De Moute Venen ? à la gare de Tourves

D'où venons-nous ?

De Mounte Venen ? est devenu maintenant une tradition dans notre bon village de Tourves.
Depuis 1999, cette fête qui a lieu tous les deux ans, est attendue par les habitants du bourg et si les deux premières fois, elle a eu lieu sur l'esplanade du Château de Valbelle, cette année, en 2003, le samedi 9 août plus précisément, le tableau relatif à l'avènement du chemin de fer s'est déroulé à la gare de Tourves, site  tout naturel pour accueillir ce tableau.
Une répétition de la scène avait eu lieu la semaine précédente et les acteurs bénévoles de l'Association s'étaient remémorés leur rôle respectif.

Texte du tableau de la gare écrit par Jacques Charles Ciccione en 2001 et avec l'aimable autorisation de l'auteur

  

Ce samedi 9 Août, c'était donc le tableau de la gare in situ. Cette scène nous a inspiré ces quelques lignes

Première scène de ce tableau riche en couleur c'est l'attente du train.
En ce temps-là l'arrivée du train était un événement d'importance et les habitants venaient à la gare pour assister à ce spectacle.
Coup de sifflet à la sortie du tunnel et c'est l'arrivée du train en gare. La locomotive et ses trois voitures entrent en gare, le long du quai, sous un panache de fumée et au son du sifflet. 
Une voix d'enfant décrit le bâtiment voyageur avec assez de détails pour suggérer au public l'atmosphère très "Belle Epoque".
Puis les voyageurs descendent du train et sont accueillis par leurs familles et amis sous l'œil vigilant du chef de gare.
Le bagagiste approche du convoi avec sa charrette à bagages, se frayant un passage parmi la foule en costume. On s'embrasse sous les platanes en ce milieu d'été, les cœurs sont chauds et les sourires comme des éclats de lumière sous les frondaisons.

