L'accident du 2 novembre 1924.a été relaté dans Le Petit Niçois
Info transmise par M. Charles Veglio, document Archives
départementales des Alpes-Maritimes
Transcription
de l'article
Après l'accident les trois voitures se sont renversées sur la route. La motrice a été buter contre des poteaux ; la seconde voiture est couchée
au travers de la route ; le dernier wagon, dont les attaches ont cassé, a versé en sens inverse.
Il y a un peu plus d'un mois, le 20 septembre dernier, le monde officiel de notre département inaugurait la ligne de tramway allant du Pont Charles Albert à
Roquestéron par
Gilette
Hier, un très sérieux accident venait arrêter le trafic de cette ligne qui depuis son inauguration fonctionnait à la
satisfaction des populations des villages et hameaux intéressés. Ajoutons de suite que cet accident, bien que grave - comme on le verra par la suite - n'a causé la mort d'aucune personne et qu'on espère sauver les quatre blessés, bien que deux soient
grièvement atteints.
Fait curieux, il y a un an et un jour exactement un accident à peu près identique se produisait sur la ligne de
Villeneuve-Loubet et comme hier des employés du train étaient blessés.
Par un matin de Toussaint
Hier matin à 6h25, un train formé de deux motrices et un wagon pour marchandises quittait Pont
Charles Albert pour Roquesteron. De nombreux voyageurs avaient pris place dans les deux premières voitures qui étaient complètes. Le wagon de marchandises transportait 6 tonnes de traverses en bois. La plus part des voyageurs descendaient à Gilette d'où le train poursuivait sa route ayant encore six ou sept voyageurs.
Parmi eux se trouvaient M et Mme Jules Aubert, demeurant à Nice, 19 rue
d'Alsace-Lorraine, M. Pleinera, Officier administratif de la Chefferie du Génie à Nice ,
M. A. Bonhomme, demeurant à Grasse, quartier Benaud, M. Marius Farau, cultivateur, ce dernier allait à Pierrefeu et les autres
voyageurs se rendaient à Roquesteron, ainsi que M Désiré Jauffrel, conducteur de chemin de fer Sud-France qui était en permission.
La wattman du train, Monsieur Adolphe Faissole, 30 ans demeurant à
Roquesteron, le conducteur, M. Marius Fredy, agé de 52 ans retraité à l'Arsenal de Toulon demeurant à
Roquesteron, avec sa
femme ayant également pris place sur une voiture, M. Honoré Saurin, âgé de 26 ans, célibataire habitant à
Gilette, brigadier, poseur de la compagnie.
À la halte de la Collebelle, un autre employé poseur des tramways départementaux montant dans une voiture, M. François Bruni,
âgé de 34 ans, marié et père d'un charmant bébé depuis une quinzaine de jours.
C'est à 400 mètres environ de la Collebelle, - à 4 km 860 exactement de Gilette - que se produisait l'accident à
9h35. Dans quelles
circonstance exactement ? C'est ce qui n'a pu encore être établi, les blessés qu'on n'a pu interroger étant
tous employés de la Compagnie et les seuls qui, sans doute, s'en sont rendus compte.
Cependant d'après les personnes entendues sur les lieux de l'accident et l'état des voitures renversées, voici ce que nous présumons :
Le Déraillement
En quittant Collebelle, la route a une descente assez forte et un tournant sur la droite à 400 mètres environ. Pour atteindre ce
tournant, le wattman commença à mettre les freins mais il dut s'apercevoir que l'élan du train ne ralentissait pas assez.
Lorsqu'il vit sa voiture quitter les rails pour s'engager sur une bordure de terrain à gauche où il brisait et arrachait deux
poteaux supportant les fils électriques, le wattman sautait de la voiture par la portière et allait rouler sur la route.
La première motrice sortie complètement des rails se renversait sur le flanc droit sur un petit talus
situé à gauche de la route et précédent un ravin et la voiture suivante se retournait sur le flanc droit également sur les rails en obstruant complètement la route qu'elle allait barrer en largeur. Le wagon de traverses,
dont les attaches avec la deuxième voiture avaient cassé, se renversait, lui sur sa gauche.
