L’heure impressionniste, au fil de l’eau.

Hélène Rizet-d’Edelfelt, guide –matelot2006

La saison 2006 du Dénicheur a offert aux promeneurs estivaux avides de rafraîchissement la possibilité de s’embarquer non seulement pour de petites croisières en gabarre sur la Seine, mais encore pour un saut à travers le temps.
Véritable invitation au voyage, une heure passée sur cet esquif transformait nos passagers en aventuriers du XIXème siècle , lorsque le bonheur était à rames et la modernité à vapeur.
Passant sous le pont du Chemin de Fer, c’est un monde où la vitesse la plus folle atteignait 40 Km/h qui se rappelle à nous. Une minute de silence s’impose pour contempler le théâtre de verdure qui s’ouvre à nos yeux purifiés par la lumière du ciel se reflétant sur le miroir de l’eau.
Mais déjà le recueillement laisse place à la joie et la verdure à la verdeur des anecdotes foisonnantes dont bruissait l’île ! Lorsque Renoir peignait de belles dormeuses nues alanguies sous les feuillages , Caillebotte canotait en direction du tapage festif de la Grenouillère où les hommes politique du siècle venus s’encanailler guinchaient de conserve avec les grisettes et les pêcheurs. 

C’est à cette rêverie à larges touches de verts et de bleus que les promeneurs se livrent le temps d’un voyage au fil de l’eau, en compagnie des hérons , des cygnes et des canards (dont un couple- désassorti mais fidèle ! –à fait les délices des « chroniques et potins du bras de Marly »).Il ne reste qu’à prolonger la journée sur l’île par un repas à la Maison Fournaise, une exposition au Musée ou au CNEAI.
Cependant, les canotiers de retour à la gare d’eau sont curieux de retrouver les canots , yoles, périssoires et baladeuses vus sur les tableaux impressionnistes, soigneusement rangés dans le garage à bateaux de l’association Sequana, en attendant de les voir remis à l’eau le premier dimanche de chaque mois .
Car s’il y a bien un coeur qui bat à l’unisson de celui des bons vivants du XIXème siècle, c’est bien celui de cette joyeuse troupe de passionnés qui savent mobiliser leur haute science d’ingénierie navale en restaurant à l’identique des embarcations d’époque voire reconstruisant à partir d’un élément tout un bateau !Ainsi, La Suzanne , à partir d’une machine à vapeur de 1882, fut-elle lancée au mois de juin dans la plus grande liesse !
Mais savoir et bon vivre vont de pair et ces sportifs de Seine accueillent comme personne tout curieux qui glisse un œil en direction de leurs bateaux…et même les autres ! Avec une chaleur et une convivialité inégalable !
C’est ainsi qu’il nous est arrivé de goûter de mûres tiédies au soleil , juste cueillies sur les rives de la Seine grâce au Dénicheur, et ce, au beau milieu des copeaux de bois de l’atelier de restauration naval !
Ah, le bel été !
Attention ! le risque de contamination par la passion de l’histoire du site est élevé autour de Séquana ! Cette bonne Déesse gauloise de la Seine veille sur ceux qui lui rendent hommage… et foi de matelot, elle ne va pas déserter l’Ile des Impressionnistes de sitôt 

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