Baguenaude
Le chemin de fer de Circonvallation en Seine-et-Oise - 1/2
Marc André Dubout
Le chemin de fer de Circonvallation au gré des archives
L'ensemble de ces documents proviennent des archives municipales
de Carrières-sous-Poissy et de Cergy.
Elles traitent du projet (non réalisé) du "Chemin de fer de Circonvallation"
dont l'Ingénieur de génie civil Passedoit avait imaginé, proposé, et consigné
dans un mémoire détaillé avec plan.
Ce projet ne fut jamais réalisé mais il trouva néanmoins un aboutissement dans
la construction de la "Grande-Ceinture" autour de Paris, construite par la
Compagnie de l'Ouest, à la différence que cette dernière sort du Département de
l'ancienne Seine-&-Oise. Il est à remarquer que suite à la défaite de 70 cette
rocade à la fois militaire et économique a vécu et a été utilisée pendant plus d'un siècle
et que son abandon sur certaines parties n'a été qu'endormissement puisque des
réouvertures se profilent dans l'avenir.
La rocade du "Grand Paris Express" (près de 200 Km.) reprend dans son principe cette idée
des ingénieurs visionnaires du XIXème Siècle.
Archives municipales de Carrières-sous-Poissy
Année 1871
Archives
municipales de Carrières-sous-Poissy
Le 22 juin 1871,
Chemin de fer de Circonvallation.
Le Gaulois, dans son numéro du
10 juin parle d'un chemin de fer de Versailles à Pontoise ; qu'il nomme de
Grande-Ceinture, que la Compagnie de l'Ouest à l'intention d'exécuter.
Il été présenté, il y a plusieurs années, un projet beaucoup plus complet,
allant de Juvisy à Pontoise ; la Compagnie de l'Ouest ne fait donc que copier
une partie de ce projet.
Mais depuis deux mois, un projet, beaucoup plus complet encore, a été
présenté. Celui-là peut s'appeler de Grande-Ceinture, car ce n'est pas un
tronçon, c'est une ligne complète et indépendante de circonvallation autour
de Paris, à une distance de 20 kilomètres ; ramenant à Versailles, chef-lieu,
les onze principaux cantons du département ; reliant toutes les lignes qui
aboutissent à Paris, desservant tous les pays les plus peuplés et dépourvus
de chemin de fer ; passant auprès des points culminants du département.
Ce projet a été confié au Ministère des Travaux publics, section des Chemins
de fer, les premiers jour de mai, à Versailles ; il a été ensuite remis le 15
mai, à la Commission des Travaux publics de l'Assemblé nationale.
C'est évidemment lui qui a fait germer les nombreux projets en fabrication en
ce moment ; de même qu'il a sans doute fait prendre à la Compagnie de l'Ouest
la tardive détermination d'étudier la ligne de Versailles à Pontoise qu'elle
estime 14 millions, puis une ligne en zig-zag, que l'on étudie ailleurs, ligne
qui ne desservirait rien, qui ne vivrait pas et qui tuerait la bonne, en
coûtant 80 millions, le double de la seule possible.
Nous engageons le Gouvernement ainsi que les intéressés, c'est-à-dire MM. les
députés de Seine-et-Oise, à prendre connaissance de l'avant-projet fait et
présenté par M. Passedoit, Ingénieur civil ; il est à la Commission de
l'Assemblée depuis plus d'un mois, et depuis quelques jours, au Ministère des
Travaux publics.
C'est là, croyons-nous le seul viable, les seul possible, le seul économique.
Il forme un réseau complet, indépendant, régulier ; c'est ainsi que toutes
nos lignes auraient dû être projetées, on n'aurait pas les nombreux zig-zags
que l'on a.
Le projet modifié de M. Passedoit offre une ligne complète de 145 kilomètres
de longueur, qui ne coûterait que 40 millions et qui donnerait un trafic
assuré, connu. Celui de la Compagnie de l'Ouest n'a que 32 kilomètres de
longueur et on l'estime à 14 millions !!
C'est pour avoir une subvention : le moment est bien choisi ! Pourtant ce petit
tronçon représente la partie la plus avantageuse du réseau circulaire.
Mais les grandes Compagnies savent dépenser : elles aiment les gros chiffres ;
elles feraient bien d'étudier certains chemins de fer qui se construisent dans
certains contrées de l'Étranger,
elles verraient que l'économie et la sécurité sont possibles, et, en ce
moment nécessaires pour nous
A. de Mieulle
Archives municipales de Carrières-sous-Poissy
Le 11 septembre 1871,
la Compagnie du Chemin de fer de Circonvallation 116 boulevard Hausmann à Paris écrit à M. le Préfet de
Seine-et-Oise.
Les soussignés :
- L.C.S., ancien Préfet, demeurant à Paris...