Aujourd'uei es dimencho, li a fouesso moundo su lou quai de la gare, mai qué d'abitudo. Fa uno calor ! Un béôu moundo qu'espéro lou trin qué tardarapa dé si destrouca d ôu tunel émé soun panacho dé fumado. Aujourd'hui, c'est dimanche, il y a du monde sur le quai, peut-être un peu plus que d'habitude. Il fait chaud. On attend le train, il ne va pas tarder à sortir du tunnel avec son panache de fumée.
Lei frémo soun vestido émé dé bello raoubo d'espoco prouvencalo, lei coueifo que pouartoun su la testo soun garnido dé dentello facho où fuséoù qué lé dien de la Valencino.
Lei omé pouartoun lou capeoù aut, souto lou mentoun un jabeoù ben estira émé d'amidoun s'aroundis où tour doù coualo. Si soun fa béoù per acuilli lou trin.
Les femmes sont en costume et en coiffe, les messieurs en chapeau haut de forme et jabot. C'est dimanche "on s'est mis beau" pour accueillir le train.
Lei baroulaire a destinacioun dé Gardano fan lei cent pas su lou quai a l'oumbro benfesente dei platano. Prénoun soun temps !
- Mai que fa aqu' éoù trin ? Resto ben d'ariba dis tout aoùt un bel omé en uniformo ?
Les voyageurs à destination de Gardanne font les cents pas sur le quai à l'ombre bienfaisante des platanes. On prend le temps.
- Mais qu'est-ce qu'il fait ? se demande cet homme en uniforme.
Qu'ouquer baroulaire traversoun lei rail d'où camindé ferro maugras qué lou  réglament siégué interdis.
Sian ben a la garo de Tourvé, qué béoù espaso de verduro.
Certains traversent même les voies, alors que le règlement l'interdit.
On est bien à la gare de Tourves, il n'y a pas de doute. Quel bel espace de verdure !
Lei bello fremé assetado su dé banc esperoun tranquilamen lou Tchou Tchou Huuuuuuuuuuuuu ! 
- Vé es aqui qu'aribo 
- Souerto dou tunel es pas en retard !
Vaqui qué lou chéfé de garo dresso soun drapéoù rouge.
Les Belles assises sur les bancs attendent tranquillement.
Tchou-tchou Huuuuuuuuuuuuu !
- Tiens, le voilà, il sort du tunnel
- Il n'est pas en retard.
Déjà le chef de gare lève son drapeau rouge.
Majestuousamen coumo uno reino la locomotivo intro en garo. Un évenimen per leis amis et parentado que soun vengu per l'accuilli.
Aoùtrei fes lou dimencho ero la coutumo dé veni assista a l'aribado doù trin.
Poudien pas manqua aqu'eoù évenimen qué rymavo la semano.
La locomotive comme une "reine" entre en gare majestueusement. Quel événement pour les habitants du bourg qui sont venus accueillir leurs parents et amis. 
En ce temps là, le dimanche, il n'était pas rare que l'on vienne assister à l'arrivée du train. C'était un événement qui rythmait la semaine et qu'il ne fallait surtout pas manquer.
Lou mécanicien qu'apres soun servici a Carnoulo es fiar. Es un "Senatour", mai sei brégo soun négro de fumado.
La pichouno locomotivo va fairé soun aigo en garo de Tourvé. Li a trento siei quilométro dé parcour despuei Carnoulo. A qu'elo maquino à sé, enca mai soun équipo, é sé laïgo fa de ben eis un, lou rosé rafresquara lei aoùtro.
Son mécanicien qui a pris son service au dépôt de Carnoules est fier. C'est un "Sénateur", mais son visage est tout noir de fumée. 
La petite locomotive va faire de l'eau en gare de Tourves. Déjà 36 kilomètres de parcourus depuis Carnoules, la machine qui vient de sortir du tunnel, a soif, son équipe aussi. Si l'eau sied à l'une, le rosé ira bien à l'autre.
Lou drapéoù rouge es dreisa per marqua l'aret.
Toutei lei trin, din lei dous sens marquoun l'aret en garo dé Tourvé, es uno garo de trésiemo classo, uno garo impourtento su la ligno doù centré Var.
Le drapeau rouge est levé pour marquer l'arrêt. 
Tous les trains, dans les deux sens, marquent l'arrêt en gare de Tourves. C'est une gare de troisième classe, une gare importante sur la ligne du centre Var.
Lou pouertaïre s'afusco émé sa carretto per ajuda lei baroulairé souven trou carga.
En aqu'ello espoco evaluavoun lei fortuno su la qualita dei mallo vo dei valise senco counta lei cartoun round a capéoù.
Le porteur s'affaire avec sa charrette pour aider les voyageurs souvent trop chargés. 
- Attention aux chevilles !
A cette époque on affichait son rang et sa fortune par une montagne de malles, valises et autres baise-en-ville, sans compter les cartons à chapeaux.
Qués urous de reveiré sa pitchounetto que va passa sei vacanco à Tourvé émé soun tountoun e sa tatà. 
- Digémi Tountoun mi dounaras uno lipado de méoù ?
Comme on est content de revoir la petite Pitchounette qui va passer ses vacances à Tourves chez son Tonton et sa Tata.
- Dis Tonton tu me donneras une lichée de miel ?
La pu bello damo ou capéoù borda de dentelle es urouso dé rétrouba soun épous qu'arivo de Draguignan émé l'expres de 16 uro 10, li a agu un déviramen a Carnoulo mounte a aganta l'omnibus de 19 uro 15 de Gardanano per ariba a Touvé a vingt uro cinq
Qué bello damo !
Qué bello espoco !
Cette belle au chapeau bordé de dentelle est heureuse de retrouver son mari qui revient de Draguignan par l'express de 16 heures 10 avec changement à Carnoules où il a attrapé l'omnibus de 19h15 de Gardanne, pour arriver à Tourves à 20 heures 05.
C'était le Belle Epoque.

Texte traduit en provençal par Madame Alberte Garrassin poétesse tourvaine. 

Puis c'est le coup de sifflet annonçant le départ. La petite locomotive, toute remplie d'eau, fume toujours en tête du convoi, le mécanicien aux commandes est prêt pour le départ. Les derniers voyageurs se précipitent aux portières et montent dans le train. Dernier coup de sifflet et sortie des foulards dans le calme de cet après-midi d'été et le train s'éloigne lentement en direction de Gardanne. Il passera la maisonnette du garde-barrières (le PN 26) puis le fourgon disparaîtra dans la courbe.

Chacun rentre chez soi. Dimanche prochain, on reviendra voir l'arrivée du train.
En tout cas l'année prochaine on reviendra sûrement sur l'esplanade du Château pour revoir
De Mounte Venen ?