Vapeurs
sur le Lot
Les 10 ans de l'Association des Bateaux à Vapeur
Marc
André Dubout
Photos MAD, Bernard Janvier, Michèle.
Ce
long
week-end de l'Ascension, c'était la célébration de la première décennie
d'existence de l'A.B.V.,
c'est pourquoi une dizaine de voitures à des moments différents convergeaient
vers le Lot à Castelmoron 1
précisément.
Avec Bruno, nous sommes partis un peu en avance, histoire
d'éviter la sortie de Paris en zone rouge et vers 21 heures ce mercredi 13 mai
nous rejoignons les chalets de Port Lalande situés dans un endroit champêtre
au bord d'un port caché sur la rive droite du Lot à l'Est de Castelmoron.
Première soirée, nous partageons un dîner chaleureux avec Claude et Daniel
qui eux ont fait la route depuis Fécamp.
Jeudi
13 mai 2010
Jeudi matin brocante incontournable à Temple-sur-Lot, juste une petite
promenade pour s'inspirer de l'air du pays et prendre la température ambiante,
encore fraîche pour ce mois de mai bien engagé.
L'après-midi, mise à l'eau des bateaux qui depuis sont arrivés de Bordeaux, de
Paris, du Cap Ferret, de Suisse, etc.
Ces manœuvres nous ont occupés une bonne partie de l'après-midi, certaines ont
été Rock'n Roll mais les
journées sont longues et il est impossible de résister à faire résonner les
sifflets sur cette belle rivière 2
généreuse en largeur, accueillante par ses rives arborées sans oublier la
brise légère contre laquelle nous aurons eu à évoluer.
À la tombée de la nuit huit bateaux à vapeur étaient amarrés aux pontons de Port Lalande :
Le soir, dîner à la Commanderie.
Le lendemain un autre bateau rejoindra la Flottille, il s'agit de Clauchar de Jean Paul.. |
Vendredi
14 mai
9 heures.
La
pierre des briquets donne la flamme pour éclairer les
chaudières et les premières volutes de fumée attirent les promeneurs matinaux
pour lesquels la plaisance à la vapeur est restée inhabituelle.
Départ 10 heures en remontant sur Casseneuil. Neuf bateaux quittent Port
Lalande en présence des mêmes promeneurs dont les regards se perdent sur la
rivière en direction du nord.
10h15 PK 25,5 nous atteignons Temple-sur-Lot où Clauchar nous rejoint, ayant quitté son port d'attache sur la rive gauche. La flottille
se dirige vers le nord à contre-courant. Temple-sur-Lot est le siège d'une
ancienne commanderie qui appartenait à l'ordre des Templiers. Ce sont les
chevaliers de Malte qui firent rebâtir le grand bâtiment qui nous a réunis la
veille.
Le ciel est sans
nuages,
la mer calme. Les dernières maisons restent derrière
nous et disparaissent lentement dans le méandre au bout duquel nous
apercevons le clocher de l'église de Fongrave au PK 27, il est 10h50.
Nous filons toujours vers le nord en direction de Sainte Livrade après une
courbe et contre-courbe ou plutôt un méandre et contre-méandre.
11h30 PK 32 Sainte Livrade petit bourg de 6332 âmes dont l'église du XIIème
Siècle veille sur la
rivière. Nous passons devant le Moulin du Lot au PK 33 et au bassin de vitesse au
PK 37, il est 12h07.
À
12h36 PK 41 la petite ville de Casseneuil présente ses premières habitations
agréables au regard et typiques de la région occitane.
Un immense pique-nique commence à s'organiser sur le quai, chacun s'installe,
déballe, regarde ce qu'il y a dans la gamelle, s'étonne, goûte et enfin
déjeune.
Avec Bruno, Pascal et sa femme, nous allons chez Jean Paul qui a eu la
gentillesse de nous convier à déjeuner. Puis en début d'après-midi "les trésors" nous
ont fait "rater l'appareillage"3.
