Toutes les semaines un caboteur relie la Tour Eiffel à la Tour de Londres
et

Marc André Dubout

Dans le journal "Libé-Soir du 14 septembre 1946, dont j'ai trouvé l'article aux Archives de la Préfecture de Police, on peut lire "Toutes les semaines un caboteur relie la Tour Eiffel à la Tour de Londres".

À l'époque où l'on parle de "Paris comme port de mer" dont l'idée de 1863 aboutira ultérieurement à la création du port de Gennevilliers comme "Grand lieu d'escale" un caboteur le Swallow Empire 1 assure un service hebdomadaire entre les deux "Tours" symboliques de Londres et de Paris. Ce caboteur de 500 tonnes battant pavillon français a un équipage britannique composé de onze hommes "tous inscrits maritimes". Chargé de billes de bois en provenance de Grande Bretagne, il ne transporte pas de passagers. Au retour ce seront des produits frenchy qui traverseront la Manche.
Sur la Seine, la navigation est calme, mais lorsque le bateau quitte le fleuve pour affronter la mer il est parfois soumis à des "coups de tabac" ce qui rend le voyage éprouvant pour l'équipage. Le navire se dirige alors sur Douvres, s'enfonce dans les eaux de la Tamise et arrive à Londres où il s'ancre à Tower-Bridge entre Wapping et la Tour.
Cette liaison fluviale (ou plutôt fluvio-maritime) 2 existe depuis 1900 entre le deux capitales sans que les parisiens s'en soient  aperçus.
Interviewé, le capitaine, casquette et foulard fume sa pipe et ne croit pas à la création du port de Gennevilliers, port maritime de Paris. Pour lui, le port c'est Paris.
Et pourtant ... 3

Notes : 
  • 1  Hirondelle de l'Empire
  • 2 Ce qui n'est pas évoqué c'est l'acquittement des taxes lesquelles diffèrent selon que la navigation se déroule sur les fleuves, rivières ou canaux ou sur la mer.
  • 3 Notre brave capitaine ignorait que depuis 1863 divers projets de port Paris aval étaient déjà envisagés et qu'en 1917 Fulgence Bienvenüe et Louis Suquet étaient chargés par le conseil municipal de dresser les avant-projets. Leurs plans transmis en 1919 sont adoptés en 1920. Ils seront réalisés presque exactement comme ils les avaient prévus.
    En 1931 les deux premiers bassins sont terminés. Ils ne seront toutefois utilisés qu’après la Seconde Guerre mondiale. La percée en Seine et les entrées du port sont réalisées juste avant la déclaration de guerre.
    En 1940, après l'Armistice, la poursuite des travaux de creusement est décidée malgré le manque de matériel.
    En 1946 les deux premières darses sont mises en service et la troisième, destinée au trafic des combustibles liquides, est mise en creusement. Le raccordement avec les voies ferrées de la région Nord est effectué. Dès le début le port attire l’implantation de grandes industries ayant besoin à la fois de la voie d’eau et de la voie ferrée.
    En 1948 juste avant l’ouverture des nouvelles installations, le trafic est de 45 000 tonnes.
    En 1950 le trafic passe à 450 000 tonnes.

Sources :

  • L'article de Libé-Soir du 14 septembre 1946
  • Wikipedia

On ne dit pas si ce caboteur était à vapeur, mais en 1946, il y a de fortes chances.

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