La restauration

À son arrivée en 1987, il a fallu très vite démonté le radiateur qui présentait quelques fuites et l'envoyer, à côté, à l'usine Chausson (qui existait encore à Gennevilliers) qui nous l'a gracieusement réparé. 
Sur cette photo, on le voit capot et radiateur démontés.

Puis suit un silence de 20 ans (voir histoire).
L'ayant acquis en 2005, je commence à le démonter en vue d'une grande révision le 29 janvier 2006. L'aventure commence.

Samedi 29 janvier 2006, nous avons entrepris le démontage du locotracteur N-04 Decauville n°643 de 1933. Arrivé le 29 novembre 1986 au CFC, ce locotracteur a fait ses premiers tours de roues dans l'heure qui a suivi. C'est peut-être la raison pour laquelle, aucun soins ne lui fut prodigués. Pendant vingt ans, il a circulé comme ça, simplement en mettant du gas-oil dans le réservoir. Un seul inconvénient de taille cependant ; il crache abondamment de l'huile et ses sorties en public pour cette raison lui sont restreintes.
Dès la première séance, l'ensemble de la cabine, radiateur, moteur et boîte de vitesse étaient descendus, laissant à nu le châssis et les essieux accouplés par une chaîne.
En février 2006, après un diagnostic attentif, nous procéderons à la révision ou remplacement des pièces usées (cônes d'embrayage, segmentation, etc.), l'intérêt est que ce locotracteur est arrivé  au CFC avec toutes ses pièces d'origine. Sa construction est rustique et toutes les parties constitutives sont faciles d'accès, ce qui simplifie largement la tâche.
Dépose du toit.

et de la cabine.

En mars 2006, je commençais le nettoyage des pièces et envoyais les essieux chez Merlin-Castets pour en refixer les roues sur la fusée. Ce travail a nécessité l'extraction de chacune des roues, la reprise au tour des fusées, la pose d'une bague entre la roue et la fusée puis le calage. Opération lourde mais nécessaire. Au dépôt nous en profitions pour ouvrir la boîte de vitesse et en vérifier l'état des différents pignons.
Je profitais du printemps pour gratter et repeindre le châssis.
Essieux de réemploi. Noter la mention "Petit Bourg". Il est certain que la fabrication essieux est bien antérieure à celle du locotracteur.

En avril 2006 tous les principaux organes sont séparés : châssis, moteur, boîte de vitesses, essieux, etc.

La boîte de vitesses a été ouverte et nettoyée. Elle est en excellent état, sa mise en peinture n'a pas tardé.

Les roues vont être recalées sur les fusées par une entreprise extérieure.

Les accessoires ont été démontés, nettoyés et rangés avant le remontage.

Le châssis mis à nu a bien été protégé par la graisse. Après nettoyage et dégraissage, il sera repeint.

Le moteur est encore en attente de révision.

En mai 2006 le châssis a été gratté et repeint, les pièces sont en cours de nettoyage et de mise en peinture. Dès que nous aurons récupéré les essieux qui sont en réfection, nous commencerons le remontage.
Au terme de son vingtième anniversaire au CFC le locotracteur Decauville retrouvera une nouvelle jeunesse.
Démontage de la boîte de vitesses. À gauche la partie rapports de vitesse, à droite l'inverseur de marche.
La sablière avec son mécanisme d'ouverture. Elle agit seulement entre les roues de gauche.

Au début de l'été, le châssis était terminé, la boîte de vitesses refermée et repeinte, mais nous n'avions toujours pas ouvert le moteur. Nous laissions passer les Journées Portes-ouvertes et celles du Patrimoine sans toucher au Decauville. 

Le châssis flambant neuf dans sa nouvelle livrée.

Gros plan sur l'essieu avant. Essieu de réemploi marqué Petit Bourg.

La chaîne d'accouplement prise sur l'essieu arrière (essieu moteur). Noter les points d'ancrage du moteur CLM.

Essieu avant. Les 4 cales sont sur les points d'ancrage de la boîte-inverseur.