Aussi, c'est à
16h30 que Clauchar et Mélusine quittent Casseneuil. Le retour se fait sans
halte. Aurons-nous assez de bois pour parcourir les 19 km qui nous séparent de
Castelmoron ?
À 17h23 PK 32
nous passons au droit de Sainte Livrade, à
18h00 Fontgrave PK 27, pour arriver à
18h40 à Castelmoron PK 22.
L'ensemble de la flottille a parcouru 38 km dans la journée sous un
ciel clément.
Nous nous retrouvons tous au chalet 33 pour un dîner pique-nique improvisé et fort
sympathique.
Samedi
15 mai
Départ de Port Lalande à 10h30. Aujourd'hui je suis sur Clauchar avec
Jean-Paul, Charlotte, Solène, Cathy et Bernard. Nous partons les derniers, le
temps de couper du bois pour l'ami Bruno.
10h30 PK 22 Castelmoron
la flottille au complet se dirige côté avalant vers l'écluse du barrage EDF
construit dans les années 50. Dénivelé 10 m. franchi en moins de 10 minutes.
Inutile de dire que les remous chahutent les embarcations.
10h35 PK 22,8 barrage. Clauchar est en tête, Lady Julie à couple. Comme les
autres bateaux nous attendons la manœuvre qui ne tarde pas. Les ventelles
s'ouvrent et le niveau descend dans un remous bien caractéristique. Puis la
lourde porte se lève doucement. La pression est montée et chacun s'impatiente
à partir. Laurent qui a organisé des prises de vue aériennes est resté en
haut de l'écluse en attendant son esquif volante.
11h00 sortie du barrage, nous passons devant le Château des Marais au nord du
méandre du Lot. Les bateaux se suivent jusqu'à Grange sur-Lot au PK 18,5, il
est
11h24.
À
11h47 PK 15,5 nous passons sous le Pont de Roussanes à
11h55 PK 15 nous traversons entre les anciennes piles du pont de la ligne de chemin de fer
à voie unique de Villeneuve-sur-Lot à Tonneins ouverte en 1869 et fermée en
totalité en 1954.
Dix minutes plus tard au PK 13 nous laissons l'Île de la Muraille sur notre
droite avant d'arriver à Clairac au PK 10,5, il est
12h25.
Il est temps de déjeuner sur le quai en face de la passe éclusière.
À bord de Clauchar.
Clauchar est un bateau à coque en fer rivetée d'une longueur de 8,90 m. et de
2 m. au maître bau. Son poids lège est de 3,2 tonnes et sa mise à l'eau a eu
lieu en 1970.
La chaudière de Clauchar est une chaudière verticale à foyer intérieur cylindrique terminé à sa partie supérieure par un fond plat et portant en son centre un tube-cheminée qui débouche sur l'extérieur.
La plaque foyère du foyer intérieur est percée de trous coniques dans lesquels sont emmanchés des tubes à eau, fermés à leur extrémité inférieure et pendant dans le foyer.
À l'intérieur de chaque tube, un tube barboteur de diamètre plus faible
assure une circulation par thermo-syphon (différence de température entre l'extérieur et
l'intérieur du tube barboteur). La littérature s'accorde à dire que ce type de chaudière
produit 15 kg de vapeur par mètre carré de surface de chauffe ce qui n'est pas
le meilleur rendement des chaudières verticales.
Il faut trois quarts d'heure pour atteindre un bar mais après la pression monte
assez rapidement puisque dix minutes plus tard on est à deux bars puis cinq
minutes encore pour passer à trois bars et enfin atteindre les sept bars assez
rapidement, le timbre étant à huit. Avec une grille bien aérée, il est
possible de tenir les cinq bars à rotation constante de 240 t/mn, ce qui donne
une vitesse raisonnable de croisière, vu le déplacement du bateau.
La virole d'un diamètre de 80 cm est en acier noir riveté par une double
rangée de rivets. Le dôme est également riveté à l'intérieur de la virole.
Deux des rivets pincent trois tôles simultanément dont celle de la
virole à cet endroit amincie pour assurer l'étanchéité. Une belle pièce de
chaudronnerie sûrement difficile à réaliser aujourd'hui.
