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Suzanne en restauration notable
Marc André Dubout
Ces quelques modestes lignes
qui vont suivre sont dédiées à Marcus, l'homme providentiel qui nous est
venu, je ne sais pas d'où, comme tombé du ciel pour prendre en
main, cette réparation qui me semblait non pas impossible, (à Sequana on
fait des miracles), mais je ne voyais vraiment pas comment se sortir de cette
réparation dont l'ampleur m'effrayait un peu.
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Tout a commencé en novembre 2024 après la sortie de l'eau de Suzanne et son grand toilettage d'hiver. Au moment de soulever les planchers à l'avant du bateau nous avons découvert des anomalies de la coque sur plusieurs bordés qui ne laissaient présager rien de bon pour la suite. En effet des détériorations, dues à l'humidité, avaient entamé un pourrissement avancé du bois sur leur face intérieure. J'ai appris ça à mon retour. À partir de là, six parties de bordés étaient à remplacer au niveau de l'étrave quatre à bâbord, deux à tribord. Après évaluation, Roger est allé chez Carestia, spécialiste des bois de construction à qui Sequana fait appel, pour acheter les planches de sipo dans les lesquelles seront découpés les bordés à remplacer.
Pendant ce temps une équipe constituée de Yves, MAD, Vincent, Gilles a commencé le grattage des parties à vernir lorsque la température, plus clémente le permettra.
De son côté Marcus,
spécialiste en charpente marine, a diagnostiqué le travail à entreprendre pour
remplacer des virures. Pour lui, en capacité à diriger un tel chantier ce
travail ne pose pas de problème.
Bordé1 ou virure2 That is the question ?
À la mi-novembre, après son
expertise, il nous recommande de changer les virures pourries sur les
2 flancs avant de la coque.
ll n'y a plus qu'à se mettre au travail, d'autant que le chantier de Roastbeef
est en attente de vernis et que le temps ne se prête pas à cette opération.
Repérage à l'intérieur de la coque.
14 janvier 2025
Dessin Atelier François Blatrix
En bleu la largeur de la virure à remplacer. En rouge la largeur de la
contreplaque pointée sur la virure avec en noir le trait de référence. Tous les
10 ou 15 centimètres on mesure les écarts M1 et M2 (en jaune) à reporter sur la
nouvelle virure. chaque mesure est notée sur la contreplaque.
On voit la future virure sur laquelle est posée (fixée) la contreplaque avec les
mesures d'écarts par rapport au trait de référence.
Une fois à la bonne épaisseur (17 mm.) les virures repérées et classées sont
rangées
On pose (ou fixe) la contreplaque sur la virure et on reporte les écarts notés
de chaque côté du trait de référence. L'opération suivant est de réunir les
points de report, ce qui donnera la forme exacte de la pièce.
Il ne reste plus qu'à joindre les points de report ce qui donnera le traçage de
la forme de la virure à poser.
On perce d’abord quelques trous dans l'épaisseur de la virure là où on
veut la découper. Ensuite des trous plus gros sont percés à la scie cloche pour
laisser
passer des serre-joints qui vont maintenir la mise en forme de la virure de
substitution. Vues de tribord et bâbord
23 janvier 2025
L'étuve fabriquée par Pierre.
Pose de la virure aussitôt sortie de l'étuve.
28 janvier 2025
Pose du deuxième bordé côté tribord.
Et côté bâbord. Pour l'appliquer sur le bordé d'origine afin de lui imprimer
globalement sa forme, il faut le maintenir avec un serre-joint à une extrémité
puis à plusieurs l'appliquer le plus possible contre le bordage et le maintenir
à son autre extrémité (étrave).
30 janvier 2025
Pierre coupe les têtes de rivet en cuivre pour désolidariser la virure ou le
bordé des membrures.
Maintenant, il entaille les anguillers4 qui n'avaient pas été faits à l'étrave, ce qui
empêchait l'eau de circuler.
L'anguiller est un passage de petite dimension situé au pied d'un couple où d'une
varangue ou de la quille, afin de permettre à l'eau stagnant dans les
fonds de circuler vers un puisard où elle pourra être aspirée par une pompe.