- Le Marquis de B., ancien Pair de France, Paris...
- J. de la B., Avocat et Conseiller général de la Haute-Loire, à Paris...
- A. de M., ancien Directeur de la Banque de France , à Versailles...
- M. L., Propriétaire à Versailles...
- Passedoit, Ingénieur,
ont l'honneur de vous prier d'être leur interprète auprès du futur Conseil
général de votre Département pour en obtenir, en conformité de la loi du 12
juillet 1865 combinée avec le § 12 de l'article 46 de la loi du 10 août 1871,
la concessions d'un chemin de fer dit de "circonvallation", qui serait
établi tout entier dans un périmètre du Département de Seine-et-Oise.
Ce chemin partirait de Versailles se dirigerait à Poissy par Saint-Cyr, Bailly,
Noisy-le-Roi, Saint-Germain et Chambourcy, traverserait la ligne de Rouen, puis
la Seine, près de Carrières-sous-Poissy, desservirait Andrésy, Chanteloup,
Maurecourt, passerait l'Oise à Fin d'Oise et arriverait à Conflans ; elle
irait à Herblay où elle passerait la ligne de Dieppe ; à Saint-Leu, Taverny,
Domont, Écouen,
Villiers-le-Bel, Gonesse où elle traverserait la ligne d'Amiens, passerait
près de Roissy, Tremblai, Villepinte, Sevran, traverserait la ligne de
Soissons, toucherait à Livry, Coubron, Montfermeil, Chelles, Gagny, passerait
la ligne de Strasbourg, puis la Marne, toucherait à Gournay Noisy-le-Grand,
Villiers-sur-Marne, où elle traverserait la ligne de Mulhouse, passerait à
Chenevières, Sucy-en-Brie, Boissy-Saint-Léger, Limeil,
Villeneuve-Saint-Georges, Montgeron, où elle traverserait la ligne de Lyon,
après avoir touché à la ligne de La Varenne, elle passerait ensuite la Seine,
la ligne d'Orléans, Juvisy, la suivrait par Savigny, jusqu'à Épinay
(sur Orge), d'où elle se dirigerait sur Longjumeau, Champlan, Palaiseau,
traverserait la ligne de Limours et reviendrait à Versailles pat Igny Bièvres,
Jouy et Buc,
Cette ligne aurait une longueur totale de 145 kilomètres, elle traverserait
entièrement onze des principaux cantons du département.
Elle relierait tout avec Versailles, avec Paris et avec toutes les lignes de
chemin de fer qui partent de Paris.
Son utilité locale et départementale ne saurait être l'objet d'aucune
controverse puisque indépendamment des avantages particuliers qu'elle
produirait aux localités traversées, ou à celles qui les avoisineraient, le
département tout entier jouirait des avantages généraux dont cette voie de
ceinture autour de Paris à un rayon qui se maintiendrait à une moyenne de 20
kilomètres serait la conséquence nécessaire et immédiate.
Les avantages généraux sont très évidents pour qu'il ne soit pas nécessaire
de s'y appesantir longuement. La fait seul de la possibilité d'éviter une
certain parcours avec transit transbordement en agglomération dans Paris à des
marchandises qui viennent par exemple pour un point quelconque d'une autre ligne
est déjà pour tout le commerce en général un bienfait inappréciable qui
loin de nuire ni à Paris ni aux grandes lignes avec lesquelles la nôtre sera en
communication perpétuelle, devient au contraire une simplification et un
accroissement de trafic et par conséquent de prospérité.
En outre la ligne que nous proposons sera stratégique car elle permettra à l'État
de réunir ou de diviser ses forces et son matériel d'un point à un autre dans
un bref délai sans encombrer les grandes lignes.
Elle lui permettra en outre d'établir le long de cette ligne de ceinture1,
une autre ceinture militaire de défense nationale, une ceinture de forts que
nous avons déjà figurée à titre approximatif sur le plan, et, nous avons le
droit de dire que cette idée a reçu l'approbation du Corps du Génie et
d'illustres sommités parmi les hommes les plus compétents.
Un système d'enceinte de travaux fortifiés à un rayon moyen de 20 kilomètres
complète la pensée de M. Thiers qui créa l'enceinte de Paris en 18402.
Cette nouvelle enceinte plus éloignée, inutile alors, devient indispensable
aujourd'hui, avec les progrès de la science pyrotechnique et la perfection des
canons à longue portée.
En sorte qu'une pareille idée ne peut qu'avoir l'approbation du Chef d'État
qui évidemment en 1840 ne pouvait y songer, parce que d'une part les chemins de
fer n'étaient alors en France qu'à leur aurore et qu'on ne pouvait d'ailleurs
prévoir les progrès désolants que l'art de la guerre ferait en si peu de
temps.
