De Redon à Nantes en vapeur 1/3

Marc André Dubout

Les "Rendez-vous de l'Erdre 2019" coïncidaient avec les 10 ans de cette même manifestation incontournable où nombre de bateaux à vapeur avaient participé en 2009. : Ondine, Lili, Liberty Belle, Clauchard, Courend'hère, Iris, Ursula, Mélusine, Melissa, Woodbine, Keltia, Marie-Agnès, Nosca, Suzanne.
Cette année-là avec Bruno, Jean-Yves et Jean Jack nous avions, comme cette année, parcouru le canal de Redon à Nantes. Au moment où j'écris ces lignes, je pense à eux.

   

La 33ème édition des Rendez-vous de l'Erdre associe la belle plaisance et le jazz avec au programme une centaine de concerts ouverts à tous les courants de jazz et plus de 200 bateaux remarquables, BIP ou classés MH, à quai ou en navigation sur la rivière.


L'Erdre

L'Erdre prend sa source à Erdre-en-Anjou, sur la commune déléguée de La Pouëze depuis l'étang du Clairet, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest d'Angers en Maine-et-Loire.
Après un parcours de 88,4 km, elle se jette dans la Loire à Nantes.
La manifestation se déroule de Nord-sur-Erdre à Nantes en passant par la Sucé-sur-Erdre et La chapelle-sur-Erdre et Nantes.
Ses rives de Nord-sur-Erdre à Nantes sont bordées par de nombreux manoirs, parcs et châteaux. François Ier considérait ce cours d'eau comme « la plus belle rivière de France ».
À Nantes; l'Erdre a été déviée et passe donc aujourd'hui par le tunnel Saint-Félix sous le cours Saint-Pierre et Saint-André, ainsi que la place Duchesse-Anne, avant de se jeter dans la Loire par l'intermédiaire du canal de l'Erdre.

D'abord un petit ruisseau jusqu'à Candé, elle devient une petite rivière jusqu'à Nord-sur-Erdre où elle est alors navigable jusqu'à Nantes et la confluence avec la Loire.
Cette partie est empruntée par le canal de Nantes à Brest et sa largeur dans la plaine de Mazerolles atteint un kilomètre ce qui laisse aux voiliers la jouissance de déployer leurs voiles offertes au vent.

 

Dimanche 25 août 2019

Pour ce qui me concerne, le périple commence le dimanche 25 août quand je prends ma voiture pour rejoindre Jean-Jacques G. à Redon (35).

 

 

 

Nous nous y retrouvons vers 14h30 sur la rive de la Vilaine un peu après sa traversée par le canal de Nantes à Brest.
La mise à l'eau de Père tranquille s'effectue sans difficulté et après l'amarrage au ponton des yoles, Joël et Françoise nous rejoignent avec Woodbine qui est à son tour mis à l'eau à la même cale.

 

 

 

 

Peu de temps après nous passons notre première écluse de la Digue pour rejoindre le canal de Nantes à Brest PK 95.
La passerelle se lève à l'aide d'un puissant vérin pour augmenter le tirant d'air des bateaux.

Nous sommes à 6,8 Km De l'écluse n°17 des Bellions vers Nantes. 

 

 

 

Nous amarrons les bateaux au ponton d'attente de passage, ce qui ne dérange en rien la circulation étant donné que dix-huit heures trente ont sonné et que l'écluse chöme jusqu'au prochain matin.
Le repas du soir s'est passé de manière impromptue et combien sympathique sur Mamalou, le bateau de Guy qui dans l'organisation a en charge la mise des bateaux pour la manifestation, chacun apportant ce qu'il lui reste au fond du panier.
Nous avons quitté le bord fort tardivement, le plaisir de se retrouver nous ayant fait oublier le temps.
J'ai dormi sur le ponton à coté des bateaux. Jean-Jacques, Joël et Françoise ont dormi dans leur camping-car respectif.

 

 

 

Au carrefour des canaux de Bretagne

Le canal à St Nicolas de Redon, c'est avant tout le carrefour entre le canal de Nantes à Brest et liaison Manche—Océan. Les maçonneries de l'écluse ont été conçues pour des doubles jeux de portes.
Souvenir des temps où il n'y avait pas de barrage entre ici et la marée. La Vilaine était tantôt plus haute, tantôt plus basse que le canal.
Avant le canal, la digue était une simple chaussée. Jusqu'en 1800, il n'y avait que deux habitations, mais en 1855 il y en  avait 21. Le canal a créé une petite agglomération autour de son activité (maisons, ateliers, usines).
L'ancienne friche industrielle est devenue  un espace naturel sensible.
Il n'est pas rare de voir la Marne et le Mistral sur les bords du canal, ces deux derniers automoteurs de commerce qui servaient à prendre le sable directement en Loire. Aujourd'hui, ils sont rénovés et naviguent encore.
Non loin de là le musée de la Batellerie de l'Ouest fait face au bassin à flot de Redon. Ses membres y ont restauré deux automoteurs la Condorcet et le Pacifique.

