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            ...de Suzanne aux Bains de mer

Marc André Dubout

Si la mode des bains de mer naît en Angleterre à la fin du XVIIème siècle principalement pour des raisons de santé voire médicales, elle se développe en France au XIXème S. avec l'industrialisation, le chemin de fer et les loisirs. C'est ainsi que, près des côtes françaises, un certain nombre de lignes dites des "Bains de mer" se créent formant un tissage de voies ferrées littorales qui acheminent vers les plages une clientèle aristocratique.
Peu à peu les stations balnéaires cessent d'être un espace médical pour devenir des lieux de loisir, de distraction largement favorisés avec le développement des casinos destinés à distraire la clientèle qui les fréquente.
L'esprit des "Bains de mer" a en commun avec celui du "canotage" cette volonté affirmée de se divertir, cette dimension de sociabilité partagée dans le plaisir comme le montre ce tableau de Monet Sur la plage à Trouville, 1870-1871.

 

La Fête de la vapeur 2016 c'était...

En 2016, le Chemin de fer de la Baie de Somme s'est surpassé pour fêter la Vapeur. Encore plus fort qu'en 2013, célébration de la première décennie de cet événement, cette année encore la grille des "Bains de mer" était à son apogée en terme de circulations.
De même inspiration, la grille 2016 reprend le même schéma mais avec plus de traction vapeur en tête des trains au départ et des changements de machines aux terminus, ce qui évite l'attente de la remise en tête.

Bien évidemment, c'est la voie métrique qui était la plus représentée (écartement du C.F.B.S.) avec comme matériels invités :

- la 131T 99-6001 du Hartz (Allemagne)
- la 030 JS-909 du Chemin de fer de Blonay—Chamby (Suisse)
- la TIV 75 du Musée des Tramways à vapeur et des chemins de fer français accompagnée de la voiture à bogies BB 7 (ex Vienne)
- l'AR 86, un autorail de l'Association pour la Sauvegarde du Vicinal (Lobbes—Thuin) (Belgique)

La voie normale aussi était présente avec :

- la K8 de la Fédération des Amis des Chemins de Fer Secondaires (FACS)
- la 230 D 9 de la Cité du train (Mulhouse) 
- la  130 Norwegian à tender du Kent and East Sussex Raimway jumelée avec le CFBS (Grande Bretagne)
- la 020T Fred du Stoomcentrum Magdelem (Belgique)
- les voitures B10 OCEM État et une Bacalan de l'Amicale des Anciens Amis de la Traction Vapeur du centre—Val de Loire.
- Une rame Spague du métro parisien de l'ADEMAS/RATP (Versailles)

Enfin la voie de 60 était présente à Cayeu et au Crotoy avec :

- la 030T Decauville de l'Association pour la Préservation du Patrimoine des Véhicules Anciens (Somme)
- l'autorail AT-1 pétroléo-électrique Crochat du Musée des Transports de Pithiviers (Loiret) 

Sans compter les nombreuses et diverses animations : locomobiles, banc de scie, saboterie, voie de 40, etc.

Mais dans le port, sur l'eau, en silence évoluait avec élégance la belle "Suzanne" de SEQUANA sous le regard étonné des visiteurs-amateurs de chemins de fer anciens.
Arrivés vers 13 heures à St Valéry nous avons pu gruter Suzanne au chantier naval en amont de l'écluse vers 16 heures pour passer de l'eau douce à l'eau salée vers 18 heures.