L'auteur du projet et étude, M. Passedoit, Ingénieur, l'un des soussignés se
met complètement à votre disposition pour vous expliquer les points qui vous
sembleront obscurs ou incomplets.
Cette demande a principalement pour but de prendre rang et date, parce que les
soussignés savent qu'avec une administration équitable comme la vôtre, à
condition d'égaler la préférence est toujours à ceux qui ont émis les premiers
une idée utile, et que le Conseil général ne peut manquer de s'associer à de
pareils sentiments.
Depuis quelques temps, quelques projets rentrant plus ou moins approximativement
dans les idées de celui-ci ont occupé soit des ingénieurs, soit des compagnies.
Des demandes de concession ont même été adressées au Ministère des Travaux
publics ; mais nous avons encore de droit de dire qu'aucun projet aussi complet
que le nôtre n'a été jusqu'ici, ni conçu, ni proposé.
D'un autre côté, personne que nous sachions n'a encore demandé de faire la
construction d'un chemin de fer plus ou moins analogue dans les conditions de la
loi du 12 juillet 1865. Enfin si des demandes de cette nature vous étaient
présentées, elles ne pourraient offrir au département des conditions meilleures,
puisque nous nous soumettons à faire la construction de ce chemin de fer sans
aucun sacrifice de la part des communes ou du département.
Quelques-uns d'entre nous avaient déjà adressé au Ministère des Travaux publics
à la date du (blanc) dernier une demande en concession à peu près identique à
celle que nous vous présentons aujourd'hui, sans en faire précisément l'abandon,
nous avons préféré nous adresser au Conseil général du Département de
Seine-et-Oise pour plusieurs raisons.
Comme le ligne en question ne sort pas de son enceinte par cela même elle (l'idée) a le caractère essentiel
d'intérêt local et départemental.
Elle ne peut manquer d'exciter de vives sympathies parmi les populations, ces
sympathies deviendront une force, un appui pour la Compagnie qui exécutera la
ligne, il s'en suivra avec le département un lieu de solidarité autour
d'une entreprise qui sera leur œuvre, il en résultera aussi plus d'activité
plus de facilité dans les formalités administratives que souvent éprouvent
les grandes entreprises de chemin de fer.
Outre qu'on évitera ainsi les lenteurs qu'on éprouverait certainement et
nécessairement en s'adressant à l'État
le dernier protecteur des grandes lignes croirait avoir l'obligation de les
consulter, même d'écouter des objections qui pourraient être suggérées soit
par de fausses appréciations soit par des malentendus.
Tandis que, si le Conseil général adopte notre idée, le chemin de fer sera
exécuté avant le temps qu'il faudrait peut-être à une instruction qui
précéderait un décret de concession par l'État
Les soussignés pensent que dans l'intérêt du département que vous
administrez avec tant d'intelligence et de sollicitude, vous partagerez leur
manière de voir et que vous appuierez leur demande.
Les soussignés comprennent parfaitement qu'avant de l'accueillir on les
invitera à présenter, soit des études plus complètes, soit la justification
de leurs moyens d'exécution.
Ils sont en mesure de les fournir, seulement une grande opération de cette
nature exige des arrangements préalables dont ils s'occupent et ils vous
promettent de la façon la plus positive de vous faire, très incessamment
toutes ces justifications et surtout bien avant la réunion du Conseil général
afin que vous puissiez vous même les apprécier et les contrôler;
Les soussignés vous prient Monsieur le Préfet ...
P.S. Sur le tracé figuré sur la carte d'État-Major,
réuni au présent mémoire, on voit quelques modifications au tracé qui a
été transmis au Ministère des Travaux public publiées, lesquelles ont été
demandés par MM. les Députés de Seine-et-Oise et par M. le Préfet de la
Seine dans la réunion du 22 août dernier, ainsi que MM. les Membres de la
Commission militaire.
On traversera la Seine près de Poissy pour desservir les villages de
Carrières-sous-Poissy, Andrésy, Chanteloup, et Maurecourt et on rejoindra
Conflans par un pont sur l'Oise à Fin d'Oise.
À Chelles on tournerait le mamelon à l'intérieur et à l'extérieur de
manière à rester dans le Département de Seine-et-Oise.
À Villiers-sur-Marne on contournerait la petite langue de terre appartenant au
Département de la Seine en restant dans la Seine-et-Oise pour rejoindre le
village de Chenevières.
Ces quelques modifications figurent aussi sur le tracé graphique de l'avant-projet qui est uni à cette demande et à la carte d'État-Major.
Archives municipales de Carrières-sous-Poissy et de Cergy
Le 25 septembre
1871, les demandeur en concession écrivent aux maire du Département de
Seine-et-Oise.
