Baguenaude

Baguenaude sur les lignes de chemin de fer Cusset—Vichy (Allier)

MAD

Les villes de Cusset et de Vichy sont contiguës et les centres-villes sont distants de seulement quelques kilomètres, cependant trois lignes distinctes ont assuré la liaison :


Le tramway de Vichy à Cusset

Le 12 janvier 1895, Cusset obtient par décret la déclaration d'utilité publique donnant l'autorisation d'établir une ligne de tramway à traction mécanique à air comprimé reliant Cusset à Vichy. La Société anonyme du Tramway de Vichy à Cusset exploite un tramway entre le cours Lafayette à Cusset, et l’église Saint-Louis à Vichy via la gare P.L.M. La ligne est à voie métrique, la traction mécanique : système Mékarski à air comprimé. 
Le tramway fonctionne entre le 15 décembre 1895 et le 31 mars 1927. Le tramway de Cusset à Vichy fut l’un des premiers tramways à air comprimé de France.

Le tracé

Le tramway         le P.L.M.
La ligne a pour origine Cusset. Le terminus est au cours Lafayette où une plaque tournante permet de retourner les motrices. Elle contourne le centre de la ville par le nord en suivant le cours Lafayette, le cours Annet-Arloing, le cours de Tracy et arrive à la place du Centenaire de la République.  

Le terminus cours Lafayette muni d'un évitement pour la remise en tête de la motrice et d'une plaque tournante.
Le cours Lafayette n'a pas changé.
Cusset place du Centenaire où une voie d'évitement permet le croisement des convois.
La Place du Centenaire et l'hôtel Dieu où passait le tramway. L'abri et les rails ont disparu.
Toujours place du Centenaire devant le Grand Café du square.

Départs : 20 à 30 minutes de 8 h 30 à 20 h 30 (minuit en saison).
La ligne continue ensuite par la rue de la République, la R.N. 106 du Pont du Sichon à l'avenue de Lyon. Elle entre ensuite dans Vichy par l'avenue de Lyon, passe sous les voies P.L.M. suit la rue de la Gare et passe devant la gare de Vichy. 

L'avenue de Lyon en direction de Vichy, la ligne en pente passait sous les voies P.L.M. puis tournait sur la gauche pour atteindre la place de la gare de Vichy.

Vichy

Le tramway avenue de la gare. 
Noter la baladeuse à panneaux vitrés et ouvertures latérales. Au terminus, elles étaient manœuvrées à bras.
Un immeuble très Napoléon III devant lequel passe une motrice Mékarski en direction de Cusset. Ces motrices ne possédaient qu'un seul poste de conduite, elles n'étaient donc pas réversibles. Noter les tabliers couvrant le mécanisme. Un seul essieu était moteur.
À peu près le même angle de vue. La Statut de la "Ville de Vichy accueillant ses hôtes" a disparu.
Place de la gare. Au premier plan la voie du tramway.
Tramways à traction hippomobile exploité par l'établissement thermal Sainte Marie qui concurrencé par le tramway abandonnera son exploitation.

Le terminus est situé sur le coté de l'église Saint-Louis où une boucle est installée. Cette boucle disparaîtra en 1930 au profit d'une plaque tournante.

Arrêt Place de la République.
Évitement rue de la gare, juste après le terminus de l'Église St Louis.
Terminus de l'Église St Louis. Au début de l'exploitation, il y avait une boucle de retournement avec une voie de garage et un évitement devant le chevet de l'Église.

La voie est en rail Marsillon 1 sur traverses de chêne posées sur ballast de l'Allier, le rayon des courbes descend à 30 m. Elle suit globalement les rues et avenues sauf à quelques endroits. La ligne est en voie unique avec trois évitements permettant le croisement de deux motrices et un à chaque terminus. Le trajet se développe sur 3,615 Km et dure 20 minutes. 

Un projet d'électrification et de prolongement dans la ville et vers St Yorre est refusé par le conseil municipal.

Projet d'électrification
En 1925, MM. Lapeyre et Hersant proposent d'électrifier la ligne mais la ville de Vichy s’y oppose et comme la baisse du trafic est significative, le tramway est voué à l'abandon. C'est alors que les motrices Mékarski sont remplacées par des bus De Dion et deux ans après, le 24 mars 1927, la ligne est déclassée et fermée au trafic voyageurs.

