Casse-noisette pour coquille de noix

Michel DESPLAT.

L’atelier compte une nouvelle pensionnaire. Il s’agit de l’annexe de «LADY MAUD» ; celle-ci a été prise en sandwich entre le quai et le bateau de notre ami G. d’Aboville. Les blessures étaient profondes : une vingtaine de membrures cassées, trois bordés explosés sans parler de la préceinte en plusieurs morceaux.
Cette petite annexe en acajou sur membrures d’acacia a été construite par le Chantier CARRÉ à Poissy et réalisée comme les canoës canadiens en vogue après guerre : membrures demi-rond en acacia ployées, rapprochées et fixées par des clous retournés sur des bordés de 5 mm d’épaisseur, assemblés à mi bois sur toute leur longueur.
Le rib scarfer


 

La stratégie de restauration a été de remplacer les membrures fracturées en scarfant les nouvelles sur les anciennes en les collant à l’epoxy, bloquant l’assemblage soit par des cales soit en les rivetant à leur début. Pour avoir des coupes franches et reproductibles nous avons confectionné un guide qui, à cheval sur la membrure, permettait de la couper avec une petite scie à araser japonaise.
Parallèlement à tout cela, nous avons taillé les bordés dont la face supérieure est rectiligne à l’assemblage ainsi que la petite bande décorative en frêne elle-même assemblée à mi-bois comme les bordés adjacents.
Le tout est assemblé selon la technique du « clou retourné ». Après avoir percé le bordé et la membrure, mettre un clou en cuivre du bon diamètre, le couper si nécessaire à quelques millimètres de la surface de la membrure, puis, en portant coup, plier au marteau l’extrémité apparente du clou pour faire un petit crochet, puis accompagner le mouvement en pliant complètement le clou.

Nos aurions bien voulu voir nos anciens pratiquer cette technique au vu du nombre de clous employés. Actuellement les membrures sont posées, il nous reste à placer les bordés, la préceinte, et faire toutes les finitions. Viendra ensuite le ponçage et le vernis mais cela est une autre histoire...

Comme dit notre ami Gérard, nous allons regarder notre annexe d’une autre façon et, malheur à celui qui lui manquera de respect.

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