Baguenaude
Corbeil-Essonnes : Les Grands Moulins, hier et aujourd'hui
Marc André Dubout
Le premier moulin
date de 1120, il est construit avec un château.
Sous Louis XIV, le moulin est agrandi. En 1774-5, il est en ruine et sera démoli
et un nouveau le remplacera pourvu de douze paires de meules.
Avec la révolution industrielle son mécanisme est remplacé et c'est la mouture à
l'anglaise. Il est équipé de 14 paires de meules.
À partir de 1830 ,les frère Darblay en deviennent locataires. Dans les années
1885-7, c'est la mouture à la hongroise. En 1905, on construit un nouveau
moulin, c'est le plus puissant du monde (162 paires de cylindres, 35
plansichters, 192 bluteries).
En 1908 la production atteint 8500 quintaux par jour.
Dans les années 50, les Grands Moulins de Corbeil deviennent une filale des
Grands Moulins de Pantin, ils continuent à se moderniser.
2023 arrêt de l'activité sur le site sud et inauguration du Moulin 4.0 sur le
site Nord.
Suite à la
reprise de la construction du Tramway Decauville de 1890, j'ai voulu compléter
mes recherches historiques sur ce sujet et suis allé aux archives de
Corbeil-Essonnes avec l'espoir d'explorer diverses pistes que j'avais notées
ayant toujours le sujet à l'esprit. Aussi retournais-je sur le site glaner quelques
observations qui pourraient au hasard réveiller des cheminements insoupçonnés.
C'est ainsi que je reprenais ma vielle baguenaude sur les lieux où Decauville
avait façonné son œuvre. En repérage vers l'Hôtel de Ville où se tiennent les
archives municipales, je suis repassé devant les Grands Moulins de Corbeil édifiés en 1880 au
bord de la Seine. La minoterie des Grands Moulins est visible depuis les berges
du fleuve et s'impose dans le paysage régional. Au-delà du
patrimoine industriel, ce site incarne un symbole historique du développement de
la ville.
Une partie du site est classé MH depuis 1987 pour l'élégance de ses façades et toitures de la tour élévatrice.
Je prends le train pour Cobeil-Essonnes.
L'embarcadère1 de Corbeil est mis
en service par la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans le 17 septembre
1840 lors de l'ouverture de sa ligne de Paris à Corbeil.2
Gare de bifurcation, elle est située au point kilométrique (PK) 32,3 de la ligne
de Villeneuve-Saint-Georges à Montargis entre les gares d'Évry-Val-de-Seine et
de Moulin-Galant et au PK 11,02 de la ligne de Grigny à Corbeil-Essonnes. Elle
est également l'origine de la ligne de Corbeil-Essonnes à Montereau.
Son altitude est de 39 m.
Sur ces cartes postales, on distingue visiblement la voie de 60 encastrée dans
le pavage de la place de la gare. La voie se dirige avenue Darblay.
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La gare d'aujourd'hui n'a pas la
même élégance que celle du début du Chemin de fer, ni d'ailleurs l'ancien Hôtel
" Terminus "qui est devenu un kébab à moitié abandonné, mal tenu et sale.
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En face de la
gare le traditionnel "Hôtel Terminus" construit dans une certaine
élégance, malheureusement aujourd'hui bien disparue.
D'ailleurs tout ce petit centre de Corbeil a bien pris des stigmates de décrépitude.
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La rue de la gare (puis rue d'Essonne en 1908, aujourd'hui Jean-Jaurès), vue vers le centre du
village. La voie en bas à droite vient de la gare de marchandises et se dirige
vers les magasins des Grands Moulins de Corbeil.
On ne la voit pas sur cette carte postale mais juste derrière l'Hôtel de la
gare passe la voie ferrée de desserte des Grands Moulins de Corbeil.
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Aujourd'hui elle est toujours présente mais plus utilisée. Vue vers la gare de
marchandises.
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et vue vers les magasins des Grands Moulins de Corbeil.
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On la retrouve quelques dizaines de mètres plus loin au croisement de l'avenue
Darblay3 et de la rue de Seine.
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Immédiatement après la traversée du croisement, elle se divise en six voies...
