Le 2e BOTTIN amarré à l’Ile de Vaux.
Coll. part. ph. Raskin Daubigny. |
DÉBUT 2004, NOUS SOMMES ALLÉS AU MUSÉE TAVET-DELACOUR
À PONTOISE VOIR L’EXPOSITION PISSARO ET LES PEINTRES DE L’OISE.
SURPRISE : DANS UNE DES SALLES, UN TRÈS GRAND TABLEAU (1.60MX1.35M)
DE DAUBIGNY REPRÉSENTANT SON BATEAU ATELIER LE BOTTIN N°
2. NON PAS UN BACHOT, MAIS UN VÉRITABLE VOILIER À MISAINE
ET TAPE-CUL, BOUT DEHORS TRÈS IMPORTANT, DÉRIVES LATÉRALES
À LA HOLLANDAISE !
NOUS VOULIONS en savoir plus (recherches documentaires, iconographiques,
etc…) et avons pris contact avec M. Raskin Daubigny, descendant du peintre
que nous remercions chaleureusement pour tous les renseignements qu’il
a pu nous fournir.
Charles-François Daubigny naît en 1817 à Paris.
Il dessine dès son plus jeune âge et fréquente,
adolescent, l’école des Beaux- Arts. Charles-François
aimait déjà ramer, ce qu’il fait en 1838, avec Meissonnier
dans une « galoupille », sorte de bachot. Ils louaient leur
canot chez Baillet, constructeur installé depuis 1830 avec son
fils sous l’arche du pont Marie.
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Le Bateau-Atelier. Eau-forte de Daubigny.
Au premier plan, la bonbonne de “Piccolo”. Coll. part.
In “Voyage en bateau”, Ch.F. Daubigny.
Par Christian Lassale. Ed. du Valhermeil.
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SA SITUATION s’améliorant, Charles-François Daubigny
envisage l’achat d’un bateau pour vivre et peindre sur l’eau afin de
naviguer sur les rivières, le meilleur moyen pour en ressentir
la beauté des rives.
En 1856, il demande conseil chez Baillet installé à Asnières,
[la mode du canotage s’étant déplacée à
l’ouest]. Le constructeur lui conseille un bateau de passeur qu’i équipe
d’un mât, d’une voile et de trois paires d’aviron de couple. Le
bateau mesurait 8,50m sur 1,80m de large, fond plat en chêne,
ne prenant que 0,50m de tirant d’eau, une cabane en sapin à l’arrière
de 1,60m de hauteur sur 2m de long, peinte avec de larges raies de couleur.
Jugeant cette cabine trop petite, Daubigny en fait construire une autre,
plus confortable de 1,75m sur 2,20m avec deux petites fenêtres,
coffres à l’intérieur pour matelas, couvertures, batterie
de cuisine. Le bateau sera équipé de 2 dérives
latérales à la façon des péniches hollandaises.
Son ami le peintre hollandais Jongkind (1819- 1891) en était
peut-être l’instigateur ? En cas de détresse à babord,
une damejeanne contenait le piccolo ; on embarque aussi un lapin nommé
“Raffiot” qui sera la mascotte de l’équipage ;
Pourquoi le bateau porte-t-il le nom de “Bottin” ? Croisant un jour
des mariniers du nord, l’équipage, qui gênait les péniches,
se fit traiter de tous les noms dont celui de “Botkin”, petite embarcation
en flamand.
Charles Daubigny et son jeune fils Karl n’ayant pas bien compris l’invective,
le bateau devint le Botin avec un “t”. Le premier voyage se déroula
d’Auvers à Vernon. Avec ce bateau, Les Daubigny père et
fils et leurs amis réalisèrent de véritables croisières.
Ils descendaient la Seine juqu’à Jumièges, remontaient
l’Oise jusqu’à Compiègne, puis prenaient l’Aisne jusqu’à
l’entrée des écluses du Nord, près de Laon. Ils
navigueront aussi sur l’Eure et l’Yonne. Daubigny était le capitaine
et amiral, Karl le mousse. Corot, qui ne montait pas à bord,
était amiral honoraire . Une fois le bateau amarré, Karl
raconte qu’on se déplaçait à la recherche d’un
motif à l’aide d’une petite barque « Zigzag » puis
une autre ensuite surnommée Youyou.
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Ch. F. Daubigny. Nadar. Vers 1865. CNMH.