Nous croyons utile, de vous communiquer une copie de la demande que nous avons
adressée à M. le Préfet du Département de Seine-et-Oise le 11 septembre
courant tendance à obtenir du Conseil général de votre Département,
souverain en pareille matière, la concession d'un chemin de fer de
Circonvallation, partant de Versailles, s'en éloignant à l'Est par Saint-Cyr,
Saint-Germain et Poissy, y rentrant à l'Ouest par Palaiseau, Bièvres et
Satory.
Nous joignons à cette copie, celle d'un plan linéaire qui fera comprendre aux
populations que vous administrez les avantages d'une pareille ligne traversant
dans leur entier treize cantons du Département et un bien plus grand nombre de
communes communiquant avec toutes les lignes de chemins de fer qui sortent de
Paris et abrégeant les distances pour toutes les localités du Département ou
aux Chefs-lieux d'arrondissement ou aux principaux centres de commerce et
d'industrie, où qu'il s(agisse enfin pour les voyageurs et les marchandises du
Département de Seine-et-Oise, de sortir de ce Département pour arriver à un
autre pont du territoire ou encore, d'allier les voyageurs et les marchandises
du dehors par une voie plus directe et sans être obligé de traverser Paris.
Cette ligne étant destinée à devenir stratégique, l'établissement des
nombreux forts qui la domineraient, ne pourrait être pour le Département de
Seine-et-Oise qu'une cause de vivification et d'animation qui y appellerait et y
maintiendrait la prospérité.
Sans nous appesantir longuement sur les hautes raisons d'intérêt général et
départemental que présente notre projet, et dont vous serez convaincus à la
première lecture de la demande et du plan nous vous ferons remarquer, que nous
offrons d'exécuter la ligne sans subvention d'aucune espèce, ni de la part de
l'État,
ni de la part du Département, ni des Communes ; en sorte que le Département et
les Communes de Seine-et-Oise, seront dotés d'un chemin de fer dont les
avantages sont incalculables sans qu'il leur en coûte aucun sacrifice.
Dans très peu de temps vos administrés procéderont à l'élection des membres
du Conseil général du Département, qui, d'après le loi du 12 août 1971
doivent statuer sur notre demande en concession.
Notre projet en ce qui concerne la question stratégique, à les sympathies du
Corps du Génie et de la Commission militaire.
A ce point de vue et à n'envisager que l'intérêt départemental vos Députés
n'ont pas manqué de l'accueillir avec faveur ; il aura aussi certainement
l'adhésion des Membres du Conseil général.
Mais avec le régime du suffrage universel sous lequel nous vivons, il est bon
que l'œuvre la plus utile, obtienne la sanction de l'opinion publique consultée
à tous les étages de la hiérarchie sociale.
Les Maires et Adjoints, les Membres des Conseils municipaux représentant plus
intimement et plus directement les intérêts locaux sous l'influence de cette
idée, nous verrions avec plaisir que dans la session des Conseils municipaux
qui va s'ouvrir, ou dans une session extraordinaire que vous pourriez provoquer,
vous soumissiez notre projet, sinon dans les détails au moins dans son ensemble
à l'examen et à l'approbation des Conseils municipaux que vous présidez.
Dans cette hypothèse, il serait utile que les délibérations que vous
provoqueriez, arrivassent à la Préfecture avant l'ouverture de la session du
Conseil général.
Non seulement, elles auraient pour résultat de faire connaître aux Membres su
Conseil général et à M. le Préfet lui-même, les vœux des populations, mais
elles associeraient celles-ci à l'œuvre que nous voulons entreprendre et
feraient connaître à tous son importance réelle, d'un autre côté les
propriétaires éclairés par vous comprendraient sans doute qu'ils doivent
accorder à notre compagnie des facilités sans les quelles nos efforts
pourraient être paralysés.
Archives municipales
de Carrières-sous-Poissy
Le 30 octobre 1871,
l'administration du Chemin de fer le Circonvallation écrit à M. le Maire de
Carrières-sous-Poissy.
M. le Maire, j'ai l'honneur de vous donner avis, que le Conseil municipal de
Versailles, dans sa réunion du 28 courant, a émis à l'unanimité, le vœu que
le conseil général , concédât dans le plus bref délai possible, le Chemin
de fer de Circonvallation, à la Compagnie qui en a fait la demande, et qui a
justifié ses moyens d'exécution.
Comme auteur du projet et ingénieurs de la Compagnie, je m'empresse de vous
communiquer ce vœu, en vous priant de vous y associer par une délibération
analogue, dans l'intérêt de tout le Département, et de votre commune en
particulier.
Archives municipales de Carrières-sous-Poissy & Cergy
Séance du 13 novembre 1871, délibération du Conseil général de
Carrières-sous-Poissy, Chemin de fer de Circonvallation dans le Département de
Seine-et-Oise.
Le projet d'établissement d'un chemin de fer d'intérêt local qui
contournerait le département, relierait entre-eux et avec le chef-lieu une
partie notable des Cantons Nord, Sud, et Ouest est approuvé et adopté en
principe.
