Et le plongeon vogua 

Jean Pierre Fresson, vice-président

La dernière FAL a laissé le Plongeon avec ses membrures cassées qui commençaient à être remplacées. Nous sommes maintenant à mi-chemin du chantier pour arriver à la mise à l’eau en mai 2013.

En décembre 2011 les 20 membrures cassées ont été remplacées. Pendant cette opération de pose, pas de casse de membrures…Le pari est gagné et ce n’est donc pas à l’équipe d’arroser cette étape.

La coque est alors retournée et nous pouvons faire le bilan de l’état des virures. En plus des galbords et ribords, 3 virures de chaque bord sont à remplacer. 3 virures plus hautes, un coup a presque traversé une virure – il sera traité en faisant une découpe régulière et en collant à l’époxy une pièce avec un double scarf. C’est Alain qui s’y colle. Pendant que l’on prépare les virures des courageux Bruno, Gilles, Guy grattent, poncent et reponcent pour mettre le bois à nu. La ligne de flottaison est bien repérée. Jean-Claude et Patrick « pinochent » avec des piques le millier de trous laissés par les vis et les clous dans la quille et les membrures.

Les plateaux de « yellow pine » sont trop courts – 1ère opération : un scarf pour avoir des virures à la bonne longueur. Le tracé des nouvelles virures est facilité car nous pouvons utiliser les virures démontées qui n’ont pas été cassées. Le plateau scarfé permet de faire 2 x 4 virures ; le galbord sera pris dans un autre plateau. Les plateaux ont une épaisseur de 27 mm et les virures terminées 9 mm ; pour éviter de perdre beaucoup de bois on va donc couper le bloc de 2 virures bâbord/tribord à la scie circulaire puis dégauchir les 2 virures. C’est risqué mais c’a marche. Il restera du bois pour le pont. On peut donc faire l’ajustage des virures au rabot. Les problèmes à résoudre ne sont pas terminés pour Roger, Alain, Serge et Bertrand car il faut maintenant faire les feuillures. Après de nombreux essais le réglage de la toupie est bon. Avant de passer les virures, réflexions pour être sûr de faire les feuillures du bon côté : bâbord/tribord, avant/arrière il y a de quoi se tromper mais les neurones fonctionnent bien et le responsable du chantier donne son accord pour la découpe. Pour la partie concave des virures, c’est la défonceuse de Paul qui est utilisée car le guide de la toupie est trop long pour respecter l’arrondi. 

C’est alors l’ajustage précis et le montage des virures en alternance bâbord /tribord avec quelques clous retournés pour les fixer. La totalité des clous sera mise en place après retournement de la coque pour une meilleure accessibilité. Pour redonner du courage à l’équipe le responsable du chantier arrose avec des « bulles » l’ajustage des galbords. Bonne nouvelle, il n’y a pas de scarf à faire sur les galbords. Ils feront juste le raccord avec la pièce d’étrave. Et enfin on arrive à la clore en posant les galbords avec une bonne équipe de « visseurs » : 4 m. de long, 5 cm entre 2 vis – comptez bien cela fait 160 vis…

Après retournement de la coque il faut terminer la fixation des virures sur les membrures – recalcul : 4 m. de long, 5 cm. entre les membrures, 2 x 5 virures cela fait 800 clous à poser et à retourner ; les poignets sont souples après cette opération.

N’oublions pas les autres travaux effectués pendant la pose des virures :
Fabrication du safran, de la tête de safran et des ferrures en tôle de 3 mm grâce au travail et au matériel de Jean-Claude

Recherche fructueuse du plan de voilure « marconi » fourni par Pierre Toureau, ancien plongiste, qui possède encore le N° 3. On a donc tous les éléments pour avancer les travaux sur le mat (ponçage, pinochage des trous non repris) et trouver une bôme (merci au CVBS) qui sera poncée et ajustée aux ferrures existantes. Également une prise de contact avec Jean Chevalier permet de choisir un tissu pour réaliser la voilure.

La remorque est achetée : remorque de route avec mise à l’eau. Le bateau est maintenant posé sur sa mise à l’eau pour la suite des travaux.

Lors du démontage du liston provisoire qui maintenait la coque, nous avons vu qu’il avait été collé mais presque tout s’est bien décollé et il n’y a que quelques dizaines de centimètres côté bâbord qui devront être réparés. Pour faire de la place, nous faisons cadeau du faux liston et des anciennes virures à SUZANNE. 