La machine est une machine à vapeur alternative verticale à double effet, double expansion avec deux cylindres disposés en tandem. L'originalité est que le cylindre HP est maintenu au dessus du BP par des colonnettes et le réservoir (receiver) intermédiaire est constitué par le volume du conduit qui relie les deux cylindres.
Mais revenons à notre périple d'autant que l'arrivée à
Clairac correspond avec perfection à l'heure de l'apéro, annonciatrice du
déjeuner.
Immense pique-nique organisé sur la quai baigné de soleil.
Salut les filles ! |
À
14h15 chacun regagne son esquif pour regagner Castelmoron.
Le retour se fait selon le chaînage suivant :
14h30 PK 12 château Poudepé
14h40 PK 13 Île de la Muraille
15h00 PK 15 ancienne ligne de chemin de fer
15h05 PK 15,5 Pont de Roussanes
15h35 PK 18,5 Grange-sur-Lot
À Grange-sur-Lot Jean-Paul me demande ne de plus charger croyant être
arrivés à Castelmoron. Je laisse tomber le feu que j'avais
chargé avec du charbon, n'ayant plus de bois. Quand nous nous rendons compte de
la confusion entre Grange et Castelmoron, impossible de remonter la pression
même à l'aide du souffleur. Une croûte de mâchefer recouvre la grille plus
un poil d'air ne passe à travers, il faut casser les crasses avant de remonter
le feu et en plus on n'a plus de bois. Heureusement il reste un sac de flambant,
le mano remonte lentement, très lentement. En plus un lâcher d'eau du barrage nous
entraîne en arrière. On réussit à attraper un duc d'albe pour s'y amarrer.
On attend. À 4 bars on décolle.
À 17h20 nous arrivons enfin à l'écluse, tous les bateaux nous y attendent et les
équipages s'impatientent.
17h30 sortie d'écluse
17h35 Port Lalande, nous prenons des amis de Jean-Paul à bord et direction Port Gauban.
18h25 arrivée port Lalande
Nous avons parcouru 34 km, ceux qui sont rentrés directement 26.
Le soir, dîner à la Commanderie, discours de Michel président fondateur sur l'historique de l'A.B.V. évoquant le chemin parcouru par l'association depuis sa création en mai 2000..
Dimanche 16 mai
Je commence par nettoyer la grille et le cendrier de Clauchar et coupe du
bois pour Mélusine. Bruno me dit qu'hier avant la fin de la balade sa machine a
cogné un peu plus fort que d'habitude. Nous partons faire un essai en face de
Port Lalande. Effectivement à pleine vitesse elle cogne mais difficile à
déterminer l'endroit. Nous inspectons les tête et pied de bielles, les excentriques,
rien d'anormal. La tige du tiroir a, quant à elle, du jeu, mais le bruit ne vient pas
de là.
Nous rentrons au ponton et démontons le fond de cylindre pour vérifier le
boulonnage du piston : RAS, puis la plaque de la chambre du tiroir. Le pas de vis
entre la tige et la table des lumières est foutu, l'écrou joue sur la tige et
les lumières ne sont plus correctement réparties. On remonte, mais il faudra
réparer.
Il est midi, on arrête.
L'après-midi Clauchar à nouveau. Je refais le niveau d'eau puis c'est
l'éclairage 45 mn pour obtenir un bar et bientôt l'aiguille du mano frôle le
trait. Manœuvre, en arrière, en avant, on vire, on passe sous la passerelle et
hop, le Lot à nouveau. L'aiguille ne décolle pas les 5 bars, le régulateur
est ouvert à fond, le bateau avance.
Dans l'après-midi déjà les premiers bateaux sortent de l'eau aidés par le
tracteur du responsable du port, ce qui nous a bien facilité la tâche.
Le soir, dernier resto, demain on rentre.
Une pensée va vers ceux qui pour des raisons familiales n'ont pas pu participer à cette sortie.
Notes :
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