Des nouvelles de Vigie
Marc André Dubout
Janvier 2025
Lors du Festival Festival Lumières Impressionnistes du 8 au 11 septembre 2024, nous nous sommes rendus compte que les gouttes d'eau tombaient à l'intérieur du foyer de Vigie. Ces fuites pas trop exubérantes étaient tout de même une source d'inquiétude, non pas pour la sécurité mais plutôt pour les réparations qu'elles allaient par la suite entraîner pour l'équipe qui en a la charge.
Nous avons décidé par précaution de déposer la chaudière, une belle journée de travail pour les personnes présentes que nous remercions. Après avoir déplacé l'établi, reculé Roastbeef et rangé d'autres matériels encombrant, nous avons donc rentré Vigie sous la chèvre, soulevé la chaudière, sorti le bateau et reposé la chaudière sur un chariot.

Pour voir le foyer il a fallu de plus retourner la chaudière sur elle-même.
Pour ce faire, avec Joselyne et Yves, nous avons emmené la chaudière
aux Chanteraines mieux équipées pour ce type de manutention lourde.

Là- bas, j'ai pu mettre la chaudière facilement sur la fosse de manière à voir l'intérieur
du foyer, la plaque tubulaire et son faisceau de tubes. Il y a 90 tubes de
fumée. Le samedi suivant j'ai rempli la chaudière d'eau pour identifier les fuites,
j'en ai observé 23 au total. Des fuites sournoises, pas visibles, pas franches, ça
demande à chercher, à réparer, à vérifier, et à recommencer si ça fuit toujours,
alors il faut refaire et refaire... Par exemple à la pression de la ville 9
tubes ont fuit, si on augmente à la pompe d'autres s'y mettent aussi et à la
pression limite et bien on en compte 23.
Ensuite, il a fallu retourner la chaudière pour voir de plus près l'origine de ces fuites. Soit c'est le tube lui-même qui s'est fendu, mais en inox c'est plus rare, soit c'est la soudure qui lie le tube à la plaque foyère qui a lâché et c'est ce qui est est arrivé. C'est moins grave sauf qu'il a fallu hercher une soudeur agréé qui veuille bien prendre en charge le chantier. J'ai joint une vingtaine d'entreprises dans la région parisienne (et plus loin) et aucune réponse positive. On sent bien que l'industrialisation part en vrille en France. J'étais un peu inquiet pour la suite, pour la réparation, mais...
Sur ce, il y eut les vacances.
Depuis mon retour de vacances, je recherche une entreprise ou un soudeur certifié pour voir comment réparer et avoir un devis de réparation mais cela ne semble pas évident, j'ai déjà reçu une dizaine de refus dans la région parisienne.
Un jour je tombe sur un gars, artisan de son métier qui veut bien essayer de ressouder les tubes et il est venu sans s'être rendu compte de travail qu'il allait devoir faire, pour une bonne raison, c'est que les fissures à combler ne se voient pratiquement pas à l'œil nu. Avec Yves, nous brossons l'ensemble de la plaque tubulaire pour faire clair. Pour repérer avec précision les tubes fuyards, il faut remplir la chaudière (toujours à l'envers) d'eau et attendre de voir par quel tube elle sort et à quel endroit sur la circonférence du tube. La soudure s'est faite au MIG sous argon (gaz actif).

Le premier jour d'intervention, 18 tubes ont été soudés, ça
paraît peu mais après chaque soudure, il faut vérifier et pour ça il faut vider
en partie la chaudière et voir si la soudure a été efficace et ressouder si
nécessaire et
ainsi de suite. Il en restait donc 5 à finir, tout allait bien. Le second jour
échec total, au contraire, certaines fuites s'étaient accentuées, il était
découragé, nous aussi. Son devis allait exploser, après consultation d'AMERAMI,
je lui propose de réactualiser son devis mais j'ai eu l'impression qu'il ne voulait plus
venir.
Finalement, il reviendra deux fois pour ces 5 tubes récalcitrant plus un sixième que je n'avais pas vu, 24 au total.

Nous effectuons une épreuve hydraulique comme tous les huit
ans selon le rapport d'expertise de Vigie du 30 avril 2010. Deux épreuves hydrauliques à 12 bar, deux
à 14 bar et une à 16 bar, il reste une très petite fuite repérée. Après une
épreuve hydraulique effectuée à une pression de 14 bar (la pression de service
est de 10 bar), plus aucune fuite n'est apparue, nous sommes le 22 octobre.
On peut considérer que la
mission demandée est par conséquent terminée mais j'ai malgré tout des doutes
pour l'avenir car les cordons de soudure entre la plaque tubulaire et l'ensemble des tubes
sont relativement fins d'une manière générale et vues les contraintes
thermiques...
Enfin, nous reposons la chaudière dans le bateau et remontons les accessoires. Nous sommes fin janvier 2025, impossible d'allumer la chaudière pour vérifier en vraie grandeur, il risque de geler et le bateau passe les nuits dehors, il faudra attendre les beaux jours.