 

 

Lundi 26 août

Le parcours

La section Redon—Nantes est longue de 94,9 Km à vol de martin-pêcheur. Ici on ne parle pas de miles, les mariniers ne connaissent que les kilomètres et les gauche droite, pas de babord tribord tout ça c'est pour la mer pas pour les rivières et canaux.

 

 

 

La journée commence par charger du bois sur Mamalou qui descendra le canal avec nous. Cette réserve vitale nous simplifie grandement la vie à bord et nous remercions Guy pour son aide précieuse.

Préparation des bateaux le matin après le petit déjeuner et l'acheminement des camping-car à Guenrouet.

À droite, Elisabeth a conservé toutes les spécificités des bateaux hollandais. Bateau de marchandises à la voile, ce voilier Hagenaar (La Haye) a été motorisé quelques années après sa construction (1908).
Il a été racheté en 2007 par des passionnés pour vivre l'itinérance.

photos Joël Druel

 

 

Nous quittons le ponton vers 10 heures. Jusque-là nous sommes à l'heure.

 

 

 

 


PK 91, La balade continue au fil de l'eau, silencieuse. Nous longeons la ligne chemin de fer Redon—Nantes, en accotement du canal... le rêve !
Derrière Père tranquille, Woodbine suit la courte escadre ainsi que Mamalou, de Guy,Trot au vent II  de François et Samsonnet d'Alain et Martine.

190825_015.jpg (69117 octets)Sur la rive gauche une vingtaine d'anciennes coques en fer rivetées datent de la seconde guerre mondiale.

 

 

 

 

Woodbine avec Joël à la barre vient de nous trémater.
Nous sommes en queue de flottille derrière Woodbine, Trot au vent II, un Belougat et Sansonnet,  et un voile-moteur.

 

 

 

Il est 11h32, PK 88, nous rejoignons l'écluse des Bellions (N°17) qui sépare le canal de la Vilaine.
Nous continuons sur le canal.

 

 

 

 

La Vilaine

La Vilaine est un fleuve. Elle prend sa source à l’ouest du département de la Mayenne à 173 m d’altitude, avant de traverser l’Ille-et-Vilaine d’est en ouest puis du nord au sud après Rennes. Elle se jette dans l’océan Atlantique entre les communes de Muzillac et de Pénestin (Tréhiguier) dans le Morbihan.
Son cours est de 218 km. C'est le dixième fleuve le plus important de France métropolitaine si on ne compte que les longueurs sur le territoire national.
Elle est reliée à la Rance depuis Rennes par le canal d'Ille-et-Rance qui assure une continuité navigable entre la côte sud de la Bretagne (par la Vilaine) et la côte nord ouverte sur la Manche (par la Rance), en évitant les eaux périlleuses à l’ouest du Finistère.

Autrefois elle était très empruntée par des péniches pour le transport de matières premières, céréales et aliments pour bétail. La Vilaine et le canal d’Ille-et-Rance assurent aujourd’hui une navigation essentiellement de plaisance.

12h08, nous passons sous le pont de chemin de fer de la ligne Redon—Nantes.

 

 

 

 

190825_019.jpg (46698 octets)12h37, PK 83,5, nous nous arrêtons au ponton de Fégréac, petit commune qui accueille les bateaux et camping-cars pour une courte pause comme celle du déjeuner par exemple.

Mamalou, une ancienne pénichette de location aménagée en bateau-logement par Guy.

 

 

 

Vers 14 heures, nous reprenons notre route. Les chaudières encore chaudes ne tardent pas à produire de la vapeur et faire tourner l'hélice.

 

 

 

Père tranquille sur le canal.
Les gens d'à terre ont la montre, les mariniers ont le temps.
photo Joël Druel

 

 

 

 

Par endroit la Vilaine a la largeur de la Seine, on la prendrait pour un fleuve un peu avant Guenrouet.

