Le chemin de fer et la littérature
Denise Bonal
Les Pas perdus
"Le départs qui déchirent le cœur", dit Rimbaud. Ce n'est pas le retour qui éclipse aussitôt le voyageur qui intéresse, non ce n'est pas le retour,
c'est de départ.
Le cœur fiévreux, le
sac à l'épaule, le regard figé sur ce tableau des horaires où le
cliquetis argenté dévoile peu à peu la marche à suivre, on attend.
Passent et repassent les hommes pressés les femmes avec leurs enfants, leurs
chats, leurs valises à roulettes, les bandes braillantes, les errants, les
familles électriques, les fantômes du monde entier, les anonymes couleur de
fumée, les fous qui parlent seuls.
Lieu des au revoir, des adieux, lieu aux histoire meurtries, aux décisions
décousues, aux envols vainqueurs, lieu de toutes les souffrances, de toutes les
interrogations et de tous les espoirs, lieu des larmes chaudes et des
mains jointes et des serments hâtifs, lieu des derniers sourires, des paroles
qu'on oubliera jamais et des baisers donnés pour la vie,
voici la gare :
C'est elle le personnage
principal,
elle le sait et le fait savoir,
voici la gare :
qui enflamme, plombe les cœurs, déplie les ailes, qui jamais ne se lasse, et jamais ne nous lasse,
voici la gare centrale
"Débarcadère des volontés, carrefour des inquiétudes".
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