... avant d'entrer dans les Grands Moulins de Corbeil, une minoterie
industrielle au bord de la Seine construite en 1893 par l'architecte Paul Friesé.
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Quelques vestiges de la voie ferrée à l'intérieur de l'établissement. Beaucoup
d'autres voies ont été recouvertes de bitume.
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Une partie du site (façades et toitures de la tour élévatrice) fait l’objet
d’une inscription au titre des monuments historiques depuis juillet 1987.
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L'accès que l'on distingue sur la photo précédente mène à une ancienne
aire de
stockage des wagons.
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Noter la quantité de wagons en attente d'expédition avec en toile de fond
l'Hôtel de Ville de Corbeil. Seules quelques traces de voies ferrées ont
résisté, les wagons, eux, ont disparu.
Les Grands Moulins en pleine activité, desservis par le rail et par la Seine. La
passerelle qui reliait les Grands Moulins aux quais de la Seine a été détruite
par un incendie en décembre 2011.
Situés, à la confluence de l’Essonnes et de la Seine, pour l’approvisionnement de
Paris en farine et de son bassin, les Grands Moulins de Corbeil témoignent d'une
tradition très ancienne. Au Moyen Âge un simple moulin fut construit sur
l'Essonnes avant de se jeter dans la Seine. Les bâtiments à la fois singuliers et
magistraux se dressent au bord de la Seine et font de Corbeil un acteur majeur
de la Révolution industrielle du XIXème S. à partir de 1863, grâce
aux Frères Darblay3 qui modernisent considérablement la production de farine avec
des méthodes innovantes.
À l'intérieur d'une salle d'angle surplombant le passage de l'Essonne, on
aperçoit par la vitre cassée cette courte voie étroite.
Archives communales de Corbeil-Essonnes
Plan des voies à l'intérieur de l'usine (1915).
La ligne Corbeil—Essonnes au gré des archives
Archives communales de Corbeil-Essonnes
M. Feray demande l'autorisation de faire établir le bornage de sa propriété du
canal.
Accordé
M. le Maire soumet au Conseil une lettre et plan de la Société des Grands
Moulins, pour une modification apportée à la voie ferrée reliant leurs usines.
Aucune observation n'est faite à ce projet. M.M. demande seulement que dans la
traversée du quai le moindre écartement possible soit laissé entre les rails,
afin d'éviter les accidents, comme il s'en est déjà produit.
La proposition des Grands Moulin est approuvée.
Archives communales de Corbeil-Essonnes
Voies de Chemin de fer appartenant aux Grands Moulins et situées quai
de l'Apport-Paris.
M. K. demande si les deux voies de chemin de fer du quai de l'Apport-Paris et la
plaque tournant sont pour rester en permanence.
M; le Maire répond qu'il va s'informer de cela auprès de a Société des Grands
Moulins.
Archives communales de Corbeil-Essonnes
Rue du général Lucotte les eaux de la Ville se jettent dans l'égout
appartenant aux Grands Moulins de Corbeil.
M. le Maire donne la parole à M.M. pour la lecture du rapport de la commission
des finances relatif aux déversements des eaux de l'égout que la Ville doit
construire au droit de la Sous-Préfecture dans l'égout appartenant à la Société
des Grands Moulins de Corbeil, rue du Général Lucotte.
M.M. Lit ce qui suit :
M. le Maire a communiqué à la Commission une lettre de la Société des Grands
Moulins de Corbeil, en date du 21 juillet, ainsi conçue :
Nous avons l'honneur de répondre à votre lettre du 17 juillet, et nous
consentons volontiers à ce que la Ville nous emprunte l'égout nous appartenant
dans la rue du général Lucotte pour y faire aboutir les eaux de pluie
recueillies par un égout à construire devant la Sous-Préfecture.
En raison de notre propriété de l'égout existant, nous demandons à la Ville une
location nominale de dix francs par an.
Recevez...
La Commission vous propose d'autoriser M. le Maire à traiter dans les conditions
énoncées plus haut avec la Société des Grands Moulins de Corbeil.
M. G. fait remarquer que la Société des Grands Moulins de Corbeil ne peut
prétendre avoir un droit de propriété sous la voie publique
rue du Général Lucotte. Elle a obtenu seulement l'autorisation d'y établir un égout pour le
déversement en Seine de ses eaux industrielles.