Le chemin de fer de Circonvallation en projet et dont les études sont soumises
au Conseil général, paraît réunir les clauses et conditions ci-dessus
exprimées le Conseil général aurait pu le concéder immédiatement, mais il a
dû se préoccuper des intérêts généraux qui peuvent se trouver engagés
dans cette question, et d'un autre côté on a pensé qu'il avait besoin d'être
plus complètement édifié sur plusieurs points de cette importante affaire.
En conséquence, la deuxième Commission continuera jusqu'à la fin de la
présente session, l'examen des divers projets d'intérêt local dont les
demandes en concession ont été soumises au Conseil général :
1. - D'étudier tous les détails tels que tracés, exécution, délais,
responsabilité, exploitation, moyens financiers sur les projets de chemin de
fer de Circonvallation et circulaires dont le Conseil général a été saisi ;
2. - D'étudier également les projets de chemin de fer dont les conditions à
peu près analogues que le gouvernement fait lui-même étudier par une
commission spéciale ;
3. - Déléguer M. l'Ingénieur en chef du département deux membres de la
commission départementale permanente auprès de la Commission spéciale du
gouvernement pour y débattre et soutenir l'intérêt local et départementale
plus spécialement confié aux soins du Conseil général et que cet intérêt
ne soit pas sacrifié à l'intérêt général ;
4. - Convoquer le Conseil général en session extraordinaire aussitôt que la
Commission départementale aura été édifiée sur ces différents points en
tout cas dans un délai qui ne devra pas excéder trois mois à partir de la fin
de la session, afin de bien rendre compte de l'état de la question et que le
Conseil général puisse prendre une décision définitive en connaissance de
cause.
Observation de Monsieur. F. Conseiller général à l'audience du 13 9bre
1871.
Il demande à soumettre au Conseil, une observation importante
qui lui a été suggérée par l'un des honorables collègues ; vous savez que
la concession d'un chemin de fer n'est qu'une sorte d'emphitéose3
accordée à une compagnie, si c'est l'État qui concède, c'est à lui que le
chemin de fer fait retour à l'expiration du terme ; au contraire, si c'est le
département qui concède, c'est à lui que la propriété fait retour. Il
appelle l'attention de la deuxième Commission sur ce point qui intéresse
surtout nos successeurs.
M. le Président répond que les délégués de la Commission départementale,
qui seront chargés de suivre le études du gouvernement ne perdront pas de vue
ce point qui est en effet de la plus haute gravité.
Archives.municipales de Cergy & Carrières-sous-Poissy
Archives municipales
de Carrières-sous-Poissy
Le 16 novembre 1871, l'administration du Chemin de fer le Circonvallation écrit
au Président du Conseil général du Département de Seine-et-Oise.
M. le Président, le Conseil général vient d'ajourner notre demande en
concession du chemin de fer de circonvallation pour plusieurs motifs, d'abord
parce que le cahier des charges que nous avions proposé, a été déposé trop
tard pour être examiné ce jour, ensuite parce que nous n'avions point encore
formé une liste de personnes considérables destinée à composer notre futur
Conseil d'administration, et enfin parce que nous n'avions pas offert de
suffisantes justifications financières.
Nous aurions naturellement désiré que le Conseil général nous accordât
immédiatement la concession que nous avions sollicitée, mais nous nous
inclinons devant cette décision que sa sollicitude pour les intérêts du
Département lui a inspiré. Nous espérons qu'elle lui suggérera aussi le
désir de hâter autant que possible, l'instruction complémentaire à laquelle
il veut se livrer .
Nous sommes disposés, en ce qui nous concerne à lui en faciliter les moyens.
Ainsi, quant au cahier des charges dont la disposition a été empruntée à ceux
des grandes compagnies, nous sommes prêts à la discuter et à modifier, s'il y a
lieu d'accord avec le Conseil.
Nous pourrons également, aussitôt que la demande nous en sera faite, lui fournir
la liste des personnes destinées à composer le futur Conseil d'administration ;
mais le Conseil général comprendra notre réserve, sur les noms propres, tant que
la question de principe n'était pas résolue.
Enfin, en ce qui touche les justifications financières, Monsieur F. avec qui
nous avons traité est en mesure de faire tous les versements de garantie que le
Conseil général peut exiger et les effectuera préalablement dès que vous
donnerez l'assurance que la concession n'est plus subordonnée qu'à cette
condition. Monsieur F. demeure à Paris rue de Balzac n°6. Il désire qu'on le
fasse venir et qu'on l'interpelle directement, alors il fournira les
justifications et indications susceptibles de satisfaire le Conseil général.
