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A Bonnières, le patrimoine est riche, mais hélas pas toujours visible. C’est le cas de l’allée sépulcrale du tombeau néolithique au dessus de laquelle a été construite une partie du centre Louis-Jouvet. Et c’est aussi le cas d’un témoin aujourd’hui silencieux et invisible de la richesse du passé industriel de la ville : une machine à vapeur “Farcot” construite en 1906.
A l’angle de l’ancienne usine Singer, vers les silos, la vieille dame à vapeur est intacte, ou presque, et elle se repose depuis 1968 sous un grand hall construit en brique rouge, comme le reste de l’usine. Mais cela n’a pas toujours été le cas.
DERNIERES VAPEURS EN 1968
Et au temps de la splendeur de l’industrie bonniéroise, elle a fourni de l’électricité à toutes les entreprises qui se sont succédé sur le site depuis le début du siècle : l’usine “Le Camphre”, d’abord, qui distillait les huiles minérales du même nom et produisait de la vaseline avant la Première Guerre, puis probablement l’usine métallurgique Saint-Eloi de Louis Piret située à côté, la Compagnie française du ferro-ciment et enfin l’entreprise Singer jusqu’en 1968.
Deux grosses génératrices étaient alimentées par une chaudière - qui a aujourd’hui disparu - et alimentant elle-même deux turbines. L’électricité produite par ces turbines était envoyée vers un immense tableau de fusibles, d’où partait l’alimentation électrique des usines.
A l’extérieur, une grande cuve témoigne encore de l’époque pas si lointaine où le mazout servait à faire bouillir l’eau de la machine à vapeur, mais il est probable qu’avant cela, la machine carburait au charbon. Le gardien actuel du site Singer affirme qu’en 1968, pendant les grandes grèves du printemps, elle avait été remise en état pour fournir les derniers kilowatts de sa longue existence. L’énergie nucléaire l’a aujourd’hui rangée au rang des accessoires...
CONSTRUITE A PARIS EN 1906
La date de naissance de l’ancêtre est indiquée sur la machine : “Farcot frères et Cie. Saint-Ouen - Paris. 1906”. Suit le numéro 2233. Il est probable que cette machine ait été commandée par la société “Le Camphre”, qui s’est installée sur les lieux en 1907. A moins qu’elle ne l’ait récupérée dans les locaux qu’elle a achetés cette année-là à la Société anonyme de Lille et Bonnières qui épurait des huiles minérales.
Tous ces renseignements sont portés dans le livre d’Albert-Anne, “Cent ans d’industrie bonniéroise”. On y apprend notamment, page 52, que l’acte notarié de la vente de l’usine “Le Camphre” à M. Léon Pognon (qui la revendra ensuite aux Ferro-Ciments), comprend “quatre chaudières de 125m3 timbrées à 10 kilos, deux ballons de vapeur, deux machines à vapeur Farcot, deux génératrices courant continu 230 V, 150 kW...”
Aujourd’hui, la mairie étudie la possibilité de restaurer ce patrimoine en liaison avec le conseil général et EDF. Des responsables d’EDF sont déjà venus la voir. Il s’agit probablement d’une des dernières machines de ce type. Il en existe une autre à Sainte-Croix-aux-Mines, dans le Haut-Rhin. Elle est “la pièce maîtresse” d’un musée-scierie.
D'après le courrier de Mantes du 23 septembre 1999