Grutage précis à l'aide d'une vieille grue routière immobile sur le quai mais encore bien vaillante.
Suzanne a été posée délicatement sur la Somme dont elle prenait contact avec les eaux pour la première fois.
Ça y est, elle est à l'eau. Soulagement. Le grutage provoque toujours un petit moment de stress.
Joselyne se prépare à allumer la chaudière pour rejoindre le port.
Non loin du chantier l'écluse de St Valéry dont le bassin entre les deux portes amont et aval est de grande capacité. Des portes permettent des chasses hydrauliques impressionnantes destinées à désensabler le port de Saint-Valery-sur-Somme. Expérimentées durant deux années de 2012 à 2014, ces chasses hydrauliques retiennent l’eau du canal de la Somme, à marée montante, pour la lâcher ensuite, quand la mer se retire. Ces lâchers d’eau chassent les sédiments déposés dans le port de Saint-Valery-sur-Somme vers le large. 
Auparavant, on retirait les sédiments par un curage mécanique, pratiqué tous les quatre ans. Ceci s'est avéré coûteux, et guère adapté aux nouvelles normes environnementales, car il fallait bien déposer ces sédiments quelque part.
L'écluse sert également de passe à poissons qui permet aux migrateurs de rejoindre leurs eaux originelles.
Le Président et la Trésorière débarquent  de notre chaloupe après avoir vérifié que tout était en ordre pour la navigation de demain.
Les vêtements chauds sont de rigueur, certains matins du givre recouvrait les vitres des voitures et nous sommes plusieurs à être revenus avec le mal de gorge.
Le port de Saint Valery sur Somme se situe à l’embouchure du Canal Maritime de la Somme et au fond de la Baie de Somme classée au patrimoine mondial des plus belles Baies. C’est donc un port à la fois maritime mais aussi fluvial. 
Le port de plaisance comprend 250 places d’amarrage et se situe en plein cœur de ville, proche des commerces et restaurants.
Il peut accueillir des bateaux ayant une longueur maximum de 16 mètres et un tirant d’eau de 2,30 m. Donc pour Suzanne pas de problème. Nous étions amarrés au ponton que la Capitainerie a mis gracieusement à notre disposition.
Dès notre arrivée, nous étions directement plongés dans l'ambiance "Chemin de fer" avec cette quintuple circulation "haut-le-pied" qui franchit le pont sur la Somme à deux pas de la pizzeria où nous nous restaurions.

 

LA BAIE DE SOMME

C'est une vaste étendue estuarienne de 70 km2 soumise à un régime tidal important (marnage de 9-10m ; vitesse des courants 2 m/s) où domine le flot. En effet, celui-ci est plus rapide que le jusant, cette dissymétrie des courants de marée expliquant en grande partie le colmatage de la Baie de Somme. A chaque marée, une quantité importante de sédiments reste piégée préférentiellement sur la rive Sud du fait de la morphologie de la Baie et de la faiblesse des courants de jusant. Les masses d’eau mises en mouvement sont considérables (d’une centaine à plus de 350 millions de m3 selon le marnage en prenant en compte le delta externe).
Un rétrécissement entre les ports du Crotoy et St Valery isole deux grandes parties: une baie externe ou voie de Rue ouverte vers le large, une petite baie à l’est en grande partie colmatée de nos jours

 

Samedi 16 avril 2016
Equipage ; MAD, Jean Jack Gardais, Jean-Jacques Garavoglia, Guy Lécuyer, Joselyne Vignoble.
21 Km, 7 heures de chauffe.
Première journée de navigation à l'eau saumâtre entre l'aval de l'écluse et l'Office du Tourisme dans le petit port de Saint Valéry-sur-Somme, soit un distance de 800 m. sous les yeux des voyageurs que les trains successifs déversaient sur le quai de St Valéry-Port.
Petit détail technique, lors de nos essais à la gare d'eau, nous avions constaté une fuite importante au condenseur sous la quille. Une réparation rapide ne nous ayant pas permis de tester l'étanchéité du condenseur, nous avons dû nous résoudre à fonctionner sans, par conséquent en échappement libre comme sur les bonnes vieilles locomotives à vapeur..
Nous étions dans le ton.
Malheureusement nous n'avons pas pu embarquer de passagers, l'accès au ponton étant protégé par un code.
Merci à tous ceux du Chemin de fer des Chanteraines qui ont pu malgré tout naviguer quelques minutes avec nous, Nous aurions aimé leur faire partager un peu plus longtemps notre passion.

