L'ABV sur la Rance
Marc André Dubout
17
mai 2012, la sortie annuelle de l'ABV est cette année la Rance1
. Nous profitons de ce long week-end pour faire flotter nos embarcations sur les
eaux saumâtres de ce magnifique fleuve qui se jette dans la mer entre St Malo
et Dinard.
Le premier jour est réservé à la mise à l'eau et à la préparation
des bateaux. Certains ont même déjà navigué, sans compter ceux qui ont
anticipé en arrivant avant la randonnée. Sur plus de 20 km, les rives de
l'estuaire de la Rance se cisèlent en baies, petits ports fluviaux, presqu'îles
prisées par les randonneurs et les pêcheurs. Avec Bruno, nous arrivons le soir
après une escapade du côté de Franceville. Les bateaux sont déjà à l'eau ;
quelques sifflets retentissent sur le fleuve.
Port de Lyvet aujourd'hui,
Port de Lyvet autrefois.
Le temps est très "bretonnisant", la volupté des nuages materne nos embarcations, empêchant que les structures en bois sèchent.
La flottille abévienne est composée de :
Vendredi
18 mai
10
heures départ en flottille pour remonter la Rance jusqu'à Dinan puis ensuite
les écluses 47 de Léhon (PK 76) et de Pont Perrin (PK 74).
Passés sous les ponts de la ville nous poursuivons notre route, épousant les méandres de la rivière.
La rue principale qui donne accès à l'Abbaye. |
La petite bourgade de Léhon est pleine de charme et d'authenticité.
Elle présente un patrimoine historique et religieux médiéval à travers l'Abbaye de Saint Magloire, fondée au IXème
sur les berges de la Rance.
Cette royale abbaye a été fondée en 850 par le roi de Bretagne Nominoë et six moines bâtisseurs.
Brûlée par les Normands, elle fut reconstruite dès le XIIème siècle par les bénédictins, puis agrandie au XVIIème siècle.
À la Révolution, elle fut abandonnée et c'est au XIXème siècle
que sa restauration fur entreprise, elle dure encore de nos jours.
Dinan est une ville "artistique" : de nombreux artistes et artisans ont leurs ateliers et galeries dans les petites rues typiques du centre ville : peintres, sculpteurs, créateurs de bijoux ou vêtements, travail du verre ou du cuir, la variété ne manque pas.
Quelques vues au début du XXème S.
Le viaduc de Dinan vu comme on ne le verra jamais à bord d'un bateau à vapeur.
Ensuite, ce fut le repas du soir pris ensemble dans un bistrot du port et le retour à Port de Lyvet par la Rance entre "chien et loup". Une journée bien remplie.
Samedi
19 mai
10h30
départ des bateaux en direction de St Suliac après une rapide escapade à la
brocante marine d'un village voisin.
Aujourd'hui j'embarque sur Nasca de Michel et Claire.
Immédiatement après le
départ, c'est le passage de l'écluse du Châtelier3. Cette écluse fonctionne de 6 h à 21 h, seulement si la cote de Saint Suliac est égale ou supérieure à 8,50 m. Elle fonctionne à la demande. Aucun canal VHF ne lui est réservé. |
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Thierry a embarqué sur Woodbine avec Joel et Françoise | |
Déjà au début du XXème, des bateaux de voyageurs dans l'écluse | |
Et aussi des bateaux à vapeur | |
L'écluse du Châtelier est reconstruite aux dimensions actuelles en 1837. Ce qui permet de remonter vers Dinan les produits agricoles et forestiers dont le trafic augmente alors rapidement. Une passerelle est construite en 1896 et détruite par les Allemands en 1944. Aujourd'hui, un pont tournant construit en 1970 permet le passage de grosses unités. Le trafic commercial diminuant, Lyvet devient un port de plaisance et un centre touristique dans les années 1960. La construction de la digue du Châtelier a des conséquences très marquées sur l'envasement du bief amont et entraîne la constitution d'un bouchon vaseux en aval. | |
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Puis ce sont les cabanes de pêcheurs avec les filets particuliers. La pêche au carrelet était très pratiquée sur la Rance. Le carrelet est un filet carré d'une superficie de quelques mètres carrés tendu sur une armature plane et descendu horizontalement au moyen d’un treuil depuis un ponton qui avance en mer et sur lequel est généralement construit un abri, voire un petit logement. Après quelques minutes d'attente, pour dissipation du trouble causé par la descente, le filet est remonté assez rapidement, emprisonnant en principe les poissons qui se trouvaient entre lui et la surface (un appât peut être placé en son centre). C'est une pêche très réglementée en raison de la construction d'un ponton sur le domaine maritime. |
Le pont de chemin de fer de la ligne ?? reconstruit après les bombardements de 1944. | |
Le premier pont du chemin de fer (1879) était en fer d'une seule
travée. Et à y bien regarder il y avait déjà des bateaux à vapeur. |
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Iris en aval du pont ferroviaire. | |
Puis nous passons au droit du Chêne Vert à Plouer-sur-Rance | |
Au début du Siècle, presque le même cliché. | |
Le
pont St Hubert enjambe la Rance entre Le Port-Saint-Hubert sur la commune de Plouër-sur-Rance et Le Port Saint-Jean sur la commune de La Ville-ès-Nonais. Il relie la rive gauche de la Rance située dans le département des Côtes-d'Armor à la rive droite située en
Ile-et-Vilaine. Ce pont suspendu a été construit de 1913 à 1928. Il était à péage jusqu’en 1933 (ça existait déjà) et a été bombardé par les Alliés le 12 juin 1944. C'est l’entreprise Baudin-Châteauneuf (Châteauneuf-sur-Loire) qui, en 1959, a construit le nouveau pont en béton armé long de 286 mètres avec une travée suspendue de 173 mètres. |
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Enfin la bourgade de St Suliac apparaît sur notre droite, nous y accosterons à la cale. |
Après l'accostage des huit bateaux à vapeur de cette belle randonnée, nous déjeunons à bord sous la pluie qui n'a pas cessé depuis le début de la journée.
