Baguenaude
La ligne industrielle de la lignite Plan d'Aups à Gémenos
Marc André Dubout
Plan d’Aups (Var, Sainte Baume), pas de la Brancaille, crête, col de Bertagne, ancien tracé de chemin de fer, la Brasque..Voilà
bien une phrase qui pose une question. Un chemin de fer dans le massif de la
Sainte Baume, de quoi s'agit-il ?
Jamais entendu parler !
C'est en tombant par hasard sur un site1
à la recherche de randonnées dans la région du Var/Bouches-du-Rhône que j'ai
trouvé ce chemin de fer "une direction la Brasque par l’ancien chemin
de fer, GR2013 (jaune et rouge)".
En faisant des recherches sur Internet2, j'ai trouvé un autre site "En
sortant on bifurque à droite pour un détour assez insolite : repérer une
voie ferrée dans ce paysage époustouflant !... Nous
surplombons le Vallon du Chemin de Fer dont les rails sont formés par les
rochers saillants. Mais ce qui a donné le nom à ce fantastique vallon est
aussi un vrai chemin de fer qui permettait aux wagonnets de lignite de descendre
vers la vallée au siècle dernier !".
Plus avant dans ma recherche un troisième site3
indiquait : "observation du vallon du chemin de fer où il y eut des
tentatives d'exploitation de la lignite (un charbon pour se chauffer); mais pour
explorer son tracé maintenant".
Un quatrième site4
de randonnée mentionnait : et on dévale le vallon du Chemin de Fer bien défoncé,
pour atteindre Plan d'Aups, qq km de goudron qu'on oublie vite". ...
Décidément un vrai chemin de fer avait existé dans cette région entre
Var et Bouches-du-Rhône dans la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Mine de
lignite de Gémenos - Concession de La Beaumone - (Bouches-du-Rhône)
Si le grand-public connaît bien l'histoire des mines du Nord de la France, grâce notamment à
Émile Zola « Germinal », Celles de Provence (lignite et bauxite) sont
bien moins connues et pourtant les mineurs de fond et leurs familles au XIXème siècle,
ont exploité les sol et sous-sol dans des conditions de vie difficiles, depuis le début de leur exploitation.
Depuis l'Antiquité, l'affleurement du charbon en Provence a incité les hommes
à exploiter cette énergie fossile parallèlement à celle du bois.
Les hommes, femmes et enfants, dès l'age de 7 ans, ont travaillé dans des
conditions parfois indignes sans protection et sans sécurité.
Le charbon extrait par les mineurs était convoyé dans des chariots que tiraient les
"mendits" à la seule force de leurs bras et jambes.
L'acheminement vers les zones de traitement était souvent assuré par une voie de
chemin de fer précairement posée à même le sol.
Dans son rapport sur "l'Exploitations lignitifères provençales
(Bouches-du-Rhône et Var) Concessions de Plan d’Aups, La Bastide Blanche, Gémenos et Garlaban,
évaluation et cartographie des aléas", la synthèse Geoderis5
des travaux miniers sur
la commune de Gémenos
mentionne la concession de la Baumone (13SM0023) dont l'octroi est accordé en
1887, restée orpheline et dont les Travaux d’exploitation étaient à une
profondeur jusqu’à 70 m.
Le lignite était de qualité "médiocre". Les concessions de Plan d’Aups et de Gémenos sont situées en rive gauche de l’Huveaune. Deux ruisseaux recoupent ce secteur : la Maire et le Fauge.
Concession de Gémenos
La concession de Gémenos a été instituée par décret en janvier 1856.
Les travaux miniers ont été réalisés entre la fin du 18ème siècle et, très probablement, les années 1860. En 1962-1964, la déchéance des propriétaire
et l’annulation de la concession ont été prononcées (arrêtés du 20/07/1962 et du 24/04/1964).
La concession du Gémenos n’a connu que des travaux de recherche limités ou des fouilles.
Peu d’informations décrivent ces travaux et aucun plan minier n’a été retrouvé. Toutefois, les descriptifs d’archives localisent certainement les explorations dans le secteur de
« la Glacière » (au pied du pic de Bertagne).
L’historique détaillé des travaux est proposé en annexe 1, de manière synthétique il s’agit de :
fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle : creusement de galeries et/ou de fouilles au pied du pic de Bertagne afin «de tirer parti du combustible» ;
1839 : autorisation de disposer des produits de recherche pour 2 ans : poursuite des fouilles qui «alimentent quelques fours à plâtre...» ; «les derniers travaux ont poussé l’exploration jusqu’à plus de 100 m du jour (...) dans le voisinage de la Glacière »
1855 : au quartier de la Glacière, on constate «des restes d’excavations, des travaux d’anciennes galeries et quelques tas de déblais qui sont autant de témoins des travaux dont ce gisement a été l’objet» (cf. [8]) ;
1856 à 1861 : «concession inexploitée» (PV de visite), elle le restera vraisemblablement jusqu’en 1962 ;
1962 : annulation de la concession de Gémenos.
Les travaux consistent essentiellement en des excavations et des galeries isolées creusées à l’affleurement, en suivant la couche.
Le développement des travaux miniers est faible. La seule caractéristique retrouvée concerne la longueur de la galerie principale égale à 112 m.
Cette galerie en travers-bancs de 112 m d’extension au sein d’un périmètre de 150 x 500 m
est probablement inférieure à 40 m.
Ouverture des travaux : inconnue.
Une bascule est notée sur certains plans à proximité du secteur Jas de Ribié. Enfin, en 1859-1860, «un plan incliné automoteur » est réalisé pour acheminer le minerai extrait sur les concessions de Plans
d’Aups et de Gémenos jusqu’au bourg de Saint-Pons (cf. [13]).
Des vestiges des ballasts du plan incliné automoteur sont encore ponctuellement visibles.
Chemin de fer ou plan incliné automoteur.
Il est évident que le peu d'importance de cette exploitation eu égard aux
gisements des lignites de ... et la date de 1859-1860 n'ont pu laisser de plans
et d'iconographie des installations ferroviaires.
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Notes
et sources :
GEODERIS S
2009/55DE - 09PAC2230