Baguenaude
Corbeil-Essonnes : Les Établissements Decauville Aîné, hier et aujourd'hui
Marc André Dubout
On ne présente plus l'Entreprise Decauville, créée en 1875, ancien constructeur français de matériel ferroviaire et de manutention, de cycles et d'automobiles. qui est devenue vers la fin du XIXème S. les Établissements Decauville Aîné, qui ont été rendus célèbres par la création du " Porteur Decauville ", le chemin de fer portatif qui s'est exporté dans le monde entier.
Allons à Corbeil-Essonnes rejoindre ce qui reste des anciens bâtiments du célèbre Industriel.
L'embarcadère1 de Corbeil est mis
en service par la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans le 17 septembre
1840 lors de l'ouverture de sa ligne de Paris à Corbeil.2
Gare de bifurcation, elle est située au point kilométrique (PK) 32,3 de la ligne
de Villeneuve-Saint-Georges à Montargis entre les gares d'Évry-Val-de-Seine et
de Moulin-Galant et au PK 11,02 de la ligne de Grigny à Corbeil-Essonnes. Elle
est également l'origine de la ligne de Corbeil-Essonnes à Montereau.
Son altitude est de 39 m.
Sur ces cartes postales, on distingue visiblement la voie de 60 encastrée dans
le pavage de la place de la gare. La voie se dirige avenue Darblay.
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La gare d'aujourd'hui n'a pas la
même élégance que celle du début du Chemin de fer, ni d'ailleurs l'ancien Hôtel
" Terminus "qui est devenu un kébab à moitié abandonné, mal tenu et sale.
2025
En face de la
gare le traditionnel "Hôtel Terminus" construit dans une certaine
élégance, malheureusement aujourd'hui bien disparue.
D'ailleurs tout ce petit centre de Corbeil a bien pris des stigmates de décrépitude.
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La rue de la gare (puis rue d'Essonne en 1908, aujourd'hui Jean-Jaurès), vue vers le centre du
village. La voie en bas à droite vient de la gare de marchandises et se dirige
vers les magasins des Grands Moulins de Corbeil.
On ne la voit pas sur cette carte postale mais juste derrière l'Hôtel de la
gare passe la voie ferrée de desserte des Grands Moulins de Corbeil.
Je me rends à la rue Decauville.
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Extrait de " Les
grandes usines de Turgan " édition de 1882
Vue générale de l'usine Decauville installée à Corbeil à partir de 1881-2, suite
au déménagement du site de Petit-Bourg, situé à quelques kilomètres en aval de
la Seine sur la même rive.
L'aide d'Émile, centralien depuis 1877, permit à Paul de choisir un nouvel
emplacement plus grand et surtout mieux situé puisque ce dernier se trouvait sur
la Commune d'Essonnes en limite d'Évry entre la Seine et la voie ferrée de la
Compagnie P.L.M. de Paris à Montargis. En effet la desserte était bienvenue
pour un établissement destiné à recevoir et expédier un volume important de
matériaux, de marchandises, ainsi qu'un tonnage considérable de charbon et
autres matières premières.
Suite à la défaite de 1870, la France se relevait et la réussite de l'industrie
à laquelle Decauville était attaché, contribuait grandement à l'image qu'il
souhaitait donner. Les Établissements Decauville étaient à l'époque les plus
grands du monde en matière de chemins de fer portatifs en plein développement. En 1881 on
pouvait lire dans la presse l'extension des ateliers de Petit Bourg vers le
territoire d'Essonnes où un terrain de 8 hectares sera investi pour la
construction d'ateliers industriels qui porteront la dénomination " Petit Bourg"
(jusqu'en 1908-10), avant de s'appeler finalement "Corbeil "4.
La société Decauville fut fondée par Paul Decauville, fils de Amand Decauville, un exploitant agricole de Courcouronnes (Seine-et-Oise) spécialisé dans la production de betterave sucrière et sa distillation en alcool. En 1875, pour débarder une récolte de betteraves dans des champs gorgés d'eau, il invente un nouveau type de voie de chemin de fer de faible écartement (de 400 à 600 mm) qui très vite prit le nom de « Decauville » terme aujourd'hui devenu générique de ce type de chemin de fer portatif facile à installer.
L'usine est divisée en parties bien distinctes où l'on fabrique : dans l'une les
voies, dans une autre les wagonnets, dans une troisième le matériel roulant,
dans une quatrième les locomotives.
Les matières premières entrent dans les ateliers par deux bouts, pour en ressortir
au centre complètement transformées et prêtent à être expédiées.
