Decauville, et le chemin de fer de Royan - 6/6

Marc André Dubout

Le tramway forestier après 1923

En juillet 1923, fut signée une convention entre le Ministère de l'Agriculture, le Ministère des Finances et la Société générale des Tramways de Royan pour une location de la ligne moyennant le versement de 10 % de recettes voyageurs avec un minimum de 6000 francs annuels. Cette convention avait une durée de 18 ans et prévoyait la mise à l'écartement de 0,60 m. la ligne de l'ancien tramway forestier par rapprochement d'un rail sans renouvellement des traverses. L'administration réduira elle-même l'écartement de son matériel roulant et le concessionnaire mettra à disposition quelques wagons tombereaux basculants. La circulation des chevaux sera maintenue. Le matériel utilisé se résumait en automotrices à essence et remorques, excluant impérativement toute traction vapeur à cause des résineux. Chaque réseau fonctionnait indépendamment mais était administré désormais par la Société générale des Tramways de Royan. 
À la Grande Côte une remise pouvait abriter quatre automotrices sur deux voies sur fosse. La voie principale était raccordée à celle des Tramways de Royan par une courte section de 500 m.1 aboutissant à un aiguillage cadenassé, utilisé pour les seuls mouvements de service.
L'entre rails de ligne devait être conservée en l'état pour la circulation des chevaux, de l'administration, des utilisateurs divers (chasseurs et invités, propriétaires,  acheteur de bois, etc.) qui conservèrent l'usage.
Le concessionnaire, représenté par M. Nougarède, quant à lui, devra assurer un service régulier de deux trains quotidiens de juillet à septembre et assurera le transport des marchandises demandé par l'administration. L'année suivante, deux fois par semaine, pendant la période d'été, le tramway devra assurer par la correspondance de la "Grande Côte" un aller-retour dans la journée. Au cours des années, le régime de l'exploitation changea quelque peu.
Le concessionnaire pourra ouvrir en outre des restaurants2 sur les terrains dont il aura la jouissance.
L'ancienne voie aboutissant à la Combe Massé était conservée mais non utilisée. Elle avait encore servi quelque fois pour le transport des pierres et du sable de la carrière.
L'inauguration eut lieu en juin 1924. 
L'année suivante, des essais d'automotrices remorquant une ou deux baladeuses sur le tramway forestier permirent l'exploitation de cette ligne longue de 27 kilomètres donna satisfaction. Elles stationnaient dans une remise à deux voies qui pouvait abriter 4 véhicules, à la "Grande Côte".
On ne sait ce que sont devenues les automotrices en voie de 1,01 m.

En 1923, le projet d'utilisation du tramway forestier par les Tramways de Royan se réalisa par la signature d'une convention entre les ministères de l'Agricultures et des Finances et la Société générale des Tramways de Royan dirigé par M. Nougarède et administré par M. Sapin. Cette convention à une durée de 18 ans. 

 
"La grande Côte". En 1923, Le tramway forestier est relié au Tramways de Royan par une bretelle de ?? mètres cadenassé ne permettant que les mouvements de service.
Sur cette photo on voit le train à vapeur arrivant de Royan, le casino et à droite l'automotrice Decauville et sa remorque du tramway forestier en correspondance.
Documents FACS n°139, (collection E. Duclos)

Dans les années 20 l'engouement pour la photographie est moins présente qu'au début du siècle, aussi le tramway forestier en voie de 60 est bien moins présent sur les cartes postales.


Ici au phare de "Bonne Anse", l'automotrice est une Decauville donc sur la voie de 1,01 m.


Dans l'allée du "Barachois". Les promeneurs posent devant l'automotrice Campagne.


Automotrice Campagne à l'arrêt devant le restaurant de la Coubre.


À " Ronce-les-Bains" l'automotrice à essence et sa remorque arrivent au terminus.


À " Ronce-les-Bains", l'automotrice Campagne est prête à repartir vers la "Grande Côte". La deuxième voie en Y est à droite de l'automotrice.

Le terminus de "Ronce-les-Bains" en juin 1924. Automotrice Campagne et deux voitures KE.

 La fin du réseau du tramway de Royan

La période 1925-1933 est l'apogée du tramway de Royan avec certains jours 30 aller-retours quotidiens, transportant environ 20 000 voyageurs.  
Mais l'autobus pointe son nez avec la création d'une société concurrente. En 1937 la section Saint-Georges-de-Didonne est supprimée pour les trains au profit des autobus et l'image du tacot terni celle de la ville. 
La guerre de 39-45 a dévasté la voie ferrée mais des circulations pour les transports de bois ont quand même eu lieu  soit tracté par des draisines, des automotrices ou des locotracteurs. 
En 1940 les circulations reprennent timidement et l'organisation Todt va utiliser intensivement les possibilités du tramway pour la construction de blockhaus sur la Grande Côte. Une voie de raccordement vers la gare marchandises aurait été construite pour ce faire.
En 1944, la concession prenait normalement fin, une dérogation d'un an fut accordée et tout s'arrêta en septembre 1945. En 1946, le dépôt fut bombardé. Les wagons tombereaux, tractés par l'unique 021T rescapée, circulèrent au titre des déblaiements des ruines, aidés par des locotracteurs allemands. Des voies volantes furent installées pour alimenter la voie principale. 
En 1948, un ferrailleur d'Angoulême démonta tout le réseau, C'en était fini du Tramway de Royan. Le matériel a été vendu en 1953 par les Eaux & Forêts et le réseau fut démantelé en août 1954.
Trois tentatives de sauvegardes échouèrent, les trains de loisirs n'étaient plus en vogue après-guerre et disparaissaient silencieusement.

Notes
  • 1 C'est M. Baudry, propriétaire du restaurant de la "Grande Côte" qui fut l'initiateur de la construction de ce raccordement
  • 2 Le restaurant du phare de la Coubre

Sources :

  • Les Tramways de Royan. Voyage à Royan. - FACS - n°139 - R. Vergez et J. Chapuis - 1977
  • Decauville ce nom qui fit le tour du monde - Roger Bailly - Amattéis - 1989
  • Les petits trains de jadis 08 - Henri Domengie - Éditions du Cabri - 1990
  • Les tramways de Royan à Ronce-les-Bains - Cédric Demonfaucon - Éditions Alan Sutton - Mémoire en images - 2003
  • Revue technique de l'Exposition universelle de 1889 - Ch Vigreux - E. Bernard et Cie  Imprimeurs-Éditeurs - Paris

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