Autres travaux avant les remontages : remplacement de 40 cm de serre bauquière côté tribord avec 2 scarfs et remplacement des « supports pont » le long du cockpit. La question est posée : comment s’appellent vraiment ces pièces – les genoux sont plus bas et consolident un raccord de membrures. Les bouquins du Chasse-marée ne donnent pas de nom particulier sinon « supports pont » dans un exemple de rénovation d’un Cormoran. Maintenant les serres de cockpit, barrot de mat, support de mat et renfort latéral du puits de dérive peuvent être remontés. 

Le bateau étant maintenant plus rigide, nous le reposons sur le liston pour faire un essai de dérive – nouveau problème imprévu : la dérive ne rentre pas – et pourtant un essai concluant avait été fait lors de l’assemblage du puits. Que se passe –t’il ? Un flanc a travaillé et s’est courbé « loi de Murphy oblige » vers l’intérieur et ce malgré l’imprégnation symétrique des flancs du puits avant assemblage. Au lieu des 10 mm de largeur, le puits ne dépasse pas en certains points 6,5 mm et il faut une dérive ne dépassant pas 5,5 mm d’épaisseur. Petit tour dans le hangar du club de Montesson et on y retrouve des dérives de Sharpie 9m2 rigides et suffisamment minces. Découpe – il manquera 2 cm de tirant d’eau – et maintenant c’a rentre. Perçage du trou d’axe et essai – la dérive pivote bien – ouf !

Et maintenant le pont. Seul reste de l’ancien pont : le plat-bord et son épaisseur de 9 mm. Recherches, renseignements, essais avec Roger et François occupent le mois de juin pour choisir un mode de réalisation du pont. Lattes collées, assemblées, montées sur contreplaqué – finalement j’opte pour un pont avec lattes assemblées avec feuillures et languettes. 

Le pont aura un plat-bord acajou (merci Susanne) sur toute sa longueur, un axe central également en acajou et des lattes pitchpin de 5 cm assemblées longitudinalement avec feuillures et languettes. La découpe peut commencer avec Roger et Serge – scarf sur le plat-bord, environ 20 m de feuillures et il va en falloir autant pour les languettes. Un montage provisoire est effectué pour choisir les lattes pitchpin qui s’assemblent le mieux d’un point de vue structure du bois.

Avant de poser le pont, il faut vernir l’intérieur de la coque car une partie ne sera plus accessible. Alors, on ponce : Patrick et Serge m’accompagnent, les autres « ponceurs » sont maintenant sur QUOD AMO. Pour rattraper la différence de couleur entre les anciennes et les nouvelles virures, je fais des essais de vernis, lasure, saturateur ; finalement une couche de saturateur chêne sur les nouvelles rattrape bien la couleur.

Dernière journée de travail en juin :elle est consacrée à la fin du ponçage intérieur des nouvelles virures avec Patrick qui va également passer le saturateur chêne sur ces virures.

La fourniture par Pierre Toureau du plan d’origine du gréement marconi du Plongeon nous permet à Jean-Claude de réaliser les ferrures de fixation des haubans et de fixation du palan de dérive comme à l’origine en laiton avec le réa intégré.

Le mois de Juillet a vu Patrick et Jean-Pierre assister à Rochefort à la sortie en Charente de L’Hermione. Avant la sortie il y a eu une superbe parade nautique de vieux gréements et de voiliers traditionnels de la région. Cette manifestation et la lecture de livres sur l’Hermione a permis de lever le doute sur la dénomination des « supports pont » du Plongeon évoquée lors d’un précédent article : Les mêmes pièces, en plus grand bien sûr, s’appellent sur l’Hermione des « courbes de baux ». Le nom est adopté pour le Plongeon.

Revenons à notre chantier. Le montage provisoire des lattes du pont n’a pas bougé pendant ces 2 mois et le montage du pont va pouvoir continuer par une première approche de la liaison lattes/plats-bords : découpe puis ponçage pour s’ajuster à la courbe du plat-bord. Les languettes sont collées dans les feuillures d’un côté des lattes – l’autre côté restera libre pour absorber les mouvements éventuels du pont. Le montage définitif du pont peut alors commencer par la fixation des plats-bords par collage et clouage sur les serres et les barrots après avoir protégé la face intérieure avec un vernis dilué. Le traçage et le perçage du trou de passage du mat sur la latte axiale avec l’ajustage vers l’étrave nous donne quelques suées car un raté ferait refaire cette pièce. La fixation des lattes est précédée latte par latte de l’ajustage précis, par ponçage du chant, de la liaison avec le plat-bord et de la protection par vernis dilué de la face intérieure

La réalisation du plancher en acajou est engagée. Le modèle du Plongeon de Rueil nous aide mais il faut s’adapter pour les traverses reposant sur la coque à la position des membrures du bateau. Les 2 planchers latéraux le long du puits de dérive et le plancher arrière sont réalisés et reçoivent une couche de vernis dilué à 50%.