Une machine à vapeur de 100 chevaux, du système Corliss, construite par V.
Brasseur à Lille actionne une partie de l'usine. Il y a quatre autres machines à
vapeur fixe pour le service des autres ateliers. Toutes sont alimentées par des
chaudières du type tubulaire de Weyher & Richemond.
La production journalière représente 120 tonnes de fer fabriqué. Une
réserve de matériel exécuté à l'avance permet de satisfaire les commandes sans
délai.
Mais l'usine ne fabrique pas que du ferroviaire, elle produit également des
cycles, tricycles, voitures, etc.
Déjà du temps de Petit-Bourg, Decauville organisait des visites de son usine
mais pour l'Exposition universelle de 1889, il construisit une voie de 0m,60
de 2300 m reliant la gare de Corbeil à son usine et le nombre de visiteurs fut
considérable.
Les visites se terminent généralement par le laboratoire d'essai des métaux qui
s'inspire de celui du Conservatoire des Arts & Métiers.
Et la visite se termine par
Le
voyage présente l'ensemble des difficultés pouvant être rencontrées : lacet,
rampe de 4 %o, courbes serrées de 20 m. de rayon, rampe
hélicoïdale, puis d'autres à 5 et 9 %o, plan incliné. Même
l'usage de la crémaillère a été utilisé malgré l'impossibilité brandit à cause
du faible écartement entre les roues Decauville a présenté Hercule,
la locomotive munie d'une crémaillère analogue à celle du Righi. La balade se
termine au restaurant de la Société coopérative.
L'application du Decauville est pratiquement infinie, dans les caves, les
travaux publics, les hôpitaux pour le transport des repas, dans les
fabriques, d'allumettes, de pipes, maraîchage, etc. À Petit-Bourg un bureau
spécial étudie tous les cas de figure pour répondre à la demande et proposer un
devis.
Le wagonnet remplace le brouette et le prix du transport est au rendez-vous. Des
exemples concrets de réalisations en France et à l'étranger illustrent ces
informations.
Connu dans le monde entier, Decauville fut l'un des fleurons industriels
français à partir des années 1880 et jusque dans les années 1970.
Malheureusement, et c'est décevant, mais il ne reste plus grand chose de ce
fleuron industriel du XIX et XXème S. sur le territoire qui le rendit
célèbre dans le monde entier.
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Vus du chemin de fer (ligne D) il ne reste que quelques bâtiments au milieu
d'une friche industrielle desservie par une rue Decauville minable où
s'entassent détritus, déchets et immondices.
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2020
Plus ou peu de voies ferrées visibles excepté entre quelques bâtiments où se trouvait
le pont transbordeur pour la desserte des ateliers.
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Voilà dans quel état est la pauvre rue Decauville qui n'est même plus une rue
mais une impasse qui se heurte à un mur de soutènement d'un rond-point d'accès à
la Francilienne.
Quelques autres photographies
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En retournant vers le centre de Corbeil, sur un quai d'accès à la Seine
(peut-être l'ancien port qui desservait les usines,
apparaît ce vestige de voie de 50 à contre-rail encastré dans le béton.
L'usine et les bords de Seine.
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Cette voie ferrée particulière ne date pas de l'époque Decauville. Elle est
contemporaine et depuis la prise du cliché, elle est abandonnée.
Et maintenant quelques photographies de l'usine à la " Belle Époque ".
Revue de l'Exposition Universelle de 1889
La gare des marchandises de Corbeil et les jardins ouvriers.
Les entrées n° 1 et 2, mille fois photographiées avec la présence des ouvriers à
l'occasion de diverses manifestations.
En face de l'entrée n° 2, l'atelier des expéditions avec sa voie de chargement,
bordée de deux voies de 60, une sur chaque quai.
Légende erronée, il s'agit de la cour, entre les bâtiments, dans laquelle
stationnent des véhicules prêts à être expédiés. À droite une automotrice
électrique.
Une 021-T chargée sur un wagon plat supportant 10 tonnes prête à être
expédiée vers ... peut-être un pays lointain.
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La rue Decauville qui dessert l'usine, le long de la voie ferrée.
L'ancien atelier de construction des locomotives. À l'époque, il y avait le parc
aux matières premières devant et sur le côté droit.
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La même rue aujourd'hui, entourée d'une usine dont les bâtiments sont en ruine,
toitures éventrées, murs salis, état de délabrement avancé.
Quelle tristesse ! Si MM. Paul, Émile et Pierre Decauville voyaient cet accablant spectacle !
Notes :
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Sources :
Site :
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