Cela devait nous arriver! Après l'aviron, la pagaie, les voiles, le Iycoming, il manquait... la vapeur !
Il y a déjà un certain temps, Gilles et Isabelle Outin ont fait une recherche sur le Canotage à Vapeur. Ils trouvent des comptes rendus de régates, des gravures, ainsi qu'une très belle photo, hélas anonyme, de la collection Sirot Angel. La recherche s'interrompt faute de trouver des documents précis mettant en évidence les caractéristiques techniques de ces bateaux et de leurs moteurs.
L'affaire remonte à un ou deux ans lors d'une visite à l'Office de Tourisme de la Frette-sur-Seine animé par la charmante Sylvie. Nous tombons en arrêt sur une carte postale sur laquelle nous pouvons admirer un magnifique petit yacht à vapeur, propriété du chanteur Polin... vous savez, "la caissière du grand café"... eh bien, c'est lui!
André Gasparetto, pour qui la seule évocation d'un moteur suffit
à le mettre sous pression, se lance sur la trace du sieur Polin : recherche
de la descendance, notaires, anciens voisins, tout est bon, mais hélas
c'est l'impasse ! Cela ne décourage pas André qui sollicite Sylvie
pour un article sur le "vaporiste" Cavé (voir Fal 23).
Encouragé, motivé, dynamisé, André s'inscrit à
un cycle de conférences sur l'énergie au Conservatoire National
des Arts et Métiers à Paris. Il y rencontre des experts avec lesquels
il sympathise. Il y entraîne Georges Schindler adhérent de longue
date à notre association. Ils ont fait connaissance à l'occasion
d'une visite de ce dernier à l'atelier qui va, nous allons le voir, être
lourde de conséquences.
GEORGES SCHINDLER s'intéresse aux chantiers en cours, il ne semble pas
effrayé par l'ambiance qui y règne! En effet ce jour là
nous fêtons, plus que joyeusement, la découverte d'un moteur Lycoming
qui va nous rejoindre sans tarder depuis la Californie pour retrouver le canot
automobile Dodge dont le Musée de la Batellerie nous a confié
la restauration.
Timidement, au milieu des bouchons qui ne cessent de sauter, il nous présente
une méchante caisse poussiéreuse en carton dans laquelle sont
roulés une trentaine de plans sur papier qui tombent en petits morceaux
au moindre mouvement.
"Ce sont des archives familiales,je crois qu'il doit y avoir ce que vous
cherchez, des bateaux... des moteurs à vapeur..."
D'un coup le silence se fait dans l'atelier et après une rapide réflexion,
nous conseillons à notre visiteur de repartir avec son précieux
colis et de le mettre en lieu sûr le temps que nous trouvions un spécialiste
capable de restaurer ces documents.
Céline, l'archiviste de la ville de Chatou nous met sur des pistes. Notre
chance viendra du côté de Conflans-SainteHonorine. Laurent Roblin,
conservateur du Musée de la Batellerie, nous adresse à Eric Boufflers,
Maître papetier. Nous lui confions les précieux plans de Georges
Schindler. Voir travailler Eric est un spectacle hors du commun : d'un tas de
morceaux de papier il reconstitue un document cohérent et lisible. C'est
véritablement de la magie.
Nous cassons notre tire-lire ce qui a le don de faire hurler Urs (notre trésorier)
qui nous promet un avenir en comparaison de quoi l'enfer de Dante ne serait
qu'une aimable plaisanterie... Peut importe, nous confirmons la commande, et
deux mois plus tard nous pouvons enfin voir !
Bien entendu, tous les plans ne sont pas d'égale valeur, mais nous découvrons Suzane, un yacht à vapeur de l7m, quatre ou cinq moteurs à vapeur, un ou deux canots de bossoir, une chaloupe... Ajoutez à tout cela des tracés que nous avons bien du mal à identifier, un treuil à vapeur, une épure d'hélice, un moteur horizontal destiné à un véhicule terrestre et vous comprendrez notre jubilation. C'est le début d'une aventure aux nombreux rebondissements.
EN FAISANT connaissance avec la famille Schindler, grâce à un arbre généalogique très bien tenu, nous découvrons que la grand-mère de Georges est une demoiselle Cavé ! Il n'en fallait pas plus pour nous relancer à la recherche de documents concernant François Cavé, un des ingénieurs les plus brillants du début de l'industrie en France!
Nous SOUHAITONS depuis longtemps faire sa connaissance en raison des nombreux
bateaux à vapeur dont il est l'inventeur, les "Dorades"
en particulier.
Au même moment nos amis et adhérents, Annie et Jean Luc Blanchard
résidant alors à Vannes nous proposent de prendre contact avec
l'un de leur concitoyen, François Cavé (6ème du nom). Nous
échangeons un courrier pour l'informer de nos recherches auquel il répond
très favorablement.
Il nous propose de rencontrer les membres de sa famille qui se sont intéressés de près à l'uvre de leur aïeul.
Mais revenons à ]a famille Schindler dont ]e grand père de Georges est venu s'installer avec ses frères rue de Châlon en plein Paris à côté de la Gare du PLM pour construire des yachts à vapeur. Georges nous confie que son grandpère refusait les commandes de bateaux de plus de 14m, la rue n'étant pas assez large pour les sortir de l'atelier ! Nous reviendrons sur l'histoire de cette famille. Une autre surprise nous attend !
ALORS que nous consultons les archives familiales, Georges nous confie une
série de photos d'un moteur laissé à son triste sort dans
une grange en province. La première émotion passée nous
lui demandons si nous pouvons aller le voir.
"Mais je vais vous le ramener..."
Deux mois plus tard, il est entre les mains de GuydhouiIle pour une première
toilette ! Il est magnifique: il s'agit d'un compound vertical d'une puissance
estimée à huit chevaux.
Simultanément, André continue à organiser un rendez vous
avec Marc Pabois et Jean François Belhost à la Direction de l'Architecture
et du Patrimoine. Entretien très constructif, nos interlocuteurs nous
encouragent à poursuivre nos recherches. Le patrimoine français
en matière d'application navale de la vapeur ne semble pas très
riche...
Une discussion s'engage sur la méthode de progression et nous nous fixons
les étapes suivantes:
L'association des Amis des Bateaux à Vapeur nous a fait la gentillesse de venir avec deux bateaux lors du lancement du Runabout, d'autres contacts sont en cours.
ALORS RETROUSSONS NOS MANCHES ET AILONS-Y À TOUTE VAPEUR !