De la Navy à la LuftWaffe

Gilles Outin

Vue par Gilles et François, la récente transformation de notre bon vieux « bidon »
Depuis toujours ce réservoir d’avion largable, transformé à la sueur de mon front aux marteau et burin, en périssoire-bidon était pour moi un produit Anglo-Américain de la guerre.
A plusieurs garçons de 15 ans, nous allions les emprunter au terrain militaire de St Cyr. Nous les traînions en remorque derrière nos bicyclettes sur des chariots faits avec des roues de voitures à pédales !
Sequana méritait bien de présenter cette embarcation qui m’a donné le goût du canotage. Ce qui a permis à ce bidon de participer à l’exposition réalisée pour le centenaire du canoë-kayak à Nogent, puis au Musée de la Marine de Paris, et enfin au Musée de Port Rhu à Douarnenez.
Certains passionnés d’aviation avaient même précisé que ces réservoirs étaient américains et équipaient les Mustang 51 et les Tempest… ils ont été présentés comme cela dans ces grandes expositions !
Mais notre médecin versaillais, François, vient avec ses revues…. nous prouve dessins précis à l’appui que ces réservoirs n’étaient ni anglais ni américains mais bel et bien allemands et équipaient les derniers Messerchmitt 109-G de la Luftwaffe ! Réservoirs Rustsatz R3 de 300 L.
Ce n’est donc pas un baby comme les aviateurs anglo-américains appelaient ces réservoirs largables, mais bien une NOURRICE comme nous petits Français nous les appelions.
Mais cela ne nous a pas empêché de naviguer sur les lacs du Vésinet, la Seine et la Mer….

François Veslot

Pendant des années, nous avons présenté à nos visiteurs le bidon de Gilles Outin, transformé en périssoire, comme étant un réservoir supplémentaire de chasseur américain Mustang P51 de la seconde guerre mondiale. D’anciens pilotes de la RAF en visite à Chatou nous ont même confirmé cette origine.
Et puis nous avons remarqué, sur la photo d’un avion de chasse allemand de 1944, un réservoir suspendu sous son fuselage et qui ressemble au nôtre comme deux jumeaux homozygotes. Placé devant ce doute, nous décidons d’entreprendre des recherches complémentaires et nous constatons rapidement qu’aucun des différents modèles de réservoirs additionnels de Mustang ne ressemble à notre bidon. Nous orientons donc nos recherches vers la Luftwaffe, et dans le livre très précis de Dominique Breffort et André Jouineau consacré au Messerschmitt 109 nous avons la surprise de retrouver un Me 109 équipé de notre périssoire.
En reprenant l’histoire de ses origines nous aurions pu nous douter qu’il ne s’agissait pas d’un produit US. Gilles Outin nous a expliqué qu’il était allé le chercher à l’aérodrome de St-Cyr l’école après la libération et qu’il y en avait des centaines bien rangés. Jamais les américains, très occupés par la campagne d’Allemagne n’auraient pris la peine de récupérer ces déchets. Par contre, en 1943 et 44 les Allemands à la recherche de métaux nobles devaient tout faire pour récupérer et recycler ces réservoirs en aluminium.
Un autre élément nous a confirmé l’origine germanique du bidon. Ce n’est pas une inscription (il n’y en a aucune) mais le pas de vis d’un des supports qui est au pas métrique européen et non en pouces.
Et voila comment un bateau américain pendant plus de 60 ans a retrouvé ses origines allemandes.

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