Une histoire de mât

François Veslot

Si vous rassemblez le Chat Chatpard et son équipage habituel, un gros bateau au mouillage avec un pseudo bout-dehors, la bisquine la Cancalaise et une Marie-Pierre, vous risquez une catastrophe !
Nous avons eu le malheur de réunir pendant la « Semaine du Golfe du Morbihan » ce très explosif inventaire à la Prévert et le mât de notre Chat n’y a pas résisté.
Par chance le gréement est intact, la voile n’est pas déchirée et nous récupérons tous les morceaux du mât ainsi qu’un membre de l’équipage tombé à l’eau. Il n’y a pas de temps à perdre car le bateau doit participer quelques semaines plus tard au rassemblement de Bénodet.
Notre charpentier de marine préféré nous conseille de faire un « mât poutre » et il nous choisit chez le marchand de bois quatre vilaines planches de cinq mètres de long sur trente cinq millimètres d’épaisseur. Après passage à la raboteuse celles-ci se révéleront magnifiques, bien sèches sans nœuds et droit de fil. Depuis quelques années, les scarfs n’ont plus de secrets pour nous et après avoir fait nos débits on s’applique sur le rabotage et les collages. Rapidement nous avons nos éléments de huit mètres de long et il ne nous reste plus qu’à les assembler pour former une poutre creuse rigide et légère. 
Il nous manque quelques serre-joints mais enfin on se débrouille et un ramonage de la gorge évite son obstruction par les débordements de colle. Après la prise de mesures très précises sur les morceaux de l’ancien mât préalablement reconstitué, le gréement sauvé peut être mis en place sur la nouvelle poutre. Quelques coups de rabot électrique et de défonceuse pour obtenir le rétreint de la tête et casser les angles et nous pouvons procéder aux essais.

Miracle !
Tout va bien, les haubans ne sont pas trop longs et la ralingue de la grand-voile coulisse bien dans sa gorge.
Il nous reste une petite semaine avant Bénodet, juste le temps d’appliquer quelques couches de vernis.
À la date prévue, nous pouvons prendre la route avec un beau mât tout neuf mais…sans Marie Pierre.

 

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