Souvenir 

La 020T-03 Decauville n°876 de 1914

MAD

La 020T Decauville type "Progrès 1910" a été construite chez Decauville en 1914 sous le numéro 876. La chaudière n°5346 de 1913 a été éprouvée le 11 février 1914. Elle a été livrée à  A. Glay le 18 mars de la même année.
Elle a ensuite, en 1948, rejoint la Société d'exploitation des procédés Beugin à La Comté (62), une ancienne briqueterie fondée en 1923, reconvertie pour devenir un fleuron en protection de surfaces.
Dates d'épreuve : le 5 octobre 1948, le 5 septembre 1958 et 9 mai 1968.

Avant 1948, elle a connu divers propriétaires dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais pour terminer son service dans les usines Céramiques de Beugin en 1968.
À la Société d'exploitation des procédés Beugin à La Comté, elle portait le numéro 2. Mais son châssis est celui de la numéro 4 locomotive Decauville n° 1027, construite en 1925 qui avait la chaudière n°5979 de première épreuve le 8 octobre 1925 et livrée le 30 janvier 1926 à Soly & Lelieu. D'ailleurs sur les bielles on a retrouvé le n° 1027.

Jean Chapotel, grand collectionneur de machines et de locomotives à vapeur l'avait achetée à la Société d'exploitation des procédés Beugin à La Comté (62) le 14 septembre 1985 pour la somme de 50 000 francs soit 7622,5 €.
Deux autres machines de même type avaient été acquises pour la même somme par notre Membre et ami Jean-Bernard Mervaux lui aussi collectionneur averti.

La 876 est arrivée directement au CFC le 14 septembre en milieu d'après-midi.

En excellent état général et dotée d'un foyer en acier (la chaudière avait subi des réparations) l'objectif était de la remettre en service pour notre chemin de fer. Nous avions une année d'exercice et une locomotive à vapeur nous tombait du ciel (il faut se remettre dans l'esprit de l'époque, c'était inespéré).


Le document de vente de la Société d'exploitation des procédés Beugin à La Comté. Le prix 50 000 francs, soit 7622,50 € (c'était un autre temps).


et bien sûr, le livret de l'APAVE Nord suivait la machine ainsi que le registre des visites périodiques. Le livret qui s'est arrêté en 1968 nous a quand même bien servi pour la requalification une vingtaine d'années plus tard (à cette époque tout était tellement plus facile).


C'est G. Panizzi qui a transporté la machine sur un plateau. C'était le transporteur du MTVS. Une fois débrêlée, la machine était retenue par le câble. Elle est descendue lentement sur ce qui est aujourd'hui la voie 9. 
Jean Finot sur la photo était aussi conducteur sur le tramway de l'Ile d'Oléron.


Nous n'avons pas attendu pour l'allumer. De gauche à droite ?, Audoux, Jean-Bernard Mervaux , Jean Finot ; Louis Perrot , William Godard (Président), MAD (Responsable technique) et Patrick Fitting (Trésorier).


Et nous l'avons allumée plusieurs fois (pas sans avoir fait une épreuve au préalable). 
De gauche à droite, William Godard, dans la cabine Jean Chapotel, à l'attelage MAD, Jacques Thouvenin.


Essai de traction, avec un Socofer en marchandise roulante et le wagon atelier.


Puis ce fut l'heure de démontage. La cabine, la tuyauterie, les crinolines, les soutes à eau les tuyaux de sablière et la locomotive de se retrouva toute nue.


Dépose de la chaudière.


De gauche à droite Audoux, MAD, Jean-Claude Lalande et Jean-Bernard Mervaux .


et repose sur un wagonnet qui nous a bien servi depuis cette époque. 
Le portique et le palan de 2 tonnes, récupérés à l'ancien dépôt RATP de Mozart ont été inaugurés à cette occasion. 


L'équipe des démonteurs, au premier rang, Jean-Claude Lalande, Audoux et MAD, debout derrière William Godard, Jean-Bernard Mervaux et Jean Chapotel.


Alors nous avons établi un programme de travail, sur la chaudière en collaboration avec l'APAVE pour sa requalification et les autres aspects :

- mécanisme et roulement, 
- châssis
- Tôlerie
- Tuyauterie

Concernant la chaudière, le gros chantier fut le remplacement d'une trentaine de tubes à fumée sur 63, c'est à dire la moitié en bas de la virole.


Les tubes (36*40 longueur 1455 mm.) ont été achetés chez Champion à Nanterre, j'étais allé les chercher. 100 francs pièce.
C'est moi qui m'y suis collé avec Philippe Ravé de Bligny-sur-Ouche, il avait les dudgeons idoines.

    
Mécaniquement il a fallu reprofiler les bandages. Cette opération a été confiée à J. Denis  patron de Merlin Castets à Villeneuve-le-Garenne, cela a été fait sans extraction des manetons sur un tour vertical.
Nous étions en 1985, Gilbert Dumy mécanicien à la retraite d'Air France venait de nous rejoindre. C'est lui qui a remis tous nos diesels en route : 0B0-04 Decauville, 0B0-05 Campagne puis les 4 Plymouth (Et oui celui qui est canibalisé au fond du dépôt a roulé au CFC).
Les soutes à eau très oxydées ont été confiées à une entreprise de Bezons pour réfection.
La cabine a été refaite avec des tôles neuves au CFC.