Comme le montre notre photo , voilà donc la position des trois voitures après l'accident qui s'explique par les constatations suivantes
: Les
freins de la première motrice n'ont pas fonctionné ; ceux de la
deuxième au contraire se sont serrés à bloc et ceux du wagon de
marchandise n'avaient pas été reliés aux motrices et n'ont donc pu
servir.
Au secours
des blessés
Que la plus part des voyageurs s'en soient tirés à peu près indemnes et
qu'il n'y ait eu que quatre blessés grièvement, c'est presque incroyable
en constatant l'état des voitures sur la route. Mais il en est
heureusement ainsi !
Lorsque les voitures furent renversées, les occupant valides
dégageaient les blessés qui étaient les employés de la Compagnie
Frédy Bruini, Saurin et Faissole
Le Brigadier de Gendarmerie Barandon , le Gendarme Dubeau, M. Brezès,
juge de Paix de Roquesteron, prévenus arrivaient ensuite sur les
lieux et procédaient à leur enquête respective.
Une ambulance était demandée à Nice et aussitôt arrivée vers 14
heures elle y retournait emmenant les quatre blessés à l'Hôpital Saint
Roch, c'était une voiture des Ambulances Automobiles de la Côte
d'Azur, 1 place Gambetta. Pendant ce temps, les premiers soins leur étaient donnés par
le médecin de Gilette. Entre temps tout les trafic était naturellement
interrompu
sur la ligne, un autobus du service de la Haute Vallée venait de Roquestéron pour chercher les voyageurs allant dans cette commune.
L'enquête administrative
À 14h15, arrivaient sur les lieux , pour se livrer à leur enquête, MM.
Couturier, Inspecteur de la Compagnie du Sud-France, Talent,
Inspecteur de la Traction, Fouquet Inspecteur de la Voie.
À 15h35,
arrivaient à leur tour MM. Israël et Lotier, Ingénieurs du Contrôle
des Ponts & Chaussées et M. Capiello, Wattman Chef du Sud-France.
D'après les constatations de MM. Israël et Lotier, le wattman n'aurait plus
été maître de la marche du tramway environ 800 mètres avant le lieu de
l'accident. Ce serait d'autre part le conducteur qui se trouvait dans la
deuxième motrice qui aurait serré les freins à
cette voiture voyant le danger.
Ces Messieurs se rendront de nouveau aujourd'hui sur les lieux en compagnie de
l'Ingénieur en Chef des Alpes Maritimes pour terminer l'enquête.
Ceux, que surprenait cet obstacle soudain, étaient les petits coureurs
cyclistes de Nice—Puget-Thénier—Nice
qui s'inquiétèrent de leur passage - à partir de 14h35 - des victimes. À
l'Hôpital Saint Roch
Les blessés furent reçus à l'Hôpital Saint Roch par M. Gasigila,
interne qui leur prodiguait ses soins les plus éclairés.
Leur diagnostic est le suivant :
- François Brun, fracture ouverte de la jambe gauche
- Honoré Saurin, contusions peu graves sur tout le corps
- Marius Frédy contusions peu graves à la tête et aux reins
- le plus gravement atteint est le wattman Faissole qui a reçu une forte
commotion cérébrale.
Nous leur faisons les vœux les plus sincères pour le
rétablissement des blessés. Le
trafic interrompu
Tout le trafic sur la ligne des tramways départementaux Pont Cherles
Albert—Roquestéron est pour quelques jours naturellement suspendu.
Peut-être pourra-t-on avant la remise complète de la ligne en
exploitation, faire assurer le service jusqu'à Gilette et retour.
La route comme nous le disions plus haut est complètement obstruée par
la deuxième motrice. Après l'accident, aucune voiture n'a pu, dans la
journée, circuler.
Au moment où nous quittons les lieux , une équipe de terrassiers
arrivait pour ouvrir un passage dans le talus à droite de la route car
on ne peut pas toucher aux voitures à terre tant que les enquêtes
officielles ne sont pas terminées. Cependant la nuit et la journée
d'aujourd'hui seront au moins nécessaires pour ces travaux.V.S.
source :
http://www.basesdocumentaires-cg06.fr/archives/ImageZoomViewerPA.php?WDIDDOC=2005113151655959104300&WDVOLUMEID=VOL239&j=02&m=11&a=1924&journal=1 |