Vue avale du port de St Valéry sous un ciel capricieux délivrant sur nos épaules des averses renouvelées.
Vue en direction de la baie. À babord le cœur de ville et à tribord la digue N canalisant le flot de la Somme.
Notre barreur Guy d'Houilles en remontant vers l'écluse.
Inlassable constructeur et restaurateur de Suzanne, c'est lui qui a gratté, calfaté, enduit, poncé, peint, verni, manutentionné,...  et j'en oublie, notre chaloupe à vapeur préférée. 
Le "Somme II", ancien bateau baliseur, restauré par l'Association "Somme II" et classé monument historique en 2000.
Appelé familièrement le "Tonnier" à cause des tonnes (balises) que sa mission appelait à déplacer en baie, ce bateau de belle ligne a été construit à Arcachon  (Chantier Auroux) en 1950.
Long de 17,50 m;, d'un maître bau de 5,80 m., pour un tirant d'eau de 1,48 m. ce bateau était muni d'un moteur Baudoin CG3 diesel de 150 Cv à 3 cylindres.
Désarmé par l'Administration des Phares et Balises en 1999, il fut classé au titre de témoin de l'activité en baie de Somme.
Propriété du Conseil général de la Somme, il fait aujourd'hui découvrir aux visiteurs le patrimoine maritime et fluvial en baie et sur le canal, sans oublier la faune, la flore et les activités traditionnelles locales.
Sur le quai, le train. Cette image rappelle, pour les plus vieux d'entre nous, le port maritime de Dieppe avec le train sur le quai donnant correspondance pour le ferry en partance pour New-Haven. C'était le début des vacances, un mois en Angleterre. Le départ se faisait gare Saint Lazare à la vapeur et le train nous transportait vers la liberté.
Locomotive "Norwegian" n°1163 de 1919 construite par Nidqvist & Holm A.B. à Trollhättan et voitures de
l'Amicale des Anciens amis de la traction Vapeur du centre—Val de Loire, en attente de Départ pour Noyelles.
Dans la grisaille et la froidure du samedi
(Photo Jacques Ribard)
La Machine Schindler fonctionne, ces jours-ci, en échappement libre.
Fin de service, nous allons à Noyelles, puis au Crotoy pour avoir une idée de cette manifestation hors du commun.

Dimanche 17 avril 2016
Equipage ; MAD, Jean Jack Gardais, Jean-Jacques Garavoglia, Guy Lécuyer.
19 Km, 6 heures de chauffe.
Givre sur les vitres de la voiture, le matin de bonne heure, beau soleil mais temps froid.
Après un café-croissant pris au bistrot du coin, nous regagnons "Suzanne" au ponton.
Les navigations se feront aujourd'hui sous un beau soleil mais un soleil dont les rayons sont insuffisants pour nous réchauffer.

 160415_46.jpg (104414 octets)(Photo François & Isabelle Malatier)

Lundi 18 avril 2016

Une annexe nous emmène au milieu de l'écluse et nous laissera à un corps mort pour repartir dans le port. Cette opération de bonne intention nous a quand même obligés à allumer pour franchir les derniers mètres qui nous séparaient de la porte amont.
Puis ce fut à nouveau le grutage et le retour sur Chatou.


Les Belles Élégantes d'Art & Chiffon étaient venues en force avec pas moins de 25 personnes costumées dans le ton de la "Belle Epoque". (Photos Guy Lécuyer)

160415_56.jpg (294819 octets)
On se relaie à la machine


Les cafés aussi ont du succès. Havre d'un peu de chaleur et de convivialité, on s'y réfugiait pour récupérer un peu.

Quelques photos des locomotives et autres matériels roulants (liste non exhaustive)

La 020T Corpet-Louvet n°25 Paul Frot de 1927 en tête de la grue roulante des Économiques de la Somme.
Locotracteur RACO de 1957 ex Chemins de fer Rhétiques.
La 030T CM n°101 Pinguely de 1905 de la FACS.
La 130T Corpet-Louvet N° 1 de 1906. "Aisne"
La grue roulante des Économiques de la Somme.
L'autorail AR.86 de l'ASVI, construit en 1934 par SNCV Brabant.
Voiture des Économiques de la Somme, originelle du réseau.
La draisine Billard à essieux SE.4 de 1929 (AAPA).
0B0-21 RACO de 1965 des Chemins de fer Rhétiques. 
La "Flèche d'or" (dénommé Golden Arrow du côté britannique) était un service « train + bateau » de première classe Pullman qui circula entre Paris (Gare du Nord) et Londres (Victoria Station) de 1926 à 1972 (sauf pendant l'Occupation).
Locomotive 030T Decauville n° 1652 de l'APPEVA et sa rame voyageurs dans une rue de Cayeux.
L'autorail AT-1 pétroléo-électrique Crochat du Musée des Transports de Pithiviers (Loiret) 
La 131T 99-6601 du Chemin de fer du Hartz construite par Krupp en 1939
Ambiance du début du XXème S. en gare du Crotoy
Locomobile Merlin de 16 Cv
Banc de scie horizontale
Locomotive Pacific K8 de la FACS
La  130 Norwegian à tender du Kent and East Sussex Railway jumelé avec le CFBS (Grande Bretagne)
La 020T Fred du Stoomcentrum Magdelem (Belgique)
La 230 D 9 de la Cité du train (Mulhouse) 
Rame Sprague du métro parisien ADEMAS/RATP.
Locotracteur Y 2107 BDR en VN de 1951.
La 030T JS-909 du Chemin de fer de Blonay—Chamby (Suisse).

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