Dorure à la feuille sur Roastbeef

Bertrand Chazarenc, chef du chantier

Un jour de foire aux Antiquaires, un  brave homme muni d’un superbe tuba acheté à la foire, passe la tête à l’atelier et me demande si le bateau de Caillebotte était bien ici.  

Je lui fais alors visiter le musée et en  voyant le rameau d’olivier sculpté par Guy à l’étrave du bateau il me dit tout de  go « Je fais de la restauration de cadres et de mobilier à la feuille d’or, si cela  vous intéresse, je peux vous apprendre la technique, ce qui donnerait une plus-value à votre bateau ». Banco, rendez- vous est pris pour la semaine suivante et nous voici, Bernard Romain et moi prêts à prendre nos premiers cours de dorure. 

Un essai est fait sur un morceau de Red Cedar, identique à la coque. Essai concluant et c’est par pour une première journée de travail. 

Le bon résultat dépend essentiellement de toutes les opérations avant la dorure proprement dite, 

« les apprêts ».

Décapage des rameaux à la mini ponceuse, polissage du bois sur les bosses, application d’une couche de vernis (mixtion) séchage 12h, puis passage de «l’assiette» mélange d’argile rouge, d’eau et de colle de peau de lapin, séchage 12h, et en final dépose d’un vernis « flatting ».  Séchage 12h.

Les apprêts étant terminés, une dernière couche de vernis est appliquée et nous pouvons alors poser les feuilles d’or découpées à la taille de chaque feuille d’olivier ; opéra on très délicate à effectuer sans un souffle d’air, pas même une respiration, au risque de voir la feuille d’or s’envoler. 

L’application se fait avec un pinceau rond « le rondin » qui permet de bien appliquer l’or dans les creux des sculptures. Après un séchage d’une semaine, le « rondin » est repassé cette fois pour polir les feuilles et rajouter de la matière là où il pourrait y avoir des manques. 

Le résultat semble satisfaire notre « maître d’apprentissage ». 12 heures plus tard, rien n’a bougé, le travail est terminé. Quelques semaine plus tard, Roastbeef part à l’YCIF faire la Régate " Voiles au fil de l’eau ", tout va bien, l’eau passe sur l’étrave sans décollement ni infiltration. 

Une très belle expérience. Merci Bernard Chéron.

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