Dernières nouvelles de Suzanne... 10 ans déjà !

Marc André Dubout

Une valeur sûre et appréciée

Ça c’est passé un dimanche, un dimanche au bord de l’eau ! C’était le 11 juin 2006. 

Il fait beau, très beau même, Suzanne dans sa plus belle livrée a pris son premier bain, tout le monde est là, canotiers et robes à crinoline pour la voir. La machine fait ses premiers tours depuis plus d’un siècle d’endormissement et les volutes de fumée s’élèvent sous les applaudissements. Roastbeef, Chahut, Nymphée, Mouche, Lili, Mélusine, l’accompagnent sur le bras de Marly. La jour- née est parfaite. 

Oui, c’était il y a dix ans et nous n’avons rien vu passer… 

Aujourd’hui, Suzanne a pris quelques rides que nous devons effacer. Fleuves, rivières, canaux, lacs, mers lui ont laissé quelques marques que le temps a confirmées. 

Alors tout a commencé fin 2015, le 1er décembre exactement, jour où la chaloupe entre dans l’atelier par la grande porte pour la dépose de sa chaudière et de sa machine. Tout le monde l’accompagne sous les « bois de justice », la dépose est prête, boulons et tirefonds ne retiennent plus aucun élément, le palan peu agir. En moins de deux heures, la coque est vide, inerte, et ses organes vitaux sont rangés précieusement en vue de leur examen attentif et de leur nettoyage. 


Huit paires de bras déplacent avec soin Suzanne sous la directi on attenti ve de Marc André, le spécialiste de la vapeur.

C’est alors que les chantiers se mettent en place en fonction des sensibilités de chacun : coque, transmission, chaudière, machine et pour les jours meilleurs, peinture et vernis. 

Côté coque, c’est dans un premier temps le décapage de la peinture et de l’antifouling qui ne manquera pas de verdir l’atelier, puis le grattage de la coque, principalement les méats entre les bordés qui laisseront apparaître les raisons des quelques prises d’eau observées. Viendra ensuite la délicate opération de calfatage que Guy d’Houilles, allongé sous la coque, maîtrise parfaitement. Après le calfat, le bliouste comblera les lacunes. 

Côté mécanique, si la machine n’a pas trop souffert (reprise du coussinet de tête de bielle), en revanche l’ajustage de l’accouplement machine-arbre est à revoir. 

En ce qui concerne la chaudière, dix ans est la fin d’un bail qu’il faut renouveler. En effet les générateurs de vapeur font l’objet d’un suivi administratif officiel et incontournable et tous les dix la requalification du générateur est obligatoire par la législation. Cette opération se fait en deux temps : d’abord une visite visuelle de l’intérieur et de l’extérieur de la chaudière par un inspecteur d’un organisme agréé, ensuite vient ce que l’on appelle l’épreuve hydraulique qui consiste à remplir d’eau la chaudière, d’en clore les orifices et de faire monter la pression à l’aide d’une pompe pour atteindre la pression d’épreuve (en l’occurrence 12 bar) et de constater qu’il n’y a pas de fuite aux assemblages. Comme cette opération s’est passée en hiver, il a fallu à posteriori sécher la chaudière pour éviter les effets néfastes du gel. 

Pour le reste du compartiment machine ce n’est que démontage, vérification, nettoyage, rien de bien difficile mais indispensable pour la bonne marche.

Enfin nous allons procéder au re-montage de l’ensemble pour redonner à notre chaloupe préférée la belle allure que nous lui connaissons. En route pour la mener vers de nouvelles aventures. ! 

Requalification du timbre (10 bar).

 

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