4 février 2025
Une fois les têtes de rivets coupées, Michel les a repoussés avec un
chasse-goupille, ce qui a provoqué des éclatement des bordés pendant que je les
extrayais à l'aide d'une paires de tenailles.
En se rapprochant de l'étrave, à l'endroit où le rivetage n'était plus possible
à cause du manque de place, les bordés étaient vissés dans les membrures. c'est
en cassant petit à petit les bordés que nous mettions le vis en apparence pour
les dévisser relativement facilement puisqu'elles étaient en cuivre et par
conséquent non oxydées. En fin de journée les deux bordés étaient démontés
propres.
Mardi 6 février 2025
À
cinq ou six, nous basculons Suzanne sur bâbord pour mieux présenter la face à
réparer.
Marcus nous montre comment surfacer les bordés. Nous nous y mettons avec Yves.
Puis il découpe un morceau de bordé légèrement pourri de l'intérieur.
Il façonne une pièce de bois pour compléter la lacune et l'ajuster au bordé
supérieur.
Il fait de même sur la varangue sur laquelle la partie pourri s'appuyait et
façonne un pièce triangulaire de remplacement.
Il colle les deux pièces rapportées et bloque le tout avec des serre-joints.
Pendant ce temps avec Yves, nous refaisons une pièce de bois appuyée sur la
quille qui supportera les planchers.
Marcus finira la journée par la fabrication d'un scarff pour réunir le bordé en place avec celui qui viendra s'ajouter. Cette fonction s'appelle "écarver".
11 février 2025
Aujourd'hui le travail consiste à ajuster les virures. C'est le jeu du rabot qui
va œuvrer mais attention il ne faut pas retirer trop de bois. La pièce collée
mardi dernier est bien ajustée et résistante.
Après un petite dizaine d'aller-retour entre le bateau et l'établi la virure
supérieure s'applique bien sur les membrures.
Mais il faut raboter encore un peu.
Cette fois, c'est bon.
13 février 2025
Ajustage et pose des 2 virures tribord avant collage du scarff.
On a passé la journée à faire des aller-retour entre le bateau et l'établir de
menuisier pour ajuster les deux virures. tribord A chaque fois : serre-joint ,
marteau pour ajuster, marquage sur la virure et retour à l'établi pour le rabot
rabot.
Quand les dimensions deviennent bonnes, Marcus visse la virure à l'avant dans la
quille et au milieu sur les varangues.
Sinon, on revient à l'établi. On a fait ça vingt fois.
Jeudi 27 février 2025
Avec Yves on a attaqué le côté bâbord, repérage et extraction des vis qui fixent
les virures à démonter.
Marcus a fait un scarff sur une des membrures abîmée.
Mardi 4 mars 2025
Démontage des virures, collage à l'epoxy du scarff et silicone entre les
membrures et les deux virures. Nous avons dû fixer les virures temporairement avec
des vis inox, les rivets de 2,7 mm. étaient trop courts. Nous en avons commandés
pour mardi prochain.
Calage du scarff pour le collage.
Jeudi 6 mars 2025
Attaque des virures bâbord.
Tout d'abord celui du haut qui nécessite deux scarffs. On commence par extraire
la partie pourrie du bordé. Yves le coupe à ses deux extrémité et je me charge
de le retirer par petits bouts car on trouve encore des vis noyées dans une
varangue.
Marcus a fait un scarff sur une membrure abîmée.
Puis Marcus fait les scarffs sur les parties restantes du bordé puis
sur celle à changer. Le bois qui avait été torsadé à la vapeur a retrouvé en
partie sa position rectiligne. Une fois ajusté on l'a trempé cinq minutes dans
l'eau de la Seine avant de le fixer sur le bordage. Aujourd'hui, Marcus a joué du
ciseau à bois et du serre-joint.
Mardi 11 mars 2025
Nous procédons au rivetage du bordé. Tout d'abord, perçage de l'ensemble des
membrures et bordés (diamètre 3,5 mm.). Yves introduit le clou de section carrée
de 3 mm. de côté par l'extérieur de la coque. Marcus à l'intérieur introduit la
coupelle, coupe le clou en laissant dépasser 1.5 fois la section. Ensuite Yves
introduit le tas (qui sert de contre-bouterolle) sur la tête du clou pendant que
Marcus mate le clou sur la coupelle. Et ce pour tous les rivets posés.