Le matériel roulant
Le matériel roulant se compose de six motrices Mékarski de 10 t. à air comprimé (variante du procédé de machine à vapeur sans foyer), de cinq baladeuses de 3 t. et un fourgon à bagages.
Les motrices offrent 40 places et les baladeuses 32 places assises plus 18 debout. Le fourgon est resté pratiquement inutilisé. 
Les opérations de charge d'air comprimé de chaque motrice ont lieu à Cusset et durent 20 minutes.
Le procédé Mékarski est basé sur l'utilisation de l'air comprimé dont la faible détente (par rapport à la vapeur) faisait que le rendent des moteurs était faible. Louis Mékarski a précisément trouvé le moyen de pallier cet inconvénient en utilisant de l'air à très haute pression emmagasiné dans des réservoirs. Cet air agit sur les pistons, comme fluide moteur, non pas simplement de l'air comprimé sec et froid, mais un mélange d'air comprimé et de vapeur d'eau, dont le calorique latent se trouve, pendant la détente, partiellement utilisé pour limiter l'abaissement de température.
Le système Mékarski a été utilisé sur plusieurs lignes de tramways dont Paris, Nantes, Aix-lès-Bains, la Rochelle, etc.

Le dépôt des Darcins
Le dépôt est implanté dans une ancienne papeterie. Les anciennes installations sont réutilisées soit des turbine au fil de l'eau du Sichon plus deux machines à vapeur de 120 CV. qui actionnent des compresseur Thirion.
Il y a deux postes de charge, un au dépôt, l'autre au terminus de Cusset alimenté par une canalisation. L'air comprimé est réchauffé par deux chaudières Field.
Aujourd'hui le lieu est investi par les services techniques de la ville.

Le dépôt aujourd'hui. Plus rien n'est reconnaissable. Seul indice, le lieu est investi par les services techniques de la ville.

Et aussi sur la ligne du P.L.M.

La ligne Vichy-Cusset à quatre files de rails VM imbriquée dans la VN. Déclaration d'utilité publique en 1907 n°116 du plan Freycinet. Affermée au Chemin de fer du Centre (CFC).
Sa longueur est de 4,056 Km. Ouverture à tous trafics en 1912, fermeture en 1950.
Au delà de Cusset la VM continue jusqu'à Lavoine-Laprugne (Loire).

La gare de Cusset
La gare de Cusset a été inaugurée le 13 juillet 1910. La ligne dite de la Montagne bourbonnaise qui joignait Vichy à Lavoine jusqu'en 1950 était à voie métrique.
Elle a été fermée en 1949 pour les voyageurs et le 30 juin de l'année suivante pour les marchandises.

À droite le B.V. et au centre la remise des machines.
Le B.V. en 1914, les abords ne sont pas encore terminés.
Aujourd'hui le B.V. est muré.
Vue du B.V. côté voies
La salle des "pas perdus".
Au guichet, on ne vend plus de billets.
Vue en direction de Vichy.
Vue en direction de la carrière des Malavaux
Un train complet de ryolyte attend le départ en direction de Vichy.
Double traction de 67000 dont la 67444.
Vue côté sud.
Noter l'importance des installations.

À présent, la ligne mise à voie normale en 1963 subsiste, jusqu'à la carrière des Malavaux 2, qui est son principal client (E.P.) avec le dépôt des carburants Lagarde. Des trains complets sont expédiés sur Clermont-Ferrand.
Un cours tronçon de voie métrique avec traction vapeur va subsister jusqu’en 1963 entre la gare de Cusset et la carrière des Malavaux. À noter qu'à la fermeture du réseau la carrière a utilisé un grand nombre de locomotives à vapeur, dont plusieurs venant du réseau de la Loire, garées à Cusset.

La bifurcation
La bifurcation est située au nord à quelques centaines de mètres du B.V. de la gare de Vichy

Vue en direction de Cusset. La voie a été renouvelée et plus aucune trace de la voie métrique ne subsiste.
Vue en direction de Vichy
Le pont de la ligne de Cusset
Le pont de la ligne en direction de Paris

La bifurcation n'est plus très loin, juste avant d'entrer en gare.

La gare de Vichy
Inaugurée par Napoléon III le 11 juillet 1862 puis élargie en 1977, elle a été reconstruite entre 2007 et 2009 afin de lui redonner son aspect d’origine.

