
Nb de tours/mn |
1500 |
consommation |
175 g/Cv/h |
Puissance |
30 CV |
Ecartement |
600 mm |
Poids en ordre de marche |
7 t |
Nb d'essieux moteur |
2 |
Diamètre des roues |
465 mm |
Entre'axe des essieux |
900 mm |
Longueur |
3230 mm |
Largeur |
875 mm |
Hauteur |
1580 mm |
Longueur encageable |
2615 mm |
Rayon mini de courbe |
8 m |
Boite mécanique |
3 vitesses |
|
|
Vitesse Km/h |
Effort de traction |
1ère 5,6 |
1230 Kgf |
2ème 10 |
960 Kgf |
3ème 16 |
430 Kgf |
Le locotrcateur C3755T4
moteur |
Diesel Piquand type PT4 |
nombre de cylindres |
2 |
course | 140 mm |
alésage |
140 mm |
Nb de tours/mn |
1500 |
consommation |
175 g/Cv/h |
Puissance |
60 CV |
Ecartement |
600 mm |
Poids en ordre de marche |
8,4 t |
Nb d'essieux moteur |
2 |
Diamètre des roues |
470 mm |
Entre'axe des essieux |
900 mm |
Longueur |
3940 mm |
Largeur |
995 mm |
Hauteur |
1580 mm |
Longueur encageable |
2615 mm |
Rayon mini de courbe |
8 m |
Boite mécanique |
3 vitesses |
|
|
Vitesse Km/h |
Effort de traction |
1ère 5,6 |
2250 Kgf |
2ème 10 |
1380 Kgf |
3ème 16 |
860 Kgf |
Embrayage | twin disque |
Roulement | bandage 100 mm |
Freins | à main |
Sablières | au pied |
Demarrage | électrique |
Eclairage | 12 ou 24 V |
Le locotracteur CL3758T4
moteur |
Diesel Piquand type PT4 |
nombre de cylindres |
4 |
course | 140 mm |
alésage |
140 mm |
Nb de tours/mn |
1500 |
consommation |
175 g/Cv/h |
Puissance |
60 CV |
Ecartement |
600 mm |
Poids en ordre de marche |
9,5 t |
Nb d'essieux moteur |
2 |
Diamètre des roues |
470 mm |
Entre'axe des essieux |
1000 mm |
Longueur |
4665 mm |
Largeur |
995 mm |
Hauteur |
1580 mm |
Longueur encageable |
2650 mm |
Rayon mini de courbe |
10 m |
Boite mécanique |
3 vitesses |
|
|
Vitesse Km/h |
Effort de traction |
1ère 1,5 |
650 Kgf |
2ème 13 |
380 Kgf |
3ème 16 |
380 Kgf |
Embrayage | twin disque |
Roulement | bandage 100 mm |
Freins | à main |
Sablières | au pied |
Demarrage | électrique |
Eclairage | 12 ou 24 V |