Un bateau en ciment
Marc André Dubout
Suite à
l’exposition britannique de Londres en 1853, Napoléon III, par décret impérial
du 8 mars 1853, décide lui aussi d’organiser une manifestation à Paris,
semblable à celle de Londres.
« Article 1er. Une exposition universelle des produits agricoles
et industriels s’ouvrira à Paris dans le Palais de l’industrie1,
au carré Marigny, le 1er mai 1855, et sera close le 30 septembre de la même
année. » Un second décret quelques mois plus tard rattachera une
exposition universelle des beaux-arts à celle de l’industrie, dans un bâtiment
distinct.
C'est ainsi que s'organise l'Exposition universelle de 1855, Cours la Reine,
Carré Marigny et avenue Montaigne du 15 mai - 15 novembre 1855. Seront sont
présentés
des produits de l'agriculture, de l'industrie et des beaux-arts. 23 954
exposants dans la section industrie, dont 11 986 exposants Français et 5 162 330
visiteurs.
Un nommé Joseph Louis Lambot, (1814-1887), présente un bateau en ciment renforcé par une armature en fer, capable de flotter !
Le bateau de Joseph Lambot au musée de Douarnenez, cédé par le musée des
Arts et Métiers.
Photos aimablement prêtées par le site "Escales maritimes, la mer dans
tous ses états".
Joseph
Lambot est né en 1813, le 22 mai à Montfort-sur-Argens dans le Var. Fils de
Joseph, Paul, riche propriétaire installé sur le domaine de Miraval, à
Correns et de Marianne Taneron, il est descendant d'une vielle famille de la
bourgeoisie locale. Les Lambot sont avocats, notaires, propriétaires
fonciers...
Son père meurt en 1823 et sa mère, un an après.
Joseph Louis commence ses études à Brignoles puis les poursuit au lycée
Louis Le Grand à Paris où il est placé par son oncle, le baron de Lambot. Il
entreprend ensuite des études de droit à Aix-en-Provence. Après de nombreux
voyages, il s'installe sur le domaine familial de Miraval et se consacre à
l'agriculture.
Le 19 septembre 1841, il se marie à Draguignan avec Marie Jeanne Joséphine
Luce Latil, fille d'un receveur des contributions directes.
Joseph Paul réalise alors ses premiers objets en "fil de fer" recouvert de ciment, destinés à remplacer le bois qui est périssable, il vient d'inventer le ciment armé.
C'est en 1848 qu'il construit les fameuses barques en ciment qui feront sa renommée et les baptisera "bateaux-ciment".
Au musée de Brignoles (Var).
Le bateau exposé au Musée des Comtes de Provence à Brignoles (Var)
C'est dans la propriété familiale que Joseph Lambot essaie sa barque en
ciment armé.
Il s'agit d'une barque en ciment armé d'un treillage de fer qui
est testée en 1848 sur le lac de Besse-sur-Issole (Var). Le prototype original
est conservé au musée de Brignoles. Cette barque est brevetée le 30 janvier
1855 et présentée à l'exposition universelle de 1855.
Lambot, avait eu l'idée de fabriquer des caisses en ciment, renforcées d'une
armature métallique pour y planter des orangers. Ayant un petit lac sur sa
propriété de Miraval, il transforma alors le principe des caisses à orangers
en barque pour voir comment ça pourrait flotter. Il fabriqua alors, une barque de 3 mètres
sur 1,28 de large, pesant 600 kilos... et elle flottait. Cette invention, fut brevetée dès 1849
sous le nom de "Ferciment". Il venait d'inventer le principe du béton armé. Le
brevet de cette barque en ciment fut déposé à la préfecture de Marseille en
1855. On y note que ce procédé est destiné à remplacer le bois dans les
constructions navales. Deux bateaux de Lambot sont encore exposés en France.
L'un au musée de Brignoles, ville où décéda l'inventeur, et un autre au musée
de Douarnenez.
Par la suite, des barges en béton armé commencèrent à voir le jour en Europe, surtout sur les canaux et rivières. Vers 1896, un ingénieur italien, Carlo Gabellini, se lance dans la construction de petits navires dont le plus célèbre s'appelait Liguria.
Début 1900, de grandes barges en béton sont fabriquées en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Norvège, et en Californie. Les restes d'un navire britannique de ce type, le caboteur auxiliaire Violette (construit en 1919), sont toujours visibles dans la péninsule de Hoo, dans le Kent.
Sur ce cliché, sur le lac de Miraval à Carcès,
Jean Lambot, petit-fils de l'inventeur,
René de Camprieu, Berthe et Adolphe Mayet (2 arrières petits-enfants).
Notes
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Sources :
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