Le carnet du CFC

Le chemin de fer des "Marginaux et des Saltimbanques"

MAD

"Saltimbanque de la récupération et des Marginaux du rail", voilà ce qu'il faut interpréter à travers ces deux vocables. En effet ce petit chemin de fer a été construit, il y a bien longtemps, au temps où les mines, cimenteries, usines fermaient leur porte en abandonnant leur matériel de chantier qui n'avait plus de raison d'exister puisque le travail des hommes leur faisait défaut. Les temps changent certaines activités cessent et ce qui servait d'outils de travail perd de sa valeur, tombe dans l'oubli, est ferraillé ou... est récupéré par ces poètes de la chimère qui leur redonnent vie. 
Et ici c'est le cas, un petit paradis où tout fonctionne comme avant.
Il y a huit ans, j'avais déjà visité ce chemin de fer original, bien caché au fin fond des collines dans le Département des Bouches-du-Rhône.
Déjà pour y accéder, ce n'est pas chose aisée. Petite voiture fragile s'abstiendra de cheminer sur la voie muletière. En 4x4, oui mais pas trop vite, un pignon suffira. À pied sous le cagnard, sûrement pas l'été. Dans tous les cas il faudra prévoir un temps pour le voyage... mais une fois arrivé, alors, c'est le délice de ces petits trains baignant dans leur jus comme jadis.
Par discrétion je ne mentionnerai pas le lieu afin de préserver la tranquillité du propriétaire.
Au bout de la route, s'achèvent les derniers tours de roues... et de volant de la voiture qui nous a bien cahotés. Nous voilà enfin arrivés au terme de notre balade dans la garrigue noueuse coincée entre les flancs verticaux des rochers brûlés par le soleil.
Il fait chaud, très chaud, Gérard nous invite à prendre un café à l'intérieur de la maison où un peu de fraîcheur nous fait du bien.
En bas de la terrasse deux wagonnets en voie de 50 chargés de bois (pour l'hiver) attendent sagement que l'été passe pour alimenter la cheminée qui revivra dès les premières froidures de novembre.
Ce sont des CACL J. Weitz, construits à Lyon, c'est écrit sur la benne. Derrière, sur la même voie en impasse, stationne un Pétolat qui a la même fonction.

 

Nous nous dirigeons vers le locotracteur Campagne en état d'origine à l'exception du moteur qui a été remplacé.
Petite photo des amis avant le départ, Louis, Marc, Jean et Gérard, les compères.
Nous montons dans les deux wagonnets aménagés pour le transport des voyageurs, mais attention pas plus de deux personnes par véhicule. Astucieux, une palette fixée sur le châssis et un banc sommaire, ça suffit pour visiter le réseau.

 

 

La ligne, installée au milieu du chemin passe devant la maison, descend légèrement et tourne à gauche pour contourner un jardin potager et revenir sur l'autre rive du vallon. Nous passons devant divers wagonnets récupérés et garés sur des voies de service qui ont tendance à disparaître sous la végétation.

 

 

Un peu plus loin, nous passons sans arrêt devant une aire de service comprenant une fosse (accessible également aux voitures) munie d'un portique avec un palan permettant de soulever de lourdes charges.
Des containers sont alignés le long de l'installation.

 

 

 

Puis nous arrivons au dépôt des Marginaux où les V50 et V60 se marient engendrant des branchements singuliers, plaque tournante à deux files de rails, aiguillages à une ou deux aiguilles et autres figures : rail commun aux deux voies, imbrication, etc. Tout a été construit et adapté sur place.
Tout cet espace est construit au double écartement ce qui donne à réfléchir sur la disposition des rails.

 

 

À l'intérieur du petit dépôt qui abrite deux voies de 50 et 60, se trouvent divers engins : locotracteurs LLD, Deutz, un wagon poste-électrogène

Le groupe électrogène monté sur un wagonnet pour assurer la production d'électricité en ligne. En effet la meuleuse, la perceuse, et la tronçonneuse ont un rôle important à assurer sur la ligne pour les travaux de voie ou les coupes de bois pour l'hiver.
Ici on voit le groupe électrogène qui tourne à merveille.

Ah oui, précisons que tout le matériel moteur fonctionne parfaitement, rien n'est laissé au hasard ou à l'abandon.

 

Gérard nous sort deux ou trois locotracteurs et les gares sur les diverses voies de service.
Un coup de manivelle (attention au retour !) et hop ! Le doux son du moteur est apprécié du connaisseur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis nous reprenons notre route en accotement du sentier, tantôt à droite, tantôt à gauche.

 

 

 

Nous passons devant d'autres matériels en attente de restauration, un locotracteur, un moteur Vendeuvre actionnant un groupe électrogène, des bennes basculantes une voiture d'acheminement des mineurs, des lots de rails, des coupes de bois qui attendent le transport vers la demeure. 

 

Puis c'est le terme de la balade qui s'achève par une boucle en raquette laquelle passe sur un ponceau avec quelques mètres plus loin une voie de garage pour pique-niquer à l'ombre des arbres.

 

 

 

Nous revenons sur nos pas. Nous passons à nouveau devant le dépôt et rejoignons la maison mais pas sans un arrêt pour visiter l'atelier.
La voie d'accès à l'atelier croise un chemin, c'est pourquoi la distance entre l'aiguille et le cœur est assez longue et facilement franchissable par les véhicules routiers.
Cette disposition me rappelle celle utilisée au Jardin d'Acclimatation, au Bois de Boulogne (Neuilly-sur-Seine), là où le chemin de fer entre dans la gare centrale juste après le passage à niveau.
Mais revenons à l'atelier qui abrite, fraiseuses tours, presse, perceuses à colonne, poste à soudure, enfin toutes les machines-outils et outillage nécessaires à l'entretien d'un chemin de fer quelque soit son écartement.
Quand on a à l'esprit l'état du chemin d'accès au site et qu'on doit imaginer le transport de tout ce matériel fixe et roulant... alors "Respect".
La voie qui pénètre à l'intérieur est elle aussi au double écartement et imbriquée dans le sol mais son accès ne comporte que la voie de 50.

En bout d'impasse est garé un locotracteur Hercule et transmission hydraulique. 
Nous laissons le Campagne, accrochons les voiturelles à l'Hercule et repartons en sens inverse avec les deux wagonnets pour une seconde visite du réseau.

 

 

Et l'heure intelligente arriva bien vite. Vin rosé frais obligatoire puis nous passons à la table provençale, tomates, ratatouille et les discussions fusent de toute part.
L'après-midi, nous regarderons un film sur les tramways. Dehors, il fait trop chaud pour nous exposer et bien vite le moment de repartir interrompra ce partage de passion.
Nous rentrerons par un autre chemin tout aussi escarpé.
Salut Gérard et merci et bravo.

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