QUOD AMO : HISTOIRE D’UN LIFTING

Alain de Goncourt et son équipe

Il est grand temps de vous mettre au courant de l’avancement de la rénovation de Quod Amo. Je risque de la part du comité de graves ennuis à rester muet.
Mon expérience de réparateur se limite au polyester (bah) et les mises en chantier aux maquettes, vous pouvez juger du chemin à parcourir. Vous trouverez donc, ci-après, les commentaires et la naïveté d’un bizut du métier. 

Tout a commencé au mois d’avril 2012. Le malade est mis à notre disposition, pour une opération de chirurgie lourde.

 

 

 

Notre première préoccupation a été de juger et expertiser l’ampleur des travaux. Nous avons donc photographié l’embarcation sous tous les plans, afin de repérer l’emplacement de l’accastillage et les points délicats source de fuites.
Ensuite grande séance de démontage et d’étiquetage des diverses pièces. Le gabarit et les capacités de reptation de Bruno ont été très utiles, pour ramper sous les coffres, pour atteindre certains boulons récalcitrants.

 

 

 

 

 

Puis vient un moment redouté de tous, à savoir les longues, très longues séances de grattage. Tout y passe l’intérieur, l’extérieur, les listons, le tableau, ... Merci Gilles pour ton opiniâtreté, alors que beaucoup d’entre nous faisaient «bronzette» en plein été.
Afin de juger de l’état du bateau dans les parties inaccessibles, le pont est déposé en prenant soin de repérer chacune des pièces. Compte tenu de son état et de la mauvaise qualité du bois utilisé, il sera décider, par la suite de le refaire à neuf.

 

 

 

 

 

 

L’accessibilité des parties AV et AR, nous permet de nous adonner à notre occupation favorite, à savoir ... le grattage.
Nous enlevons l’ancien calfat, source de bien des fuites au droit des coutures.
Ce déshabillage des hauts nous permis de juger de l’état des barrots, des serre-bauquières et des préceintres. Autant les barrots et les serre-bauquières étaient dans un état satisfaisants. 
Ce n’était pas le cas des préceintres que nous décidions de refaire à neuf. Nous apprenions sur les conseils des anciens à faire un scarf, qui plus est en courbe. C’est là que nous avons pu apprécier les compétences et la maîtrise de Roger dans l’utilisation de la raboteuse et de la dégauchisseuse. Après quoi, nous les posions à l’aide de clous et coupelles, technique de rénovation nautique bien connue. Tout est dans la longueur du clou et l’adresse du coup de marteau pour le mater.

 La peinture interne d’ un magnifique rouge bordeaux sur le nuancier, deviendra rouge sang lors de l’application. En écho, nous recevions les commentaires goguenards de bon nombre de personnes. Le passage d’une deuxième couche calma les critiques. Le rouge bordeaux repris ses couleurs. 
Ensuite vient une longue discussion théorique sur la nécessité de directement calfater ou de combler les jours entre les bordés avec des flipots. Personnellement calfater en l’état me semblait le plus simple. Après consultations des anciens, des spécialistes bretons, ... nous décidons de flipoter. Pour se faire, nous ouvrons les coutures à l’aide d’un rabot fait maison par Jean-Claude, sur une largeur de 5 mm. Nous préparons les flipots, à savoir des baguettes d’acajou sciées de section 5 par 10 mm. Nous les collons sur un seul des cotés sur le bordé adjacent et les maintenons en place par de petits coins de bois.

Voici comment passer un an à 4 ou 5 tous les jeudis, dans une ambiance conviviale.
Nous sommes fin mai 2013.
Qui dit flipot ne signifie pas que nous soyons exempt de calfat. Après passage du bec de Corbin pour ouvrir toutes les coutures, en forme de trapèze, nous calfatons.

Sur les conseils de Guy, nous essayons de l’imiter. Pas facile de bien faire. En théorie, il faut former un tourillon de coton ni trop gros ni trop mince, facile à dire, pour l’introduire dans la couture en plusieurs passages.
Ensuite au tour du bliou, fait maison selon un savant mélange «made in Guy», pour finir d’obstruer les coutures . Puis grande séances de masticage et ponçage tout en ne perdant pas de vue le ligne de flottaison. 

À ce jour, (novembre 2013) nous reposons le puits de dérive. Point où nous portons toute notre attention, car c’était là, la source des principales fuites.

Ensuite compte tenu d’un accès encore facile, en l’absence de pont, nous reposerons l’accastillage concerné, les réserves de flottabilité, les pattes d’élinguage, ...
Puis pose du nouveau pont en «red cedar» (essence de bois rarissime chez les grossistes), et puis ....
... la suite au prochain numéro.

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