Et l’on attaque la fin du chantier bois avec la réalisation des brise-lames, hiloires de cockpit et listons. Un beau plateau de 5 ,5 m – du Pin d’Oregon – issu de la réserve à bois fera l’affaire et vu sa longueur il n’y aura pas de scarf à faire pour les listons. Tous les éléments sont dégauchis et découpés. Pour la finition, nous recherchons des fers de toupie permettant d’arrondir le haut des hiloires et de donner une forme aux listons mais ni dans les fers SEQUANA ni dans les fers prêtés par Paul nous ne trouvons les bons fers, alors un achat s’impose. Un morceau de choix pour l’ajustage car les brises- lames et hiloires sont inclinés et l’angle droit n’est pas au rendez-vous : les cranes phosphorent, équerres et fausses équerres sont au travail et finalement à part l’hiloire arrière recommencée à la suite d’un coup de fraise malencontreux, tout s’ajuste et se monte. 

Encore un peu de découpe et d’ajustage avec la défonceuse pour intégrer une latte acajou dans le tableau arrière pour boucher une fente et pour réaliser la pièce de fermeture du puits de dérive. La pose des listons redonne un peu de soucis – Scarf pour consolider le liston tribord qui a du mal à épouser la forme de la coque et recherche de la bonne position des vis fixant les listons. Il faut aller rechercher les serres bauquières pour visser solidement les listons, ce qui est fait en positionnant les vis au droit des membrures : 20 mm de liston + 9 mm de virure + 9 mm de membrure, avec des vis de 50mm on retrouve les serres. Le perçage doit être fait dans l’arrondi du liston. Pour un perçage régulier une ingénieuse cale percée est ajustée par Patrick et Serge ce qui assure que toutes les vis seront bien orientées vers les serres. Un collage à la PPU + des vis espacées d’environ 20 cm et voilà les listons en place.
Le bateau a maintenant fière allure. Le chantier rénovation bois est terminé. La coque va maintenant être retournée pour attaquer la peinture des œuvres vives. A l’occasion du retournement la dérive a été mise en place pour terminer la fermeture supérieure bois du puits et le talon de quille. Ensuite enduit, sous-couche, peinture et la partie immergée de la coque est recouverte d’un beau blanc.

Dernière pièce en bois qui sera montée après les vernis : le support de rail d’écoute sur le tableau arrière. Encore merci à Patrick et au CVBS qui fournissent le rail, les butées et le chariot.
Avec Patrick nous complétons notre apprentissage de voilier. Le professeur Jean Chevalier a tracé la voile et nous faisons la découpe et le montage des laizes, sans oublier les pinces qui vont donner le creux. La machine à coudre n’est pas facile à maîtriser mais les lattes et la fixation des coulisseaux de grand-voile sont dans nos cordes.

Et nous voilà dans l’atelier avec une coque, mat et bôme et une voilure. Reste à mettre tout ensemble pour que le Plongeon redevienne un voilier. Le bateau est mis bien horizontal, le mat est équipé de ses ferrures et le montage du gréement peut commencer : fixation du pied de mat, mise à longueur des haubans avec pose des manchons grâce la pince du CVBS et enfin on peut hisser le foc et la voile. Ce sont les drisses qui sont maintenant mises à longueur et l’essentiel du gréement est réalisé.

La suite : démontage de l’accastillage monté provisoirement et l’on attaque les vernis – dernière opération qui va redonner sa splendeur à cette belle coque. La règle : 1ère couche diluée à 50%, 2ème couche diluée à 25% et 3ème couche diluée à 10% ; Les 3 dernières couches pures avec ponçage à l’abrasif à l’eau entre 2 couches.

L’atelier est bien occupé avec la coque, le mat, la bôme, le plancher qui reçoivent leurs couches de vernis et la dérive, le safran, les fémelots qui reçoivent leur couches de peinture blanche antirouille.