Vers 17h30, la flottille arrive au port de Guenrouet où des pontons ont déjà été installés.
Un pot de bienvenue nous sera offert par la municipalité dont le maire est heureux de nous accueillir.
Après avoir installé notre campement dans le camping proche et pris une bonne douche ( c'est à dire une vraie, avec de l'eau chaude) nous retournons au port pour partager le repas.
Cette nuit là un orage a éclaté et j'ai dû me réfugier dans les lavabos du camping.
Bertrand et Anne avec Ker Dou Evel, un Minahouet nous rejoignent ainsi que d'autres mariniers qui nous accompagneront dans la suite du voyage. Notre troupe s'étoffe de jour en jour.

 

Mardi 27 août

Aujourd'hui j'abandonne mon poste de chauffeur pour assister aux funérailles de mon ami Jean Jack Gardais, président de Sequana et surtout mon ami depuis plus de 15 ans avec qui j'ai partagé nombre de navigations sur Suzanne.
Jean Jack nous a quittés suite à une longue maladie qu'il a bravé jusqu'au vendredi 23 août.
Son inhumation a eu lieu au cimetière de Châtellerault ce jour en début d'après-midi.

Le soir à mon retour à Blain, PK 50, un orchestre d'avant-garde jouait sur le port où nous avons dîné tous ensemble près des bateaux.

 

 

 

 Mercredi 28 août

La première chose est d'acheminer les camping-car à l'étape suivante à Nord-sur-Erdre retour à Blain.

Vers 9 heures la flottille frémit, le départ est imminent.
Alain et Martine préparent leur bateau pour la journée dont la destination est l'écluse de la Rabinière PK 29.
Les autres embarcations sont encore empreintes de sommeil.

 

 

 

Il est 9 heures, nous quittons le port.

 

 

 

 

9h12 PK 48, la première écluse de la journée se présente à nous. C'est l'écluse n°11 de la Prée (1,49 m.).
François arrivé le premier amarre son Belougat au ponton d'attente. Nous le rejoignons en attendant l'éclusée.
9h30, nous entrons dans l'écluse. Anne et Bertrand prennent Woodbine à couple.

Les portes se referment.

 

 

Nous continuons au son de la machine. Notre route est bordée de magnifiques et hauts arbres.

 

 

 

 

9h50 l'écluse n°10 Le Terrier PK 45,3,(1,10 m.).

Les bateaux s'engagent dans le bassin

photos Joël Druel

 

 

 

10h16 les portes se referment, les ventelles amont s'ouvrent, le niveau de l'eau monte doucement. L'aussière est amarrée à la bite de quai

 

 

 

 

Sortie d'écluse Alain et Martine vont bon train, toujours au moteur.
Nous passons devant un déversoir.

 

 

 

 

11h08, l'écluse n°9 du Gué de l'Atelier, PK 438, (2,22 m.).

Photo Bertrand Chazarenc

 

 

 

111h46, l'écluse n°8 La Remaudais, PK 40,8, (2,65 m.).

 

 

 

 

Nous passons devant un autre déversoir muni de trois bondes maçonnées.

Mamalou nous accompagne toujours souvent fermant la marche, mais là, il 12h40, il est temps de déjeuner.

 

 

 

PK 37, les bateaux s'amarrent à la rive à l'aide de sardines plantées dans la berge.

À proximité, une vaste étendue d'eau sert de réserve pour l'alimentation du canal. Nous sommes dans le bief de partage. C'est le réservoir de Bout-de-Bois. alimenté par la rivière Isac.

 

Une petite fête musicale est donnée dans la base de loisirs de Glanet.

À cet endroit le canal serpente dans la plaine.

190825_045.jpg (42163 octets)190825_046.jpg (42034 octets)15h07 PK 32, nous arrivons à l'écluse n°7, PK 32,2, (2,6 m.).

 

 

 

 

 

190825_047.jpg (42994 octets)15h50, écluse n°6 de Cramazeul PK 31.
Il y a de la salade dans les hélices, Joël essaie de nettoyer avec sa gaffe.

 

 

 

 

16h20, écluse n°5 de La Haie Pacoret, PK 30,  (2,47m.).

Nous continuons dans les larges courbes du canal, bordé de hauts arbres nous montrant la route.

 

 

 


Vers 17 heures nous atteignons l'amont de l'écluse n° 4 de la Rabinière PK 29, (2,71 m.), terme de notre étape.
C'est un taxi qui nous emmènera à Nord-sur-Erdre où sont déjà installés les campings-cars.

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