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SA SITUATION s’améliorant, Charles-François Daubigny
envisage l’achat d’un bateau pour vivre et peindre sur l’eau afin de
naviguer sur les rivières, le meilleur moyen pour en ressentir
la beauté des rives.
En 1856, il demande conseil chez Baillet installé à Asnières,
[la mode du canotage s’étant déplacée à
l’ouest]. Le constructeur lui conseille un bateau de passeur qu’i équipe
d’un mât, d’une voile et de trois paires d’aviron de couple. Le
bateau mesurait 8,50m sur 1,80m de large, fond plat en chêne,
ne prenant que 0,50m de tirant d’eau, une cabane en sapin à l’arrière
de 1,60m de hauteur sur 2m de long, peinte avec de larges raies de couleur.
Jugeant cette cabine trop petite, Daubigny en fait construire une autre,
plus confortable de 1,75m sur 2,20m avec deux petites fenêtres,
coffres à l’intérieur pour matelas, couvertures, batterie
de cuisine. Le bateau sera équipé de 2 dérives
latérales à la façon des péniches hollandaises.
Son ami le peintre hollandais Jongkind (1819- 1891) en était
peut-être l’instigateur ? En cas de détresse à babord,
une damejeanne contenait le piccolo ; on embarque aussi un lapin nommé
“Raffiot” qui sera la mascotte de l’équipage ;
Pourquoi le bateau porte-t-il le nom de “Bottin” ? Croisant un jour
des mariniers du nord, l’équipage, qui gênait les péniches,
se fit traiter de tous les noms dont celui de “Botkin”, petite embarcation
en flamand.
Charles Daubigny et son jeune fils Karl n’ayant pas bien compris l’invective,
le bateau devint le Botin avec un “t”. Le premier voyage se déroula
d’Auvers à Vernon. Avec ce bateau, Les Daubigny père et
fils et leurs amis réalisèrent de véritables croisières.
Ils descendaient la Seine juqu’à Jumièges, remontaient
l’Oise jusqu’à Compiègne, puis prenaient l’Aisne jusqu’à
l’entrée des écluses du Nord, près de Laon. Ils
navigueront aussi sur l’Eure et l’Yonne. Daubigny était le capitaine
et amiral, Karl le mousse. Corot, qui ne montait pas à bord,
était amiral honoraire . Une fois le bateau amarré, Karl
raconte qu’on se déplaçait à la recherche d’un
motif à l’aide d’une petite barque « Zigzag » puis
une autre ensuite surnommée Youyou.
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Le 1er BOTIN. Daubigny. Vers 1857.
Cabinet des desssins du musée du Louvre.
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Presque chaque année, des parcours se feront sur la Seine, l’Oise,
l’Yonne, mais le bateau est souvent amarré à l’Ile de
Vaux à Auvers où viennent fréquemment les amis,
comme le peintre Jongkind, Berthe 4 de BOTIN à BOTTIN, ... Le 2e BOTTIN amarré à l’Ile de Vaux. Coll. part. ph. Raskin
Daubigny. Ch. F. Daubigny. Nadar. Vers 1865. CNMH. Le Bateau-Atelier.
Eau-forte de Daubigny. Au premier plan, la bonbonne de “Piccolo”. Coll.
part. In “Voyage en bateau”, Ch.F. Daubigny. Par Christian Lassale.
Ed. du Valhermeil. Le 1er BOTIN. Daubigny. Vers 1857. Cabinet des desssins
du musée du Louvre. Morisot, Daumier et d’autres…
En 1860, Charles Daubigny a acheté un terrain à Auvers
et fait construire un atelier entouré de chambres. Les murs de
la “Villa des Vallées” seront décorés par Daubigny,
sa fille Cécile, son fils Karl, peintre comme son père,
Corot, Daumier, Oudinot. Cette maison existe toujours à Auvers
et se visite de Pâques au 1er novembre. [À la belle saison,
le jardin est magnifique. Van Gogh l’a peint en 1890. (Bâle –
Kunstmuseum) Rien n’a changé.]
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Le Botin à la “Villa des Vallées” à Auvers. Photographie
vers 1900. Mme vve Karl Daubigny est debout dans la
cabine.Coll. Raskin Daubigny.
