La mécanique de Suzanne
Jean Jack Gardais
Depuis mai 2006 l’équipe des vaporistes a pris le relais des charpentiers, Jim Bresson qui a dirigé le chantier de charpente passe la main à Jean Jack Gardais et Marc André Dubout. Ils vont orchestrer la mise en place de la mécanique.
Là à nouveau l’homme surprend, en premier lieu par sa mémoire. Vous lui parlez d’un mécanisme il vous en cite l’auteur et l’originalité en quelques secondes. Il habite une jolie maison non loin du lac d’Aix-les-Bains où son bateau « Asphodèle » l’attend pour les croisières des beaux jours. | Si vous le méritez il pousse la porte de son garage et alors là vous allez de surprises en surprises, entre les voitures et les motos de collection vous pouvez admirer des moteurs de toutes les générations. | Au hasard d’une visite il nous offre un arbre de transmission et une hélice d’une forme inhabituelle avec un presse étoupe le tout dans un bronze de première qualité qui est là depuis on ne sait combien de temps, sous un hangar dans un coin au milieu d’autres merveilles. |
A Paris François Malatier et Bruno Martin Neuville nous dispensent des conseils et des avis sur des fournisseurs voir sur des réglages délicats. Comme on vient de le voir tout cela fait du monde et toute une assemblée de bonnes fées rassemblées autour du berceau de Suzanne. |
Nos deux chefs mécaniciens vont engranger toutes les informations et vont en faire une synthèse qui sera discutée en rendez vous de chantier et mise en œuvre par nos spécialistes, aidés des retraités de l’association fidèles au poste depuis le début du chantier. Ces derniers ont pris leurs habitudes et leurs rythmes | ponctués de déjeuners ou rivalisent toutes les marques imaginables de plats surgelés, des dégustations comparatives sont faites régulièrement. De temps à autre on voit Henri Ancelly avec son chalumeau pour venir à bout d’une soudure délicate. C’est en soi un spectacle de le voir tourner autour de la pièce à souder dans une sorte de danse initiatique le chalumeau allumé à la main, cela ne manque pas d’élégance ! |
La mécanique embarquée est la suivante :
Une chaudière Elle est équipée des deux soupapes de sécurité réglementaires à laquelle on va ajouter un cendrier et une |
grille (fondue sur mesure du côté de Nantes) dans le foyer. C’est de loin la masse la plus imposante du bateau, 400 kg d’acier viennent trouver place sur les carlingues de la si délicate et raffinée coque de Suzanne, | les charpentiers font la moue, toute cette ferraille au milieu de l’acajou du Honduras et des caillebotis vernis… |
Pomper ou injecter That is the question ? Une nouvelle discussion va avoir lieu au sujet de l’injecteur en alternative de la pompe manuelle haute pression. Quel système les frères Schindler ont-ils adopté à l’époque ? Mystère, aucune indication ne peut nous aider. |
Finalement c’est l’injecteur qui est choisi ! Oui mais drame supplémentaire nous ne connaissons aucun fabricant d’injecteur adapté à notre Suzanne et ô comble de la disgrâce il nous faut le commander à un spécialiste de la perfide Albion. |
Ainsi Suzanne la parisienne à cent pour cent va avoir quand même un petit bijou anglo-saxon ! J’en connais qui cherche dans tous les documents la justification de la pompe afin d’envoyer au diable cet injecteur étranger ! Pour certains d’entre nous l’intégration en terme de vapeur n’est pas pour demain ! |
L’affaire va s’avérer coriace et là encore des concours extérieurs vont bien nous aider. Une commande à destination de la Compagnie Générale de Robinet va partir sous la recommandation de la société Leu, société de plomberie, bien connue des catoviens. |
Tous les grossistes de la région sont visités, les grandes surfaces de bricolage également. Il ne reste que la vanne d’admission de vapeur qui nous pose problème et il faut avoir recours à une fabrication sur mesure pour trouver notre bonheur. L’heure est aux plombiers et au chalumeau pour souder tous les tuyaux et raccords divers. |
Un palier de butée SKF est mis en place sur l’arbre de transmission, il faut s’y reprendre à trois ou quatre fois pour trouver les bonnes cales. Le presse étoupe dont on reste discret sur le modèle (pas vraiment d’époque, mais sûr !) est placé dans son logement et c’est l’heure de craquer la première allumette ! |
Comment ça marche ?