Un canot Berthon à vapeur

Marc André Dubout

Le canot Berthon  est un canot pliant constitué d’une armature en bois, pouvant se replier comme les baleines d’un parapluie et recouverte d’une double toile enduite. Il est maintenu par 4 tendeurs qui prennent appui sur le plat-bord et le fond amovible en bois. Le Berthon  fut fabriqué par divers constructeurs. Sa longueur était de 2,15 m, sa largeur de 90 cm, sa profondeur de 40 cm, son poids de 25 kg. Il a été utilisé par les spéléologues et explorateurs scientifiques en montagne (Émile Belloc).

La Marine Nationale l'utilisa comme canot de sauvetage sur les sous-marins, les torpilleurs et contre-torpilleurs
Les canots Berthon1 se sont fait connaître par les nombreuses actions entreprises durant les inondations de 1910 pendant lesquelles leurs multiples interventions ont permis le sauvetage de la population parisienne.


Les canots Berthon pendant les inondations de 1910

 

En 1910, le Préfet Lépine fait appel aux Berthon de la Marine pour assurer la circulation dans Paris. Sur une des cartes postales, on voit des Marins monter leur embarcation sur le parvis de Notre-Dame.
Plus de 300 Berthon  seront ainsi utilisés dans la capitale durant la grande crue du Siècle. Sur une autre on voit la même scène de montage dans la cour de la Préfecture de Police.

 

 

Et la vapeur !

La Coque
 La version vapeur du canot Berthon concerne les "youyou" de petites dimensions, ne dépassant pas 2,10 m. de long, 1 m. au maître bau  et ayant 0,45 de creux. Comme les "Berthon" classiques leur coque est constituée d'une double enveloppe en toile peinte et imperméable tendue par une ossature en bois léger pouvant se replier par le fait de petits arcs boutant appuyés sur le fond et sur le plat-bord. Le poids n'excédant pas 23 Kg.

 

 

La machine
 La machine est placée sur la tête du gouvernail, séparée de ce dernier par une plaque en caoutchouc formant silent bloc. Elle est constituée d'un cylindre à pilon actionnant un volant à l'aide d'un cadre semblable à celui des pompes Thirion2. La transmission à l'hélice se fait par une couronne en bronze formant pignon-galle située à la circonférence du volant, et sur lequel s'engrène une chaîne transmettant le mouvement à l'arbre d'hélice encastré dans le safran. 
Le poids de la machine est de seulement 5 kilos.
Une version machine à cylindre oscillant a été abandonnée à cause des fuites.

 

La Chaudière
C'est une chaudière verticale à tubes de fumée éprouvée à 12 Kg. avec une pression de service de 4 à 5 Kg. Le souffleur3 produit un tirage artificiel dans la cheminée conforme au système du "Creusot". La chaudière est recouverte d'une épaisse couche de feutre maintenue par une crinoline en teck maintenue par des cercles de cuivre.
L'alimentation en eau douce est obtenue à partir de la " bouteille d'équilibre "4.
Le chauffage se fait à l'aide d'une lampe à pétrole à trois becs. La flamme est séparée du réservoir par une toile métallique. Les autres moyens de chauffage : huile, pétrole, charbon ont échoué, peu de chaleur pour l'huile, dangerosité pour le pétrole et encombrement pour le charbon.
Le poids de la chaudière est de 15 Kg à vide et 20 en charge.
La chaudière est positionnée à l'avant pour compenser le poids de la machine installée sur le safran.
À 4 Kg de pression, la vitesse est de 4 nœuds. On peut penser que l'adjonction d'un condenseur5 pourrait encore améliorer cette vitesse.

 

 

 

L'hélice
L"hélice est à trois pales et à pas constant, les pales ont été découpées en forme de lame yatagan6 pour obtenir un meilleur rendement tout en évitant les chocs violents de l'eau contre la coque. Elle agit dans le plan du gouvernail et une fois la barre mise d'un bord, elle aura une tendance à pousser à l'arrière du côté où on a mis la barre.
Le changement de l'hélice peut laisser présager une augmentation de la vitesse, en employant par exemple une hélice Griffith dont l'adoption sur l'Iris et la Mercury a révélé de remarquables qualités.

 

Tel est résumé du canot Berthon à vapeur qui se distingue par sa légèreté et sa facilité de transport 

Les Berthon dans les textes


Titanic, l'épopée écrite - René Monito Beaumont -  La Découvrance, La Rochelle - 2012


La petite Mousmé - Gabriel Hautemer - Éditions Kailash - 2009 - Page 29

10 h. 30 – Amené le canot et le berthon pour aller recueillir les survivants. Continué à patrouiller dans toutes les directions à proximité de l’épave.

U 47 contre VULCANUS - L'aventure de Joseph Sanguinetti marin à bord de ce vapeur

http://www.histomar.net/GSM/htm/vulcan.htm


Les grands naufrages - Gérard Piouffre- First Éditions - 2012

Le 26 janvier, les marins réquisitionnés par le préfet Lépine arrivent à Paris avec 300 canots Berthon, barques pliables à fond plat, faites de toile et d’une armature de bois.
http://www.water-words.net/1910-paris-sous-les-eaux

Notes : 
  • 1 Son nom vient de l’Anglais Edward Berthon, né à Londres le 20 février 1813, mort le 27 octobre 1899, qui invente à l’âge de 22 ans un « propulseur à vis » pour les navires. Avec Francis Smith qui découvre également le principe du « canot de sauvetage pliant », l'invention est présentée à la reine Victoria et sera acceptée par l’Amirauté en 1873, après avoir reçu des améliorations. En 1879 Berthon ouvre son entreprise à Romsey, pour fabriquer ses canots et autres « engins flottants ». 
    Source Wikipedia
  • 2
  • Les pompes Thirion sont appelés aussi "petit cheval".
    A. Thirion, Constructeur à Paris, 160 rue de Vaugirard.


  • 3 Il s'agit d'une buse conique libérant de la vapeur dans la cheminée et produisant un tirage artificiel
  • 4 Cylindre en laiton muni de deux tuyaux et mis en communication avec la chaudière, le tuyau supérieur amenant de la vapeur, le tuyau inférieur amenant l'eau.
  • 5 Le condenseur serait formé par un serpentin très allongé, appliqué le long de la quille.
  • 6 Lame Yatagan, lame à courbe rentrante

Sources :

 

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http://aurelia.orleans.fr/wrap/img-viewer/1881_1890/452346101_1887/452346101_18870609116816/jpeg-116816/iipviewer.html?base=mets&monoid=ark:-bmo-mets-doc-116816&treq=&vcontext=mets&ns=10000001.jpg