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Chasse, Pêche et promenade
Pour revenir au premier Botin, Karl tenait un journal de bord. En voici
un extrait :
Le capitaine (Charles-François) aperçoit une pie dans
une propriété gardée. Stop. Descend à terre
et manque la susdite, remonte à bord.Tranquille, l’équipe
continue à prendre son café lorsque dans un bachot, nous
apercevons gardechasse et deux hommes nous criant de stopper. Nous trouvant
en défaut, Guillemet, Karl, la trouvant mauvaise, prennent les
avirons et en route… attrape-nous si tu peux. Une course s’engage, les
mariniers nous insultant le plus possible, mais nous tenons ferme et
arrivons dans un nouveau canton où ils n’ont plus le droit de
nous poursuivre. Le capitaine nous offrait des verres de vin de temps
en temps pour nous donner du courage. Victoire ! Arrivons à Portejoie
où nous fûmes tranquilles.
A bord, un épervier pour ravitailler l’équipe. La nuit,
le filet se prend souvent dans les racines et le plongeon est nécessaire
La nuit
Feux des vapeurs : lanternes rouge à babord et verte à
tribord, puis feu blanc en haut du mât. Marchons en accéléré,
ce qui donne droit de passage à toute heure de la nuit pour les
écluses, les éclusiers n’étant pas toujours commodes.
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“Le Déjeûner du départ à
Asnières” .Eau-forte. Daubigny.
Catalogue du nanoir des Vallées.
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Fin du premier BOTIN
Il ne fut pas question de l’abandonner. Pour l’amener au jardin, on prit
un chariot avec cinq chevaux. L’Equipe accompagna ce pauvre botin comme
un ami commun.
Là, il prit ses invalides dans le jardin de Daubigny, aux Vallées,
à Auvers, près d’une piscine.
Fut aussitôt entouré de rosiers, lierres, clématites
et ce fut le berceau des dames pour se mettre à l’abri du soleil
et de la pluie ; en même temps, il servit de buvette. Il s’effondra
en 1920 dans le jardin des Vallées.
Le BOTTIN numéro deux
LE BOTTIN N°2, avec deux « t » servit à partir
de 1868. C’était un véritable voilier plus voilé,
et toujours équipé de dérives latérales.
C’est celui du grand tableau vu à Pontoise. Les Raskin Daubigny
ignoraient jusqu’à l’existence de ce tableau ; le propriétaire,
riche collectionneur parisien, le possédait de son arrière
grand-père. Malheureusement, la toile fut découpée
pour rentrer dans les boiseries et la signature de Daubigny disparut.
Ce grand tableau n’avait jamais été présenté
au public.
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“Les Bains Baillet” à Asnières .Journal
amusant N°1089.
1877.
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Le journal de bord du 2ème Bottin est tenu par Bernard, le plus
jeune frère. Pour pouvoir aller jusqu’à Duclair et à
l’embouchure de la Seine, Karl passe les épreuves nécessaires
à l’obtention du brevet de capitaine.
L’équipe est plus turbulente, plus jeune aussi, ce qui ne plaisait
guère au “grand amiral” Charles Daubigny. Karl a 31 ans, est devenu
capitaine et Bernard, 24 ans, docteur major et cuisinier.
A cette époque, vers 1877, Daubigny ne reste pas en permanence
sur le bateau ; il le suit en carriole ou le rejoint par le train. Il
est promu grand amiral après le décès de Corot.
Mais c’est à son tour de disparaître le 19 février
1878.
Le Bottin a continué de naviguer pendant huit ans, jusqu’au
décès de Karl qui, faisant partie du Club Honfleur Trouville
Hot, l’a emmené plus avant dans l’estuaire de la Seine.
Les Raskin ne connaissent pas la fin du deuxième Bottin. Une
question est posée ? De même, qui a été le
constructeur de ce deuxième Bottin ?
Daubigny a ouvert la voie aux ateliers flottants comme celui de Monet
(1873) amarré à Argenteuil et conseillé par son
ami Caillebotte.
Mais à notre connaissance, ce ne fut qu’un atelier bateau ne
se déplaçant pas loin sur la rivière.
Nous pourrions rêver à la reconstruction de ce bateau atelier...
Isabelle Outin
Recherches et iconographies
- Monsieur Raskin Daubigny, archives familiales
- CHARLES FRANÇOIS DAUBIGNY, éd. du
Valhermeil
- Daubigny Auvers sur Oise, Musée Daubigny
- CAMILLE PISSARO ET LES PEINTRES DE LA VALLÉE
DE L’OISE. Catalogue d’exposition, Musée Tavet-Delacour, Pontoise.
2003.
- CANOTAGE ET CANOTIERS DE LA SEINE Thèse de
doctorat de Frédéric Delaive. 2003.
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