Cet égout a été construit aux frais de la Société des Grands Moulins de Corbeil,
il est vrai, mais la Ville n'a pas en concédant cette faveur, aliéné sa
propriété, et par suite elle ne doit pas souscrire l'engagement de payer une
redevance quelconque, puisque cet engagement aurait pour conséquence de
reconnaître aux Grands Moulins un droit de propriété qui ne peut lui appartenir.
M. J. fait remarquer que déjà l'égout en question reçoit l'égout en question
reçoit, par plusieurs bouches les eaux de la rue du Général Lucotte et que par
conséquent sera la même pour les Grands Moulins quand le nouvel égout aura été
construit et déversera ses eaux dans celui construit par cette société.
M. le Maire déclare que les observations qui viennent d'être faites sont
absolument justes ; qu'il ne peut, par suite être fait droit à la demande de la
Société des Grands Moulins de Corbeil.
Il propose qu'une lettre indiquant cette situation soit écrite à cette Société,
avec observation que la Ville utilisera l'égout.
Archives départementales d'Essonne
La locomotive Decauville de 20 tonnes à vide construite pour les Grands moulins
de Corbeil (vers 1915). Elle manœuvre dans la cour de l'usine (voir photo
ci-dessus).
Archives communales de Corbeil-Essonnes
Le 31 mai 1904, le Maire de la Ville de Corbeil écrit au Préfet de
Seine-et-Oise :
Une décision ministérielle du 17 juillet 1899 a approuvé le projet
d'établissement d'un raccordement particulier destiné au chemin de fer des
Moulins Darblay3 dont une
décision du 25 janvier 1902 a autorisé certaines modifications au nom de la
Société des Grands Moulins de Corbeil.
Il a été procédé le 9 mai 1904, par les soins du service du Contrôle
Archives communales de Corbeil-Essonnes
Projet de locomotive Decauville série 59, dossier pour les Grands
Moulins de Corbeil destiné à la manoeuvre des wagons à l'intérieur de l'usine et
sur le raccordement avec la Cie P.L.M.
Caractéristiques de la machine.
Le tampon des Établissements Decauville Aîné.
Archives
communales de Corbeil-Essonnes
Le 17 avril 1905, le Directeur des Grands Moulins de Corbeil écrit au
Maire de Corbeil pour lui confirmer la demande d'autorisation pour la
construction d'une passerelle pour transporteur à sacs au-dessus du quai,
séparant le magasin du moulin neuf, du ponton de chargement en face ledit
bâtiment. De construire un ponton de chargement sur la Seine entre les deux
pontons actuels, avec facilité de faire manœuvrer une grue à vapeur ou
électrique.
Pour la suite de la lettre nous ne mentionnerons que les parties qui concerne
les voies ferrées sur la voie publique.
- d'établir une voie Decauville longeant le parapet du quai et en dehors de
ce parapet au-dessus du pérré5,
mais traversant les quais pour entrer d'une part au grand moulin au-dessus du
canal de Chateaubourg ou près de l'entrée actuelle des tombereaux de charbon et
d'autre part au magasin près de la porte de sortie des voies ferrées allant aux
Grands Moulins.
- de remplacer sur notre embranchement la traction actuelle par une locomotive à
vapeur ou électrique avec ou sans trolley.
- d'effectuer un léger remaniement des voies sur le quai pour permettre l'entrée
en ligne droite sous le nouveau bâtiment.
Concernant les redevances à payer à la Ville par le Grands Moulins de Corbeil
par délibération de échanges de lettres et d'actes notariés :
- pour raccordement de voies avec le tramway6
, quai de l'Apport-Paris (délibération du 13 janvier 1918 et du 8 décembre 1926)
la somme de 900 francs.
- pour l'installation d'une voie ferrée, rue La Fayette acte du 20 juin 1913, la
somme de 400 francs.
- pour l'installation d'une nouvelle voie ferrée, rue La Fayette acte du 5
novembre 1918, la somme de 600 francs
- pour l'installation d'une autre voie ferrée, rue La Fayette acte du 15
novembre 1919, la somme de 400 francs
Notes :
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6 Il s'agit du réseau des Chemins de fer de Grande Banlieu, réseau Sud. Sources :
Site :
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