Demeurant, toutes ces explications dont la loyauté sera appréciée par le Conseil
général, nous le prions de nous indiquer ce qu'il désire de nous, dans les trois
ordres d'idées que nous venons d'exposer.
Veuillez agréer, etc.
Les demandeurs en concession (avec leur signatures).
Archives municipales
de Carrières-sous-Poissy & de Cergy
Le 16 novembre 1871, l'administration du Chemin de fer le
Circonvallation écrit à M. le Maire de Carrières-sous-Poissy et MM. les
Conseillers généraux de Seine-et-Oise.
Nous avons l'honneur de vous adresser une copie de la lettre que nous remettons
à M. le Président du Conseil général du Département de Seine-et-Oise
Il sera déjà parvenu à votre connaissance que le Conseil général, vu
l'importance de notre projet, et le prenant en sérieuse considération a
ajourné à une époque rapprochée le traité de concession que nous avons
proposé et que vous connaissez, afin d'avoir le temps nécessaire pour examiner
l'affaire dans tous ces détails.
Nous croyons, MM. qu'un nouveau vœu qui serait émis par vous à votre
première réunion et adressé par l'intermédiaire de M. le Préfet, à la
Commission permanente du Conseil général, serait de la plus haute importance
pour hâter la solution qui vous intéresse tous.
Veuillez...
signés : les demandeurs en concession.
Archives municipales de Carrières-sous-Poissy
Le 18 novembre 1871, M. le Maire de la Commune de Boissy-Saint-Léger envoie à
MM. les Maires du Département de Seine-et-Oise une extrait de délibération de
son Conseil municipal.
Dans sa séance du 18 novembre 1871, à laquelle assistaient (liste des
assistants). Le Conseil municipal présidé par M. L. a pris la délibération
suivante :
Chemin de der de Circonvallation dans le Département de Seine-et-Oise.
M. le Maire, Président entretien le Conseil des divers retards éprouvés pour
le vote du Conseil général à l'égard du projet de ce chemin de fer et des
obstacles qui y ont été apportés.
Sur quoi, le Conseil délibérant.:
- considérant que si le chemin de fer dont il s'agit est appelé à rendre des
services considérables à toute notre contrée, ce n'est qu'à la condition
expresse et condition sine qua non, qu'il embrassera par son réseau circulaire,
le Département de Seine-et-Oise, tout entier, de manière à relier entr'elles
les diverses localités qui ne dépendent, tout en les mettant en correspondance
directe avec leurs Sous-Préfectures respectives et le Chef-lieu Versailles ;
- que c'est là véritablement un intérêt purement départemental, composé de
la réunion de tous les intérêts locaux et que ne saurait détruire ou
amoindrir d'autres avantages qui résulteront de ce chemin de fer ;
c'est-à-dire la mise en communication avec es grandes lignes ferrées qui le
traverseront, soit vers Paris, soit vers les frontières ;
- considérant que, vainement on prétendrait que ce même chemin de fer
perdrait son caractère, ne demandant aucune subvention, ni à l'État,
ni au Département, ni aux Communes ;
- considérant à cet égard, que sans donner, il est vrai de subvention en
argent, chaque localité peut apporter à l'établissement de ce chemin de fer
son contingent utile et son concours fructueux pour la Compagnie, en facilitant
les cessions de terrain à traverser et les demandes d'indemnité des ayant
droit et encore par bien d'autres moyens ;
- considérant enfin que le tronçon de ce chemin de fer stratégique projeté
par l'État
lui-même et partant de Pontoise jusqu'à Juvisy, par le Sud et l'Ouest, serait
évidemment insuffisante et loin de satisfaire aux besoins réels du
Département de Seine-et-Oise, qui après tant de souffrances et de désastres a
droit en première ligne à tous les moyens possibles de réparation sur toute
l'étendue de son territoire sans exception.
Par ces motifs :
- est d'avis à l'unanimité de maintenir et de réitérer le vœu favorable déjà
émis en faveur du Chemin de fer de Circonvallation, dans sa séance du cinq
présent mois, invitant à voter le plus promptement possible ce chemin de fer,
comme étant essentiellement et purement départemental.
Ainsi fait et délibéré en session à Boissy-Saint-Léger, les jours mois et
an sus-dits
Signé au registre : les Conseillers.
Pour extrait conforme le Maire L.
Archives municipales de Carrières-sous-Poissy
Le 20 novembre 1871, extrait du registre des délibérations du Conseil
municipal de la Ville de Longjumeau.
Le Conseil municipal réuni au lieu ordinaire de ses séances, sous la Présidence
et sur la convocation de Monsieur le Maire pour les expéditions des affaires
pendant la présente session, en vertu de la loi du 5 mai 1855 et de la
circulaire de M. la Préfet de Seine-et-Oise en date du 31 octobre 1871.
Étaient présents (liste des présents, liste des absents, nomination d'un secrétaire
de session).