La jetée il y a un siècle et la cale où nos bateaux se sont amarrés.
Nous partons ensuite à la découverte de ce charmant village de pêcheurs.
Ce village portuaire typiquement breton est situé sur la Côte d'Émeraude et
s'étend autour de son église et de son port. Il est situé sur une presqu'île, avec 12 km de rivage.
C'est un des rares villages véritablement maritimes de cet estuaire, entre Saint-Malo et Dinan.
Les filets sur la façade des maisons sont là pour rappeler aux passants que ce village vivait de la pêche. |
Et puis
marre de la pluie, nous allons au bistrot, nous buvons et le temps passe...
...et au retour le marnage a fait son effet et les bateaux sont sur leur quille.
Et il pleut toujours !
Dimanche
20 mai
Nous nous réveillons sous une forte pluie qui ne nous abandonnera pas de
la journée.
Direction le Moulin du Prat où nous nous retrouvons vers 10
heures.
Bien que la date de sa construction reste incertaine il ne
serait pas invraisemblable de la situer vers le XVIème S. sûrement
contemporain du Château de la Bellière dont il dépendait. Au cours du
temps il s'est agrandi d'une maison meunière construite attenante, logement du
meunier qui au rythme du calendrier lunaire, jour et nuit, faisait tourner "son"
moulin et entretenir la réserve qu'il devait périodiquement dévaser. Cette
vase était prisée des paysans qui avec force charrette venaient de fort
loin pour en transporter le précieux engrais. Mais il devait aussi entretenir la digue, sans laquelle la précieuse énergie de l'eau s'évanouissait.
En 1955, la propriété est rachetée par la commune de La Vicomté et une association du moulin
est créée dans le but de restaurer ou plutôt "reconstruire" le moulin et
le site qui l'environne dans les règles de l'art c'est à dire en se
rapprochant le plus possible de l'authenticité.
Le Moulin du Prat est un moulin à marée, c'est à dire qu'il
utilise la marée comme force motrice pour fonctionner.
À proximité du moulin, il y a une digue comportant des vannes à sens unique
et qui isole une réserve d'eau qui sera utilisée pour faire tourner la
roue.
À marée montante, la mer remplit le bassin. Lorsque la marée recommence à descendre, les vannes se ferment et empêchent le bassin de se vider. À marée descendante, quand la différence entre le niveau du bassin et de la mer est suffisamment important, les vannes sont ouvertes : l'eau du bassin se déverse alors dans la mer en actionnant la roue du moulin.
À la différence des moulins à vent qui nous sont plus familiers, le moulin à
marée ne peut fonctionner que durant une partie de la journée, lorsque le niveau de la mer est plus bas que celui du bassin (par exemple 6 heures toutes les 12 heures)
et de plus la durée est plus courte lorsque le coefficient de marée est
faible, En revanche il ne dépend pas des conditions météorologiques comme les
moulins à vent, ni des des étiages comme les moulins à eau, son énergie est
inépuisable.
Sur les 100 000 moulins cumulés de France, il reste environ 140
moulins à marée dont une centaine en Bretagne et 15 sur les bords de la Rance
(beaucoup ont disparu).
Une application actuelle de ce type de moulin est l'usine marémotrice de la Rance, construite en 1967 et qui produit 500 GWh/an d'électricité.
Rendons hommages à d'autres bénévoles, comme nous, qui ont enlevé plus de
trois mètres de vase autour et dans le moulin avant de retrouver la roue à
aubes. Reconstruction de la digue, construction et pose de la porte à marée,
dévasement de l'étang, restauration du bâtiment abritant la minoterie et
construction de l'ancienne maison d'habitation (2001) d'après des cartes
postales anciennes. |
À la fin de la visite, la pluie tombait toujours, imperturbable. Aussi Thierry nous a invité à prendre notre "déjeuner sorti du panier" dans sa maison de Bourseul. Sur le chemin des remorques reprenaient déjà la direction du retour.
L'après-midi
Marie-Dominique nous fit visiter son musée de la poupée. Univers féerique. Le
jardin des poupées est aussi celui des fées de notre enfance. Le temps est
suspendu entre rêves et réalité, entre imaginaire et existence. Nous montons
l'escalier et nous nous retrouvons derrière le miroir.
Dis Marie-Do, c'est comment le cœur d'une poupée ? Et alors, elle
se mit à nous expliquer. Mais voyez plutôt.
Le temps passe mais ne suspend pas son vol, nous redescendons du grenier aux trésors... le virtuel redevient réel... il faut sortir les bateaux de l'eau.
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et rentrer à Paris.
La presse en a parlé : |
Notes
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Sources :
Sites : |