Pendant le séchage la liaison barre – axe de safran est réalisée suivant comme modèle le Plongeon Pouvreau de Rueil. 

La coque accastillée, le gréement mis en place, la dérive et son palan de relevage en place ainsi que le safran, il ne reste plus qu’à lui faire retrouver son élément : l’eau.

Le samedi 25 juin 2013, la gare d’eau est en fête pour le lancement du dernier voilier restauré par l’association SEQUANA : un PLONGEON.

3 ans de restauration et environ 2000 h de travail ont été nécessaires pour que ce voilier, construit vers 1935, avec maintenant un puits de dérive, un pont, un jeu de voiles neufs et des vernis brillants, retrouve son élément là ou ont navigué et régaté une vingtaine de PLONGEON entre 1932 et 1942. 

La fête a réuni environ 200 personnes pour le baptême de Zabeth – nom familier de la femme de l’architecte du bateau : Philippe Dauchez. Après avoir rendu hommage à la déesse SEQUANA, déesse de la Seine au bateau et son équipage avec la bouteille de champagne traditionnelle, Zabeth a été mis à l’eau et a pu naviguer devant l’atelier SEQUANA.

Zabeth à Benodet
Après son lancement à la Gare d’Eau de Chatou, nous avons emmené Zabeth à Bénodet, son lieu de conception par Philippe Dauchez. Nous avons profité du traditionnel Rendez-vous de la Belle Plaisance pour présenter Zabeth au monde des régatiers de Bénodet. Notre Plongeon Zabeth a obtenu beaucoup de succès partout où nous l’avons présenté aussi bien de la part du grand public que des «voileux» de Bénodet et Sainte-Marine. Après avoir navigué nous prévoyons quelques modifications mineures à apporter au gréement et à son équipement, avant les régates de septembre à Montesson. À l’issue des régates de La Belle Plaisance  de Bénodet, Sequana a obtenu le Prix spécial  de la restaura on pour le Plongeon Zabeth.

ZABETH AUX 80 ANS DU C.V.B.S. À MONTESSON
Le 21 septembre 2013 le C. V. B. S. a fêté ses 80 ans. Lors d’un discours devant les autorités locales, les représentants de la F. F. Voile, les invités des clubs et associations voisins et de nombreux membres et anciens membres du club, le Commodore Pierre TOUREAU a retracé l’histoire du club depuis sa création par son père à Rueil en 1933.
Fin 1932 un groupe de propriétaires de PLONGEON naviguant en été à Bénodet demandèrent à Philippe Dauchez, l’architecte, de rechercher un plan d’eau près de Paris. Il proposa à l’ « association des propriétaires de Plongeon » de s’installer au « Merle Franc » en amont du pont de Chatou où existait déjà un club d’aviron. 
En 1933 Le « Cercle de Voile de Rueil », présidé par Armand Toureau, est ainsi né dans un hangar situé à côté du « Merle Franc ». Le club compta près de 15 Plongeons qui régataient sur ce plan d’eau. L’activité dura jusqu’en 1942 où les dégâts causés par le bombardement du pont de Chatou amena le club à s’installer à Montesson. Il a alors accueilli des voiliers en bois : Sharpie 9m2, Caneton, Vaurien puis à partir des années 1960 des voiliers en plastique : 505, 420, Laser, Europe, L’Équipe, Vent d’ouest, Open Bic. 
Après les premières années où les propriétaires naviguaient sur leurs bateaux, le club a progressivement acquis des bateaux et a créé une École de Voile. Actuellement le club compte en moyenne une centaine de membres qui naviguent en majorité sur la flotte de bateaux du club forte de 40 bateaux. Son activité principale est la régate mais depuis quelques années une activité de Voile-Loisir s’est développée. Le club est régulièrement représenté dans les régates au niveau national et international.
La fête sur l’eau a vu naviguer Zabeth avec un Sharpie 9m2 restauré au club et un dinghy 12 pieds sous la surveillance du canot à clins, également restauré au club, équipé de son « bruyant » moteur Bernard qui a pendant de nombreuses années assuré la sécurité de la navigation à Montesson.
Rappelons que Zabeth a été lancé le 25 mai sur le plan d’eau devant SEQUANA qui est le plan d’eau ou naviguaient les Plongeons de Rueil. 
La journée s’est terminée par un repas ou le petit salé et la tarte aux pommes de notre ami Paul ont été très appréciés.

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