M. le Maire après avoir exposé au Conseil, les motifs de l'ajournement à
trois mois de la solution du projet de Chemin de fer de Circonvallation basé
sur certaines difficultés soulevées par le gouvernement qui voit dans ce
chemin de fer, outre le fait stratégique, un intérêt plus général que local
et par conséquent ressortissant plutôt de l'État que du Conseil général invite
le Conseil à examiner si le chemin de fer dont il s'agit restant aux mains de
l'État, les intérêts du département et des localités qu'il doit traverser
et relier ne seraient point sacrifiés.
Le Conseil après en avoir délibéré :
- considérant que si l'État
a le droit d'investigation au point de vue stratégique et même de certains intérêts
généraux, il ne peut dans l'espèce déposséder le Conseil général du droit
de concéder ce chemin de fer en vertu des pouvoirs qu'il tient de la loi
organique de 1871 :
- qu'en effet, ledit chemin est un chemin de fer dont la construction repose sur
des intérêts locaux, et qu'en laisser l'adjudication au bon plaisir de l'État
c'est amoindrir son importance, faire le jeu des grandes compagnies et lui faire
perdre son caractère essentiellement départemental, c'est à dire embrassant
dans son parcours toutes les localités dépendantes du Département de
Seine-et-Oise, reliant les cantons aux arrondissements entr'eux et enfin au
Chef-lieu du département ;
- considérant, en outre qu'en laissant concéder ce chemin de fer par le
gouvernement sous prétexte qu'il représente les intérêts généraux, ce sera
lui qui à l'expiration de la période de soixante-dix ans, terme de la
concession, jouira du bénéfice y attaché et privera par cela même le département
d'une immense avantage pécunier dont il devait profiter si la concession était
faite par lui dans un but d'intérêt local et départemental ;
- Par ces motifs est unanimement d'avis d'émettre comme il l'a fait par délibération
en date du vingt-quatre octobre dernier, un nouveau vœu favorable au Chemin de
fer de Circonvallation et il supplie MM les Conseillers généraux de
Seine-et-Oise, de voter aussitôt que possible ce chemin de fer comme ayant un
intérêt purement départemental.
Fait et délibéré le jour, mois et an ci-dessus.
Archives municipales de Carrières-sous-Poissy
Le 10 décembre 1871, extrait du registre des délibérations du Conseil
municipal de la Ville de Roissy près Gonesse.
Considérant que le Département de Seine-et-Oise qui par suite de sa situation
autour de Paris a supporté la plus lourde part des désastres de la dernière
guerre, supporté en outre, à raison de cette même situation, le passage sur
ses nombreux chemins et routes de tout ce qui des autres parties de la France
afflue vers la capitale d'où il résulte pour lui un surcroît des frais de
viabilité tout à fait anormal ; que par là il a payé et paye sa dette envers
l'intérêt général qu'aucun autre département et qu'il n'est que juste qu'il
puisse alléger ces charges par l'établissement du chemin projeté, lequel en réduisant
les transports par les voies ordinaires, est appelé à diminuer d'autant les dépense
incombant au Département pour l'entretien de ces voies de communication.
Que c'est là un point sur lequel le Conseil croit ne pouvoir trop insister auprès
des représentants du Département.
Qu'il n'apparaît d'ailleurs nullement que l'établissement du Chemin de fer de
Circonvallation puisse faire obstacle à l'intérêt général l'État ne
pouvant se trouver empêché d'exécuter, aux frais généraux de la Nation tels
autres tracés ou tout raccordements, qu'il croira utiles au point de vue stratégique
ou autre, et que la Compagnie concessionnaire ou le Département devant se
suffire à eux-mêmes et ne réclamant aucun concours de l'État.
En ce qui concerne le projet de tronçon de Pontoise à Juvisy :
- considérant que quelles que soient les promesses qui pourraient être faites
pour l'avenir, il est à peine nécessaire d'insister sur ce point que le
promesses resteraient forcément sans effet et que l'exécution de ce projet
(embrassant à peine la moitié de la circonférence du Département et non les
3/4 comme on l'a dit à tort) retirerait purement et simplement à la contrée
la moins favorisée tout espoir d'amélioration et ne procurerait à celle
traversée que la plus faible partie des avantages devant résulter de l'établissement
d'un chemin circulaire.
En ce qui concerne le point de vue légal :
- considérant qu'il est indiscutable que le Chemin de fer de Circonvallation
projeté dans des conditions où il est proposé est essentiellement départemental.
- est d'avis à l'unanimité de maintenir et réitérer le vœu déjà émis en
faveur du Chemin de fer de Circonvallation sans sa séance du 1er
novembre dernier, invitant le Conseil général de Seine-et-Oise à accorder la
concession sollicitée.
