Le carnet du CFC

La gare de St Siméon (Seine-et-Marne)

MAD

La recherche d'une chaudière verticale à bouilleurs, m'avait conduit cette journée-là à la petite gare de St Siméon (77169), bien désolée aujourd'hui.

Dans les années 90, des trains passaient encore en direction de la Ferté-Gaucher et Sézanne, mais à ce jour, les herbes ont envahi la voie, l'abri de quai a été vandalisé et le passage à niveau ne ferme plus ses barrières, d'ailleurs la maisonnette caractéristique de cette ligne n'est plus habitée.

La gare de St Siméon était une gare de correspondance entre la ligne Paris-Sézanne des Chemins de Fer de l'Est et la ligne Sablonnières-Nangis de la Société des chemins de fer Economiques de Seine-et-Marne.
Manœuvre en gare de St Siméon. Au fond on voit le bâtiment de la petite vitesse de la gare, bâtiment commun. A droite le BV de la SE et derrière la voie de remisage des locomotives SE. Le timbre est daté de 1923 (collection Jacques Renaud).
Accident en gare de St Siméon. Prise en écharpe d'une voiture par la 031T Cail n° 3708, série construite entre 1902 et 1904. Poids 21 tonnes à vide. La dernière de cette série circule aujourd'hui sur le réseau de la Baie de Somme. Elle porte sa devise d'origine "Béton-Bazoche". (collection Jacques Renaud)

Le réseau de la SE de Seine-et-Marne a été construit de 1872 à 1899 suite aux grands espaces laissés pour compte des voies Nord-Est, Est et Sud-Est des grands réseaux. En 1897 un projet de ligne de Montereau à St Siméon est élaboré pour desservir Béton-Bazoche et raccorder les lignes de la Ferté-sous-Jouarre et Montmirail.
C'est la SE qui fut désignée rétrocessionnaire, les CFD exploitant déjà des lignes en Seine-et-Marne, le conseil général préféra diversifier ses exploitants. La ligne fut construite par l'Entreprise Dequeker et achevée en février 1903.
L'ouverture de Jouy à St Siméon eut lieu le 23 mars 1903. Des affaissements de voie et des discussions pour la pénétration des voies Est retardèrent les travaux. Trois aller-retour quotidiens de bout en bout eurent lieu jusqu'en 1914. L'horaire était calé sur celui de la ligne Est.
En 1918, l'exploitation fut prise en main par un détachement de la 10ème section des Chemins de fer de Campagne de Sablonnières à St Siméon. Un dépôt provisoire fut construit au sommet de la rampe de St Siméon pouvant abriter une vingtaine de locomotives. Après la guerre, seulement deux trains quotidiens parcouraient la ligne et un marchandise facultatif.

Les voies Est (Sézanne-Paris, est-ouest) et SE (Ferté-sous-Jouare-Béton-Bazoche, nord-sud) ne se croisaient pas à niveau et il n'y avait pas d'interpénétration des réseaux. Un pont qui existe encore permettait à la SE de franchir celle de l'Est à l'ouest de la gare. 
Il y avait un transbordement de la ligne Est et de la ligne SE. La grue Est est toujours en place et préservée.

Un notable rencontré à St Siméon nous évoque ses souvenirs :

Une anecdote, le Tacot, là lorsqu'il partait il faisait tchouf, tchouf, tchouf, tchouf, tchouf, puis lorsqu'il montait la côte : j'fais c' que j' peux, j'fais c' que j' peux, j'fais c' que j' peux, j'fais c' que j' peux et lorsqu'il commençait à être sur le plat, il faisait : j't'emmerde, j't'emmerde, j't'emmerde, j't'emmerde, j't'emmerde

A St Siméon il y a eu un déraillement, d'ailleurs il y a eu une carte postale 
Il y avait les usines de la vallée, les papeteries d'Arjomarie, il y avait le charbon, les Ponts et Chaussée qui avait besoin du goudron et du charbon, il y avait des grainetiers, des agriculteurs qui venaient chercher de l'engrais ou chargeait du grain, les marchands de machines agricoles, nous on allait chercher notre matériel à la gare. Quand le wagon arrivait en gare, on leur téléphonait et on leur disait, il faut que le wagon soit vide dans les 48 heures, alors le gars, il se dépêchait, il se dépouillait pour vider le wagon, sinon c'était une indemnité, il faisait tout pour le vider, mais quelquefois, le wagon restait huit jours après. Et puis après il y a eu les camions. Pourquoi charger un wagon dans une usine pour le décharger dans une gare où il fallait encore transporter sa marchandise sur le lieu définitif. Il y avait les charbonniers, il y avait la laiterie avec le ramassage de lait. Les cuves de lait, pendant la guerre, ont été mitraillée par les Allemands, croyant que c'était de l'essence qui partait sur Paris. Il y avait aussi le trafic de bois, on chargeait des grumes à la gare et d'autres qui y étaient acheminés. Aujourd'hui il n'y a plus rien.
La ligne a été supprimée il y a quelques années, d'abord, il n'y avait pas assez de train par exemple, les gens qui voulaient aller à Coulommiers pour chercher des médicaments chez le pharmacien, il fallait qu'ils partent le matin à sept heures pour rentrer à trois heures de l'après-midi.

Dans la cour de la gare, il reste le bâtiment voyageurs des SE et les bâtiments de la laiterie qui possédait aussi trois chaudières verticales pour le traitement du lait. Les traces d'une voie normale attestent que cet établissement était embranché et un jeu de treuil et cabestans pour la manœuvre des wagons existe toujours le long de cette voie.

Le treuil. On voit encore en bas de la photo le câble enroulé sur la poulie motrice
Le cabestan moteur et sa trappe de visite
Fabrication Établissements Hillairet Paris-Persan
L'ensemble treuil et cabestan moteur
Cabestan de renvoi

La ligne était stratégique, elle était militaire. Fut un temps où les enfants prenaient le train pour aller au collège à Coulommiers ou à la Ferté-Gaucher, je me souviens, il y avait un carnet à souche, le carbone, le gars, il remplissait le nom du gamin qui payait, payait pas grand chose, alors on payait un mec à faire ça, ce n'était pas rentable. Alors voilà la ligne a été supprimée, le terminus maintenant est à Coulommiers.

La gare de Coulommiers.
Voies vues en direction de Paris...
.... et en direction de la Ferté-Gaucher. La ligne continue en voie unique.
Code postal de St Siméon : 77169 N° Insee: 436 
Superficie: 1227 ha Arrondissement: Provins 
Population: 744 (recensement INSEE 1999)
Habitants: les Saints-Siméonais
Cours d'eau: le Grand Morin, le ru de Prétré
Sources
  • Ma visite sur les lieux
  • Le réseau de Seine-et-Marne des chemins de fer économiques - Renaud, Riffaud - Magazine de Tramways à Vapeurs et des Secondaires - n° 37 - 1986.
  • Le témoignage d'un habitant de St Siméon

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