Rivetage et collage du premier bordé bâbord.
Nous avons fini et fixé le premier bordé sur bâbord. Ce bordé, le plus court,
comprend deux scarffs.
Jeudi 13 mars 2025
Aujourd'hui nous avons posé le deuxième et plus long bordé sur bâbord.
Mardi 18 mars 2025
Aujourd'hui c'est la pose du deuxième bordé bâbord, le plus long. On aurait pu
les nommer il n'y en a pas deux pareils.
On l'avait mis en place jeudi dernier, mouillé par l'eau de la Seine et maintenu
fermement par des serre-joints. Facile à démonter, il a néanmoins gardé sa
torsure et maintenant, on va le fixer encore un petit coup de rabot, préparation
de la colle Epoxy, des clous en cuivre, coupelles et outil, et on le repose avec
ses serre-joints en laissant libre les trous qui travers le bordé et les
membrures. Yves enfonce le clou jusqu'au fond de son logement, maintient la
contre-bouterolle. Marcus est à l'intérieur, quand il voit le clou
apparaître (il applique la coupelle contre la membrure) puis il coupe le clou
(Guy d'Houille qui m'avait embauché pour une séance de rivetage il y a bien
longtemps m'avait dit qu'il faut le couper à une fois et demie sa section) puis,
c'est le matage de l'excès sur la coupelle qui devient prisonnière en serrant le
bordé sur la membrure.
Aujourd'hui, c'est Yves qui tient solidement la contre bouterolle.
Une fois tous les rivets mis, le bordé est fixé sur le bordage.
Contrairement à ce que l'on pouvait penser, on ne passe pas au bordé suivant mais directement au galbord, c'est à dire celui contigu à la quille. Donc opération de démontage du galbord à remplacer : scie sauteuse, marteau, ciseau à bois puis grattoir meuleuse pour avoir une portée propre sur la quille.
Ca y est l'ancien galbord a sauté, ça ne résiste pas sous la pression des outils
mais on fait attention, il ne faut pas aller trop loin, on ne eut plus revenir
en arrière ou alors il faut bricoler.
Même technique on ne le fixe pas aujourd'hui. Petite baignade du bordé dans la
Seine bienfaitrice puis positionnement en vrai grandeur avec les serre-joints,
jusqu'à jeudi. On avance.
Mais pour anticiper un peu, le dernier bordé bâbord, on le mouille (toujours
dans la Seine) et on le serre sur celui qu'on a posé ce matin pour lui redonner
sa forme.
Jeudi 20 mars 2025
Aujourd'hui, c'est la finition, la pose et le rivetage du galbord. Il a fallu
nettoyer la portée de la râblure pour que le que le galbord coïncide
parfaitement avec la quille.
Et comme la semaine dernière, pour anticiper, on mouille le dernier bordé
(toujours dans la Seine) et on le serre sur celui qu'on a posé la fois
précédente pour lui rappeler
sa forme à prendre.
Mardi 25 mars 2025
Marcus et Yves ont posé et fixé définitivement le dernier bordé bâbord. Marcus a poncé l'ensemble des nouveaux bordés sur l'étrave.
Jeudi 27 mars 2025
Marcus : ponçage extérieur et intérieur des bordés, époxy sur les trous de vis
et rivets.
Jeudi 3 avril 2025
Yves a poncé l'étrave bâbord pour effacer les excès d'époxy.
Sous couche et mastic bâbord.
Sous couche et mastic tribord.
Enfin Suzanne est redressée sur son ber en attendant les couches de
peinture et sa mise à l'eau..
Par la suite, nous avons réarmé la bateau avec ses agrès, accessoires et
outillage en
vue de faire un essai sur la Seine car fin juin , " La Traversée de Paris
"
organisée par le " Cercle
Motonautisme Classique "5
et le " Yacht Moteur Club de France "6 était programmée et Jean-Jack, Suzanne et Vigie y
participaient.
Notes :
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