Le 15 décembre 1871, lire l'avant projet d'un Chemin de fer de
Circonvallation dans le Département de Seine-et-Oise.
Liste des villes reliées par le Chemin de fer de Circonvallation autour de
Paris.
Longueur 145 kilomètres. 42 stations et haltes. Versailles en communication
avec tous les chefs-lieux de cantons.
Plusieurs trains quotidiens dans chaque sens au départ de Versailles.
Correspondances avec les lignes qui partent de Paris.
Pas de passages à niveau, seulement des passages supérieurs ou inférieurs.
Aux correspondances, le Chemin de fer de Circonvallation aurait ses propres gares mais la ligne serait reliée
à celle des grandes Compagnies.
Ligne à voie unique avec croisement dans les stations.
Construction en prévision d'une double voie.
Tarifs pour le voyageurs et les marchandises semblables à ceux des grandes
compagnies.
Construction dans un délai de un an sans subvention de l'État.
Possibilité de devenir une ligne d'intérêt général.
Ligne stratégique.
Possibilité de construire une plus grande ceinture à 60 kilomètres de Paris
reliant Dourdan, Rambouillet, Houdan, Mantes, Magny, Marines, Beaumont,
Luzarches, Dammartin, Meaux, Coulommiers, Mormant, Melun, et Milly.
La partie de Pontoise à Juvisy est la plus avantageuse à exploiter.
Pas de concession de tronçons indépendants.
La ligne pourrait être exploite par un syndicat comme la petite ceinture de
Paris.
La ligne forme un réseau complet.
À proximité de la ligne de circonvallation des fabriques, des entrepôts
viendront s'établir. Desserte des forts (on sort de la guerre de 70).
"Le Gaulois" Parle d'un chemin de fer de Grande
Ceinture, projet de la Compagnie de l'Ouest qui n'aurait que 32 kilomètres.
Projet confié au Ministère des Travaux publics, section Chemins de fer.
Le projet de M. Passedoit, Ingénieur civil, est bien placé, il est à la
Commission de l'Assemblée nationale depuis un mois et au Ministère des Travaux
publics depuis quelques jours.
En 1869, une demande en concession d'une ligne de Juvisy à Pontoise a vu le
jour qui desservirai les mêmes pays que le CFC sur ce tronçon plus deux
embranchements, l'un sur Versailles et l'autre sur Paris jusqu'à la place de la
Concorde (ligne de moyenne ceinture).
Le tracé établi par la Compagnie de l'Ouest, après modification est appelé
Chemin de fer de Ceinture4.
La ligne reprend le tracé de Saint-Cyr à Pontoise par Noisy, Mareuil,
Saint-Germain et Conflans, laissant de côté Bailly, Marly, Fourqueux,
Chambourcy, Poissy, Carrières-sous-Poissy, Andrésy, Maurecourt, Éragny, etc.
Ligne pas d'intérêt local avec la gare de Saint-Germain au milieu de la forêt
et la station de Conflans à deux kilomètres du village.
Autre projet de relier Meaux à Versailles d'une quarantaine de kilomètres de
Paris (Petit Moniteur du 8 juin 1871). Ligne sans intérêt, traversant
des contrées peu peuplées et présentant peu d'intérêt stratégique.
La ligne de Grande Ceinture proposée par la Compagnie de l'Ouest, excepté
qu'elle sortirait du Département de Seine-et-Oise serait intéressante économiquement
et stratégiquement.
Le siège de la Compagnie du Chemin de fer de Circonvallation est 11 boulevard
Hausmann à Paris.
Archives municipales de Carrières-sous-Poissy & Cergy
Archives municipales de Cergy
Article paru dans " l'Union libérale démocratique de Seine-et-Oise "
Archives municipales de Carrières-sous-Poissy
Le 15 décembre 1871,
l'Agent général de la Compagnie du Chemin de fer de Circonvallation écrit au
Maire de Carrières-sous-Poissy pour lui donner l'avis de l'Ingénieur de la
Compagnie M. Passedoit qui a mis à l'étude un projet de réseau départemental
pour la Seine-et-Oise et que le tracé graphique ainsi que le mémoire à
l'appui ont été remis à la Commission départementale du Conseil général de
Seine-et-Oise.
Ce réseau comprendrait, en outre de la ligne de circonvallation et les
embranchements de Pontoise, de Méry, de Montlhéry et d'Argenteuil, étudiés
et prêts à être exécutés, les vingt et une lignes ou tronçons suivants,
reliant tous les cantons aux arrondissements et ces derniers à Versailles.
(Lire le tableau).
Archives municipales de Carrières-sous-Poissy
Le 15 Xbre
1871, L'Agent général de la Compagnie du Chemin de fer de Circonvallation
adresse au Maire de Carrières-sous-Poissy la copie de la délibération du
Conseil municipal de la Ville de Roissy.
Notes
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