La place de la gare et la statut de "Vichy accueillant ses hôtes".
Le corps central du bâtiment voyageurs dans un style très Second Empire.
La gare de Vichy a été ouverte le 8 mai 1862 et inaugurée le 11 juillet.
La ligne a été ouverte le 19 juin 1854
Aujourd'hui, le style Napoléon III de la gare a été restitué mais l'entrée principale n'est plus opérationnelle.
La nouvelle entrée est de facture moderne : rien à voir avec le siècle dernier. 
Côté sud la station de fiacres. Elle a disparu  pour laisser places aux automobiles.
Côté voies. Vue en direction de Paris.
Aujourd'hui la zone marchandises a été désertée, la halle détruite, seuls les express donnent de l'animation à la gare.
et en direction de Clermont-Ferrand.

La gare de Vichy est située sur la ligne Paris-Lyon—Clermont-Ferrand et est en relation avec :

  • Paris (Gare de Lyon) – Nevers – Moulins-sur-Allier – Saint-Germain-des-Fossés – Vichy – Riom-Châtel-Guyon – Clermont-Ferrand, et

  • Clermont-Ferrand – Riom-Châtel-Guyon – Vichy – Roanne – Tarare – Lyon-Part-Dieu/Lyon-Perrache.

La halle marchandises a été détruite en 2005.


Les Chemins de fer du Centre (CFC)
Les Chemins de fer du Centre qui exploitaient la ligne Cusset—Lavoine-Laprugne avaient leur terminus en gare de Cusset, terminus qui fut reporté à Vichy en 1912 par la pose d'une file de rails en voie d'un mètre à l'intérieur de celle en voie normale du P.L.M. Cependant le tacot n'entrera réellement en gare de Vichy  (quai 4) qu'en 1930. Cette section de voie entre les deux gares était régie par le régime de l'affermage à la S.E.
Le tacot mettait 12 minutes pour parcourir les quatre kilomètres séparant les deux gares. Il y avait trois trains quotidiens dans chaque sens en 1937. Ils disparurent en 1950.

Bien avant la création de la communauté d’agglomération le 30 décembre 2000, le Syndicat Intercommunal des Transports en Commun de l’Agglomération de Vichy (SITCAV), était l'autorité organisatrice des transports des communes de Vichy, Abrest, Bellerive-sur-Allier, Creuzier-le-Vieux et Cusset.Le SITCAV est substitué au SIVOM par arrêté préfectoral du 5 avril 1996 et il reconduit, dès le 16 avril 1996, la délégation à la société Bus Inter.

 

Notes :
  • 1  Rail Marsillon, type de voie constituée de rail et contre-rail (d'où leur surnom de rails à gorge) adaptés aux chaussées urbaines donc à fleur de terre. Ils sont boulonnés chaque mètre sur des coussinets en fonte, lesquels sont posés sur des traverses en chêne.
    Souvent ce type de rail a été remplacé par du rail Broca.

  • 2 L’extraction de carrières aux Malavaux, date de 1905, lors de la construction de la ligne de chemin de fer départemental Cusset-Roanne (tunnel et viaduc des Malavaux) qui sera ouverte en 1910 (le tacot sera arrêté en 1949). Les matériaux (« tuff ryolytique ») du gisement sont d’une résistance telle qu’ils sont devenus une véritable référence pour les travaux publics.
    Aujourd'hui la carrière produit 150 000 tonnes de rhyolite annuellement à l'usage des routes, centrales à bétons, centrales d’enrobés…
    La carrière des Malavaux, est exploitée depuis 1981 par la société JALICOT sur une superficie de 12ha 44a.  Elle emploie 5 salariés.

Sources :

  • Les petits trains de jadis 06 - Domengie - Éd. du Cabri - 1986
  • Connaissance du rail n°33 01/04/1983
  • "Les Tramways du département de l'Alliers" – A. Jacquot – Revue de la FACS n° 126 – 1974-VI
  • Le tacot Cusset-Lavoine - Rouby - Amis Montagne Bourbonnaise - 1991
  • Rail & Industrie n°2
  • UNECTO
  • Loco Revue N° 676 : Les Carrières De Malavaux

Sites :

Si une image de cette page vous paraissait non libre de droits, merci de m'en faire part

Page precedente