Sauvegarde de deux machines à vapeur

Sauvegarde de deux machines à vapeur

Marc André Dubout

Jeudi 2 septembre 2010, une date importante pour ces deux machines à vapeur, de remorqueur et de drague, dont la sauvegarde est désormais bien verrouillée.
Cette opération a eu lieu grâce à la pugnacité des acteurs de cette préservation et en premier lieu à la clairvoyance de Jacqueline Briand, présidente de l'Association "Le Pétillon" ¹ sensible à la sauvegarde du patrimoine et à la ténacité d'Alain Decklerck président de l'AAMB ²

J'avais eu connaissance de l'existence de ces machines en 2006, au printemps exactement, lorsque Le Pétillon m'avait contacté pour participer à l'exposition qu'elle organisait sur les transports dans le Vexin en faisant rouler un véritable train à vapeur dans la rue du village.

"A PIED, A CHEVAL, EN VOITURE... ET EN TRAIN DANS LE VEXIN ET LE PAYS DE THELLE"

Puisque l'exposition était consacrée aux transports avant les années 60, le maximum d'éléments routiers, ferroviaires avaient été réunis et comme cela semblait difficile d'amener un bateau dans une cour de ferme, eh bien à défaut de bateau ce sont deux machines à vapeur : une de remorqueur et une de drague qui représentaient ce moyen de transport fluvial dans une ferme du Vexin.
Parfois les circonstances font bien les choses, en 2006 nous étions plongés dans le travail de recherche sur la chaudière Oriolle du Jacques ³ travail mené conjointement avec François Casalis et Marc Oberlé au Musée de la Batellerie de Conflans Ste Honorine et au Service Historique de la Défense au fort de Vincennes.
Nous savions que la machine du Jacques avait été confiée au Musée de la Batellerie de Poses ⁴ et qu'il était peu probable qu'elle réintègre un jour son bateau d'origine, alors cette "machine du Pétillon" lorsque je l'ai vue dans la belle ferme du Boulleaume, la connexion a été rapide et son lieu de prédestination était tout trouvé.
Aujourd'hui c'est fait, elle est posée dans la salle des machines du Jacques.
Complètes et en bon état ces machines fin XIX^è, début du XX^è sont très représentatives des machines de propulsion simples et rustiques qui équipaient la marine fluviale.

	Machine à deux cylindres verticaux (puissance à vérifier) à simple expansion deux fois double effet. poids 1200 Kg. Elle provient d'un remorqueur de l'entreprise EMCC ⁵ Sa plaque constructeur a disparu.
	Machine Émile Salmson & Cie ⁶ - Ingénieurs constructeurs - 55 rue de la Grange aux Belles à Paris. Machine à deux cylindres verticaux (puissance à vérifier) à simple expansion deux fois double effet. Elle provient d'une drague de l'entreprise EMCC. Noter le vilebrequin en acier forgé.

D'après sa plaque, la construction de cette machine se situe entre 1890 (date de la création de la société "Emile Salmson, Ing.") et 1896 date à laquelle l'entreprise s'installe à Boulogne-Billancourt et se spécialise dans la construction des moteurs d'avions. Cela dit, c'est aussi en 1896 que l'entreprise change de nom et prend le nom de Émile Salmson & Cie Ingénieurs constructeurs, nom qui figure également sur la plaque constructeur.
Cette plaque laissera donc planer le doute sur l'année exacte de construction.
Des recherches sont en cours sur ces machines dont quelques pistes nous laissent quelques espoirs.

Le transport
Le transport c'est effectué en deux temps :

depuis les locaux de l’association «Le Pétillon» au quai du «Port militaire» de Conflans-Sainte-Honorine pour transborder les deux machines du camion dans la cale du bateau « Madagascar ».

