La vie sociale
En cette fin du XIXème
siècle les villages varois avaient des activités traditionnelles centrées
autour de la vigne, de l'agriculture, et l'élevage. Au cœur des villages,
l'artisanat et le petit commerce complétaient la vie de la communauté rurale.
Certains villages en fonction des conditions particulières (eau, argile)
s'étaient spécialisés dans des activités comme la tannerie ou la faïence,
le plâtre ou le verre. Nombre de bâtiments, moulins restent aujourd'hui les
témoins de ce passé pas si lointain que certains villageois s'appliquent
à conserver à travers des musées locaux.
Tourves n'échappe pas à cette règle. On y trouve une tannerie, des
carrières de marbre, une savonnerie et une fabrique de salpêtre. L'activité
essentielle restant la vigne, l'agriculture et l'élevage.
La découverte en 1822 des échantillons de minerai
d'aluminium par le
minéralogiste et ingénieur des mines Pierre BERTHIER (1782-1861) aux environs des Baux-de-Provence,
restera encore quelques années mystérieuse car contrairement aux autres
métaux l'aluminium n'y est présent que sous forme d'oxyde mais pas sous forme
métallique. Il faudra attendre près de 25 ans pour produire de l'aluminium à
partir de ce minerai (la bauxite) par réduction du
chlorure d'aluminium par le sodium, procédé mis au point par le chimiste Henri
SAINTE-CLAIRE DEVILLE en 1854.
C'est donc tardivement par rapport à d'autres industries métallurgiques que
celle de l'aluminium s'insèrera dans le Var qui est la seule région en France
renfermant de la bauxite dans sous-sol.
Ce gisement restera le plus important du monde pendant un demi-siècle avant de
découvrir les bauxites australienne, et guinéenne. La découverte de cette
nouvelle richesse a bien entendu profondément transformé le paysage et la vie
sociale de la Provence varoise qui du coup passe de l'activité agricole à une
activité industrielle.
Le minerai est envoyé à l'usine de Salindres dans le Gard qui est à l'époque
la seule usine chimique en France qui savait fabriquer de l'alumine selon le
procédé Deville, puis en extraire l'aluminium. Il faut attendre 1887 et le
procédé Bayer encore utilisé aujourd'hui pour produire de l'aluminium à un
prix industriel, raisonnable. C'est à peu près l'époque où l'extraction du
minerai varois connaît un accroissement sensible d'activité avec 2000
tonnes par an.
Au milieu des petites entreprises de moins de d'une dizaine d'ouvriers qui grattaient la bauxite en surface de manière artisanale, la compagnie Augé de
Montpellier mit en oeuvre des moyens techniques d'extraction et financiers pour l'acquisition
de terrains. L'exploitation devint véritablement industrielle, avec sur le
terrain la présence de compagnies françaises, puis européennes et mêmes
américaines. En 1914 l'activité en plein essor est ralentie à cause de la
guerre pour laquelle l'aluminium n'a pas encore les applications multiples qu'on
lui connaîtra lors du second conflit mondial.
Des agriculteurs et vignerons quittent les champs et les vignes pour aller
travailler à la mine, mais cette main d'œuvre
n'est pas suffisante pour satisfaire la demande et pendant le seconde guerre mondiale, sous la pression
des Allemands, la production augmente considérablement et ce sont des émigrés
italiens, polonais, espagnols et d'Europe de l'Est qui peuplent cette grande
famille des "Gueules Rouges".
Tourves principalement parmi les
communes du Var a joué un rôle
important pour l'accueil de ces étrangers venus extraire le précieux minerai.
Citons Claude Arnaud dans son livre sur Tourves : "Le départ de nuit, à pied, en 1917, à quatre heures et demie du matin pour aller, par le vallon du Bonheur, à la mine à Mazaugues faire ses dix heures et retourner de même le soir, puis le vélo et enfin le camion en 36, le début de la carrière à 14 ans au bricolage puis au roulage des berlines, les dangers, les dizaines de tonnes de minerai chargées à la pelle au fond comme au jour dans des wagonnets, les repas, la camaraderie, les luttes, tout ce qui fait le quotidien d'une vie de travail".
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texte à finir
Histoire des industries de la bauxite
Histoire économique et sociale
Histoire locale
Une journée du mineur (témoignages oraux de la vie des mineurs)