Le chemin de fer et la littérature

 

 

Maurice Fombeure

Le Tortillard

Locomotive
Au chapeau pointu,
Tu traînes entre les métives
Ton petit tortillard têtu.

Toi, Tu trompettes à tue-tête,
Tu zigzagues comme un lézard.
Les bœufs regardent aux fenêtres,
On dirait un train de bazar.

Gare. La gare est là-bas sous les saules,
Au bord des eaux chantantes de sommeil.
Ta tête bleue roulait sur mon épaule
Je t'embrasse, vite, à chaque tunnel.

Au temps jadis, au clair temps des vacances,
Au temps de la fille, au temps du garçon,
Nos cœurs battaient comme gorge de bête
L'amour est là. Nul n'en a le soupçon !

Plus tard la vie brouillera ses étoiles,
Renversera les encriers sacrés
Nous pleurerons, le nez dans nos cartables
Les rois déserts et les lauriers coupés.

De cette estampe, en en dessinant mon coeur
Tremble la ligne et le soleil glacé
Le train s'enfuit et souffle sa vapeur
Gauche et timide au fond de mon passé.

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