La reconstruction du canot de Guy de Maupassant « Madame »

Pierrick Roynard

Associer un projet de bateau à un nom célèbre, c’est bon pour la notoriété de SEQUANA au-delà du cercle des initiés, comme l’a montré la reconstruction du clipper « Rosbeef » de Caillebotte. Une nouvelle opportunité est apparue avec la découverte d’une série de photos de Guy de Maupassant en train de ramer en Seine en 1889 sur son canot océan « Madame »

Le lien entre un bateau et un lieu, évident pour le monotype de Chatou, est tout aussi fort entre ce canot et le hameau Fournaise, via Maupassant, qui, chez Fournaise, en a possédé au moins deux (« Monsieur » et « Madame ») sinon quatre (la feuille de rose, l’Etretat). On ne dénombre pas moins de 10 bateaux ayant appartenu à Maupassant, le dernier et le plus fameux étant Bel ami 1 en Méditerranée !)

Intérêt du bateau pour SEQUANA
Le chantier est Innovant pour SEQUANA quant au type de construction à clins, et au fonctionnement mixte voile/aviron, et à l’expérience d’un chantier « décentralisé », car, faute de place, la construction se fera dans un local du centre technique de Croissy, gracieusement mis à disposition pour ce projet

Intérêt historique du bateau : vous avez dit « Océan » ?

Dans l’évolution de la navigation de plaisance, l’Océan (1865) est représentatif du tout début de la plaisance en rivière, une période non représentée dans la collection SEQUANA. Il s’agit non pas d’un monotype, mais d’une appellation générique dans la plaisance en rivière, quand les bateaux fluviaux étaient dérivés des bateaux de mer (d’où le terme « Océan »), construits sur commande de clients qui demandaient telle ou telle variante aux chantiers locaux. Pas de plan de forme, mais un savoir-faire bien établi, à partir de la demi-coque. Très répandu dans la région nantaise et la région parisienne, l’Océan est « le clipper du pauvre » (Daniel Charles, dans « Voiliers de série »). François Veslot et Gilles Outin ont beaucoup contribué à l’étude historique précédant le chantier

Caractéristiques communes des Océans :

Canot mixte voile/avirons, un tableau arrière en forme de cœur, avec gouvernail accroché, et la coque bordée à clins, moins vulnérable au séchage qu’une coque en forme. Longueur de 3 à 5 mètres, rarement davantage.

Variantes des Océans : Les premiers Océans avaient une petite quille, et ultérieurement une dérive. Le gréement le plus fréquent était une voile au tiers, mais il y a des illustrations de voilures beaucoup plus majestueuses, voire délirantes, car très surdimensionnées par rapport à la stabilité !

 

Océans d’Asnières au garage Midavaine, pont de Courbevoie en 1878

Pas de plan, pas de bateau ?

L’intérêt et la difficulté de cette reconstruction est l’absence de plan d’origine, qui n’a probablement jamais existé. Mais c’est aussi son intérêt, car cet obstacle peut être surmonté par la recherche historique, l’étude de mode de fabrication des épaves parvenues jusqu’à nous et les relevés de cotes effectués. Toutes ces sources peuvent être recoupées et synthétisées par un spécialiste que nous avons trouvé en la personne de Marc Ronet, ancien de SEQUANA, aujourd’hui architecte naval.

 

 

Pour déterminer les dimensions de base du canot de Maupassant, Marc a incrusté une simulation en 3D dans les photos retrouvées, prises sous différents angles. Après ajustement, il a pu établir le plan de forme, puis le plan de structure complet en s’appuyant sur les assemblages et éléments constatés dans les bateaux similaires de cette époque. « Madame » commençait à renaître…sur le papier !

La fidélité aux matériaux d’époque est aussi une exigence du projet : Les clins sont en chêne d’épaisseur 10 milli, longueur 3,50m. Nous avons trouvé les plateaux qui conviennent chez Walsch à Nanterre. Les clins sont assemblés par des clous et rivets en cuivre, achetés chez « à l’abordage »à la Rochelle. Le Chantier a commencé en juin 2014 dans le nouveau local avec une équipe de quatre Séquanais : Pierrick, Guy, Serge, et Rémi, et avance rapidement. La mise à l’eau est prévue en juin 2015, avec toute la médiatisation que justifie un tel événement !

 

 

 

 

La médiatisation, parlons en… !

A l’exemple des chantiers de reconstruction de vieux gréements dans les villes côtières,  La médiatisation est depuis le début partie intégrante du projet: Signalisation du chantier, visites de groupe, conférences (celle pour les AMF a lieu le 17 octobre 2014) journées portes ouvertes (le 16 novembre) , et surtout souscription pour aider SEQUANA au financement, ce qui a déjà permis, à mi-octobre 2014, de récolter ¼ du budget total.


Les souscripteurs reçoivent chaque mois le « journal de Madame » qui les tiennent au courant de l’avancement du chantier. 
Pour cela, contacter Pierrick ROYNARD au 06 80 06 80 14

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