Le plancher de la cabine avant mise en peinture. Le levier de frein vient d'être remonté.

En décembre 2006 les travaux reprennent après les journées Portes-Ouvertes, du Patrimoine, les vacances et notre manifestation au Bouleaume.
Jacques H. a déculassé le moteur et sorti les deux pistons qui travaillent en opposition dans l'unique cylindre. Le segment coup de feu du piston inférieur est cassé et un nouveau m'a été gentiment offert par Pascal Durand (Merci Pascal). La chemise a été glacée à l'aide d'un outil spécial qui nous a été prêté pour la circonstance. Jean-Claude a fabriqué un outil pour extraire la partie supérieure du piston afin de remettre en place les deux segments dont le "coup de feu". Pendant ce temps je finis de peindre le châssis et les essieux et la timonerie de frein qui a été remontée et réglée. Différentes pièces ont également été nettoyées et mises en peinture. Le remontage de la mécanique a commencé.
On peut raisonnablement espérer le voir fonctionner en 2007
Démontage de la culasse. Au centre le piston inférieur et de chaque côté les biellettes du piston supérieur.
Le vilebrequin avec les trois bielles
Le piston inférieur avec ses segments.

En janvier 2007 je commence la peinture de la tôlerie. Le moteur vient d'être remonté et sa compression n'a plus rien à voir avec celle qui précédait le démontage. Le remontage final est en cours. Il reste encore quelques tôles (capot et toit) à redresser avant la mise en peinture.
La couronne intermédiaire assurant la liaison moteur-boîte.
La partie de plaisir pour réaccoupler la boîte au moteur...

En mars 2007 
Après le remontage de l'ensemble, moteur, boîte, les parties de carrosserie ont été mises en peinture. Gilbert a réglé l'avance du moteur. Le  capot, les volets, et le toit sont en cours de mise en peinture avant le remontage final, mais on peut raisonnablement espérer le voir fonctionner pour les journées Portes-Ouvertes des 12 & 13 mai.

Le N°4 Decauville, une des premières sorties, ça fume encore, mais c'est mieux. Et puis j'ai mis un double échappement en rajoutant une sortie vers le bas qui fume mais ne tache pas.
On va enfin pouvoir le présenter au public

Le carter de la pompe à combustible, du régulateur et de la pompe à huile. Le bouchon en haut à droite sert au remplissage d'huile en cours de marche. Ce type de moteur "industriel" fonctionnait sans interruption pendant de longues périodes. On pouvait alors compléter l'huile sans l'arrêter.

Le Decauville vu de derrière.

Mise en peinture de la cabine.

Lundi 26 Février, lors de la visite de notre ami Arnoud Bongaards du Decauville Spoorweg Museum, le N°04 a fait quelques tours de roues pour le plaisir de notre invité. 

Il ne manque plus que le siège, mais il tourne comme une horloge enfin comme un CLM.

Video Le Decauville en train de manœuvrer le Campagne le 2 avril 2007.
Écoutez le son du moteur. C'est bien un CLM.

En avril 2007, il ne reste plus à construire que le coffre à outils qui sert aussi de banc pour la conduite, c'est chose faite. Coupées dans des planches en pin qui ont du servir d'étagères dans une armoire, les planches ont été dégauchies à Sequana puis collées-clouées pour réaliser le coffre. Le couvercle a été construit par Guy d'Houilles lors de l'aménagement intérieur de Suzanne.

Guy D'Houilles en train de raboter le fond du coffre.


Ceux qui ont participé à sa restauration
La restauration de ce locotracteur a été le travail d'une équipe entière, chacun apportant sa compétence au moment où elle était nécessaire. Je profite d'avoir le clavier entre les mains pour remercier François Borie, Michel Dubuis, Gilbert Dumy, Pascal Durand, Jacques Harribey, Jean-Claude Lalande, Volkmar Meier, Guy Lécuyer, Vincent Timcowsky, Thibault Zwiller qui m'ont aidé dans cette restauration réussie.