UN JOLI PETIT CANETON

Jean-Pierre Fresson, vice-président

Mai 2013, nous recherchons un nouveau projet qui pourrait être mis en route rapidement. Les réflexions s’orientent entre autres vers le « Caneton » dont de nombreux exemplaires ont navigué dans les clubs de l’Île-de-France et en particulier Carrières-sur-Seine, Montesson, Saint-Germain dans les années 50. Un e-mail est envoyé à une quinzaine de clubs de voile d‘Île-de-France et une réponse d’un président de club nous oriente vers Éric Quémard, régatier de longue date qui restaure des bateaux chez lui : il a un Caneton à céder.
Le bateau est un Caneton restriction (la jauge à restriction est apparue en 1947), plan Sergent, constructeur Chauvières en 1950. 
Ce bateau a été exposé au salon nautique de Paris en 1951 sur les bords de Seine. Il porte le N° 840 et a navigué au club de voile de Saint-Germain.
 Nous allons le voir à Villennes : le bateau est complet. Construit en acajou massif, il a été repeint assez grossièrement. En tapotant les flancs et les fonds, il paraît sain. L’affaire est conclue et début septembre il à le ramener de Villennes à Chatou. Une de nos remorques de monotype fera l’affaire. 
Après démontage de l’accastillage et grattage de la coque nous avons deux surprises :
Une mauvaise surprise :
Les bordés au niveau de la quille et du bouchain sont à changer sur environ 2,5 cm de large (pourriture humide) et de nombreuses vis en acier galvanisé sont rouillées. Les serres de bouchain et la quille sont saines pour refixer des lattes d’acajou. Les vis galvanisées sont extraites et le bois sera rebouché par des coins en Acajou. La nouvelle visserie sera en laiton.
Et une bonne
Les bordés de fond et de côté sont sains et nous avons retrouvé le traçage de la ligne de flottaison. La coque pourra être vernie.
Alors… au travail

NDLR : voici ce que dit l’historien de l’aviron Étienne Chopot à propos du constructeur Lucien Chauvière
C’est une assez mystérieuse histoire que celle des chantiers Chauvière. Ils apparaissent en 1923 comme déjà les Anciens Établissements Chauvière avec une adresse Paris intra-muros : 40 Avenue de la République. Ils sont au catalogue du Vieux Campeur en 1933. Il semble continuer au moins jusqu’en 1948. Ils conservent à cette époque une adresse parisienne : 22 rue de l’Arcade et aussi une adresse à Vitry, quai Jules Guesde ou vraisemblablement étaient les chantiers. Les débuts parisiens plaident pour un chantier ancien, voir trés ancien. Lucien Chauvière (1876-1966) semble être le fondateur de ce chantier, après l’École des Arts et Métiers d’Angers dont il sort en 1894 muni d’un diplôme d’ingénieur. Chauvière est le spécialiste de la fabrication des hélices d’avion. Cette industrie prend réellement son essor aux alentours des années 1910 et se distingue par l’emploi d’une technique de lamellé-collé très performante. Il s’intéresse aussi aux avions et aux coques des bateaux à moteur où son expertise, acquise dans la fabrication des hélices sur les colles et les vernis, s’exprime.

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