Puis il a fallu adapter un système d'air comprimé pour défreiner les baladeuses. Ici liste des accessoires nécessaires à cette réalisation.
Il faut aussi dire qu'à cette époque nous étions moins de dix membres pour tout faire, l'atelier, l'exploitation et la gestion et que tous à part Gilbert étions encore en activité. C'est le samedi que nous nous retrouvions au dépôt et le dimanche sur la ligne. Les mercredis étaient confiés à des vacataires, ce qui plombait un peu le budget.

En une année et demie, notre restauration était validée par l'APAVE et la machine, pas tout à fait terminée (manquait la cabine), circulait sur le réseau pour les essais qui se révélèrent opérationnels.

Quelques photos de mauvaise qualité mais chargée de bonheur.

Pas complètement terminée, préparation pour les premiers essais en ligne. De gauche à droite Jean-Claude Lalande, Jean Chapotel, Guy Veyriras et MAD.

 
Avant le départ en ligne. Jean Chapotel, MAD et Jean-Bernard Mervaux .

Sur la plate-forme, Jean-Bernard Mervaux , Jean Chapotel, Guy Veyriras et MAD.


C'est parti !


Ici, à la station terminus "Passage de Verdure" avec un Socofer pour défreiner la baladeuse.
Noter l'attelage utilisé sur les machines de Beugin. Un gros tampon avec un simple crochet qui un jour a cassé.

 
Sur la plate-forme Jean-Bernard Mervaux et Jean Chapotel.


Jean Chapotel derrière le sifflet, MAD, Guy Veyriras et William Godard.
Noter le crochet d'attelage à l'avant de la locomotive. Comme la machine ne possédait qu'un seul injecteur, nous avions installé une pompe Worthington qui a toujours bien fonctionné.

 
Jean Chapotel.


Jean Chapotel.

 


Guy Veyriras et Jean Chapotel. Restauration du Decauville n°643.

 
MAD et Jean-Bernard Mervaux en essai un dimanche alors que les deux trains tournaient dans le parc.
C'est à cette époque que Gilbert Dumy a remis le 0B0-04 en marche. Sur la photo la boîte de vitesse avec inverseur et l'embrayage ont été déposés. Le radiateur a été réparé chez Chausson à Gennevilliers. L'entreprise a quitté Gennevilliers, seul un marteau pilon, en monument, témoigne de son activité.


Sur cette photo c'est un essai avec l'utilisation du système de défreinage. Il y a quelques voyageurs bien que la cabine ne soit pas encore terminée.


Jean-Bernard Mervaux et Jean Chapotel, sur la plaque tournante PT1 à l'ancien terminus du Pont d'Épinay proche de l'estacade. C'était le nom de la station à l'époque. Dans un premier temps, seul l'arrière de la loco possédait une main d'accouplement pour le défreinage, il fallait par conséquent la retourner à chaque extrémité. Il nous arrivait de stationner une benne à charbon pour compléter les soutes.


Sur la plaque tournante PT3 au tiroir du dépôt. Le dépôt 2 n'était pas construit.


Cette fois la machine est complètement terminée. Départ en exploitation. De 1986 à 1991, je l'ai conduite deux dimanches par mois. Je la connaissais par cœur.
Noter les bandes jaunes le long du châssis des baladeuses. On ne le voit pas bien, mais les extrémités avaient des liserés blancs.


La réussite de notre restauration a résonné jusqu'au MTVS à Valmondois où Michel Dubuis possédait une 030T Decauville qui ne tarda pas à venir aux Chanteraines où elle a été requalifiée et restaurée de fond en comble.

La Tabamar est arrivée en 1994 pour les "Dix ans du CFC".


Journées Porte-Ouvertes.


MAD et Jean Chapotel à B-7. La voie n'était pas grillagée, le Poney Club n'existait pas.


Un dimanche comme tant d'autres MAD et Jean-Bernard Mervaux .

 
Sur la voie 1 avec une des trois bennes Maurice A. Poot. Ces bennes proviennent de la carrière de Montebourg dans la Manche.
Le deuxième dépôt n'était pas encore construit et les voies n'étaient pas noyées dans le béton. 

La restauration a coûté environ 40 000 francs soit 6097 €. Un contrat avait été établi en Jean Chapotel, le propriétaire et le CFC. La machine devait restée au moins 4 ans aux Chanteraines.
En 1991 l'épreuve hydraulique a échoué, Jean Chapotel qui ne venait plus beaucoup au CFC n'a pas voulu s'engager dans une nouvelle aventure (aujourd'hui je le comprends) alors la Decauville a rejoint ses deux sœurs à Soisy-sur-École dans la propriété de Jean Bernard jusqu'à son décès.
Elle est revenue en 2000 à l'occasion de la "Vente du Siècle" et le CFC l'a rachetée.

Sa deuxième restauration a été plus que laborieuse. Nous avions consulté trois entreprises. Seul Isaac Newton (GB) proposait de réparer la chaudière mais le choix s'est porté sur la construction d'une chaudière neuve dont le fabricant n'était pas à la hauteur. Les papiers se sont fait attendre et la machine est restée inerte et sans emploi pendant des années.

Voilà qu'aujourd'hui, elle va reprendre de l'activité au sein de notre Association et c'est un heureux dénouement.

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