	Vers 15 heures les deux machines sont grutées sur le plateau. Il ne suffit plus qu'à les arrimer solidement pour le voyage.
	Arrivée au port de Conflans. Le camion stationne près du pont de chemin de fer initialement construit par Eiffel, détruit à deux reprises pendant la dernière guerre et reconstruit en acier riveté en 1947.
	Évidemment au fond de la cale du «Madagascar», on dirait des jouets.

puis, acheminement des machines du «Madagascar» jusqu’à la halte patrimoniale de l’association « AAMB » où elle ont été grutées dans la salle des machines du «Jacques» dont le capot d'accès avait été préalablement enlevé.

"Fin d'Oise avalant pour Seine montant"
Voilà ce que j'ai entendu au micro de la passerelle alors que l'étrave du bateau amorçait sa giration sur bâbord au confluent.

	Quelques minutes plus tard le Jacques était en vue, le «Madagascar» vint s'y accoler avec la précision d'un cheminot qui fait l'attelage... ... et cela avec seulement deux doigts.
	C'est d'abord la machine Salmson qui sera déchargée pour être ripée au fond de la salle.
	Puis la plus grosse, celle qui ... ... peut-être un jour propulsera le Jacques sur le eaux d'Île-de-France.
	Elle n'est pas dans le bon sens mais elle retrouve une cale de remorqueur et sera sauvegardée dans la salle des machines.

Si cette action a un sens,
c'est à M. Alain Naveteur …
ancien capitaine et acteur de la sauvegarde du Jacques
qu'il faut la dédier.

Notes :

1 Le Pétillon Nous souhaitons faire vivre la mémoire du Vexin français et du pays de Thelle. Voilà bien résumé l'objectif de cette association faire revivre l'histoire du Vexin et du Pays de Thelle.
Site du Pétillon
2 AAMB Association des Amis du Musée de la Batellerie
L'association assure l'édition des Cahiers du Musée, à thèmes bateliers variés et la restauration de plusieurs bateaux ouverts au public. Elle soutient le musée de Conflans, le plus important des musées consacrés à l'histoire de la navigation intérieure et le seul à vocation nationale.
Site de l'AAMB
3 Le Jacques est un remorqueur en acier riveté de 40,8 T de déplacement. Commandé en juin 1904 par la société Goiffon et Jorre, la coque est fabriquée par MM Desbois Rancelant et Ollivaud, elle est motorisée aux ateliers de la SGTR à Creil. Le Jacques appartient à la série de "Guêpes moyennes" n° 35 à 45 (1898 - 1901).
Caractéristiques :
Il est équipé d'abord d'une machine à vapeur type pilon compound à condensation par mélange de 150 HP puis en 1959 de 2 moteurs Baudoin type DK6 de 150 cv chacun. Sa vitesse moyenne en route libre et remorqueur seul atteint 18 km/h ; sa vitesse de remorquage avec de 800 à 1 000 T est de 6 km/h.
Le N°54 des cahiers de la Batellerie lui est consacré.
4 Musée de la Batellerie de Poses Dernière écluse sur la Seine avant Rouen, Poses est un village de mariniers ou anciens mariniers qui à bord de Midway et de La Fauvette présentent le monde de la batellerie et du fleuve : la Seine qui a connu sur ses rives le travail de 500 hommes accompagnés de 1800 chevaux sur les chemins de halages.
5 EMCC Entreprise Morillon-Corvol et Courbot (1971) leader mondial spécialisé dans le dragage, la construction maritime, le génie civil, les travaux de pose de conduite et les travaux subaquatiques ; trait d'union de ces activités : l’eau.
Site d'EMCC
6 Émile Salmson (1859-1921). En 1890, la société "Emile Salmson, Ing." est spécialisée dans la construction, le négoce et l'entretien de machines à vapeur et de pompes. L'entreprise devient rapidement fournisseur des Ponts et Chaussées, des compagnies de chemin de fer, du génie militaire et de l'artillerie.
Site de l'entreprise Salmson

P.S. Une petite publicité pour nos amis du Pétillon qui présenteront l'exposition.
Franchement allez-y c'est top !

Les fêtes d'autrefois dans le Vexin et le pays de Thelle
25 et 26 septembre
et les 2, 3, 9 et 10 octobre 2010

http://www.lepetillon.com/notre_prochaine_manifestation.html

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