MES REGATES A NOIRMOUTIER (vues par "Chat-Pard")


Chat-Pard 108 et Chahut 183 à Douarnenez 2002 (photo G d'H)

Depuis ma résurrection le 16 juin, j'ai retrouvé à Douarnenez le goût de l'eau salée et les grands espaces mais je n'ai pas encore affonté le mauvais temps. Dès ma mise à l'eau au fonds de l'étier de Noirmoutier-en-l'Île, j'ai perçu dans mon gréement des sifflements et des vibrations dont je ne me souvenais plus. À mon arrivée en mer je me suis tout de suite fait secouer et doucher, mais j'étais rassuré par la présence secrète du zodiac présidentiel de "La Chaloupe" qui m'escorta jusqu'à ma prise de corps mort. Je retrouvai là mon cousin Chahut, à l'abri très relatif du Bois de la Chaize. La nuit suivante le vent a continué à escalader l'échelle de Beaufort.

Devant cette météo, le matin du premier jour des régates, le jury fut très hésitant, et je fus rapidement soulagé en apprenant que seule la grande classe aurait droit à un départ. Mais les avaries se succédèrent et très vite la course était arrêtée. Le lendemain, même temps, même tableau ; heureusement pour mon moral, j'avais droit à des visites régulières de mon équipage qui venait vider mes fonds de toute l'eau douce et salée que j'embarquait de mon cockpit grand ouvert. Le soir, mon équipage m'abandonnait pour le traditionnel dîner des équipages avec son ambiance habituelle. Je n'y eus pas droit, mais en eus par la suite des échos.


Chahut 183 et Chat-Pard 108 à Douarnenez 2002 (photo G d'H)

Le troisième jour, le vent était un peu tombé et je pouvais enfin prendre part aux courses. Celles-ci s'enchaînaient les unes après les autres : la lutte contre Chahut était acharnée. Dans un vent et une mer encore très agressifs, j'eus droit à une réductionde ma grand-voile mais fis preuved'une bonne résistance malgré mon grand âge, et rapidement je récupérais toute ma surface de voilure. Avec cette puissance je bondissais sur sur les vagues courtes mais escarpées de la baie de Bourgneuf et j'aspergeais copieusement mon équipage qui n'avais plus un poil de sec. Il m'arrivais parfois de jouer les sous-marins en début de plongée et avalais vibngt à trente litres d'eau salée.

Cette dernière journée de course devait se terminer en apothéose, lorsque , Chahut et moi, bord à bord et en tête de la flotte, remontions toute la rivière jusqu'au fond du port, sous les applaudissements du public massé le long de la jetée Jacobsen. On en oubliait la pluie qui continuait à tomber.

En début de nuit, au calme, planté dans la vase du port, je percevais les bruits venant de la salle des fêtes toute proche. J'apprenais d'abord que l'Hirondelle, restée au sec dans un garage à 80 kilomêtres de là, était classée avant moi, mystères du handicap et de l'informatique...

Mon écoeurement fut de courte durée car on annonçait que Chat-Pard (moi) remportait le premier prix de la restauration. Je me gonflais d'orgueil en souhaitant que mes deux vieux cousins sont sur l'île, soient eux aussi en état de prendre la mer avec nous.

Chat-Pard (interview de François Veslot)

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