Le carnet de MAD

Melun fête la Seine, le CFC entre en scène

Du 5 au 8 mai 2005, la ville de Melun organisait un rassemblement de yachting à moteurs, "celui de la Belle Epoque, du vernis, du cuivre, de l'élégance, de l'acajou, de la ligne pure, et de l'esthétisme".
Plus d'une vingtaine de bateaux ont participé à cette "exhibition", tous plus beaux et plus soignés les uns que les autres. En flotille, en manoeuvrabilté, en exposition statique ou en régulatité, ces merveilles venues des 4 coins d'Europe ont paradé sur le petit bras de la Seine de l'Ile St Etienne, au coeur de la capitale briarde.
A l'Est de l'île sur la rive du petit bras, deux cent mètres de voie Decauville renouaient avec la tradition du transport des visiteurs des grandes expositions de la fin du XIXème siècle.

 

Tout commença le lundi 2 mai au CFC avec le chargement des voies portatives (de 7,5 kg au mètre, récupérées à l'usine de traitement des eaux de Nanterre en 1997). Le lendemain, c'est le matériel roulant qui faisait le voyage vers la Seine-et-Marne, pendant que l'équipe posait la voie.

 

 

Chargement de la voiture Aff-01 construite sur un châssis Decauville de 1916.
La Bouillote et la petite voiture salon Sf-02 construite sur un châssis Decauville de 1925, sur le camion au départ des Chanteraines.

Le jeudi matin de bonne heure, nous faisions la première circulation sur les 200 m de voie posée à même le sol sans terrassement préalable. 

Heureusement les services municipaux étaient là pour nous encourager.
Plan de situation de la voie, posée sur le quai de la Courtille jusqu'à la pointe Est de l'Ile Saint Etienne, c'est à dire entre le port et le restaurant du village festif.
La voie longe le mur de la prison sur la rive du petit bras de la Seine.

Ca brinquelait pas mal, mais le train passait sans difficulté (bien que la charge à l'essieu indiquée dans le catalogue est de 1500 kg alors que celle de La Bouillote est de 3000 kg). 
Eh oui le rail Chauvineau, c'est du solide !

La fin de la voie, le long du mur de la prison de Melun, séparée de la Seine par un bel alignement de peupliers, centenaires.
Souvent la traverse posée comme ça en bout de voie ne sert pas à grand chose, c'est plus psychologique.
Au bout de quelques jours, la voie s'est tassée et est devenue beaucoup plus rectiligne.
Les vagues sont aussi sur la berge !
Mardi soir, la voie était posée et le matériel arrivé sur l'île.
L'équipe pose pour l'événement.

Après un calage et un bourrage succinct, la difficulté a été de trouver du charbon en petite quantité. C'est pourquoi, nous avons opté pour du bois.
Malheureusement, le bois et l'eau n'étant pas arrivés, nous n'avons pas pu faire les essais le mercredi comme prévu. Donc ce fût une journée de repos.
En revanche, le jeudi à la première heure, nous avons pu faire circuler le tacot sur l'ensemble de la ligne. 

Fin de la première journée d'exploitation, l'équipe de conduite pose pour l'événement, alors que les derniers voyageurs sont intéressés par la machine.

Notre ami Patrick Mourot a trouvé que c'était "un train à la Dubout". Il n'a pas tort, notre petit train est plein de charme et réjouit les voyageurs qui, une fois, n'ont pas manqué de le pousser au démarrage, alors que la pression était tombée. 

Dès le début de l'après midi, les visiteurs se sont précipités dans le tacot, le prenant parfois d'assaut. Nous avons imprudemment enregistré une circulation avec 52 voyageurs à bord y compris dans la machine. Mais comment refuser devant un tel enthousiasme ?

Le lendemain vendredi à la première heure, nous inspections la voie et resserrions quelques boulons d'éclisses. Opération qui s'est répétée tout au long du séjour, bien que la voie ait bien tenu le coup. 
Le rail, le dimanche soir, était lisse et brillant, agréable à regarder..

La ville de Melun avait même mis une petite gare à notre disposition, en tête de ligne face aux pontons, au coeur du village nautique. 
Animée par nos épouses, que nous remercions d'avoir participé à cette aventure, notre petite gare a reçu la visite d'un public intéressé par notre chemin de fer. Nous avons eu à répondre à de nombreuses questions, chose qui ne se produit pas aussi fréquemment sur notre réseau. 
Les enfants, aussi, nous ont livré des réflexions savoureuses du style :

Ils ont aussi été très impressionnés par le feu et les jets de vapeur, que pour la plus part n'avaient jamais vus.
Une famille est même venue prendre et reprendre le train pendant les quatre jours. 

Merci Mesdames pour votre dévouement et l'accueil chaleureux que vous avez réservé aux visiteurs qui ont posé beaucoup de questions.

Les plus anciens quant à eux évoquaient les Tacots, Tramways et Tortillards de Seine-et-Marne aujourd'hui oubliés. Nous leur offrions en quelque sorte une promenade dans le passé ferroviaire Seine-et-Marnais et leurs yeux s'illuminaient.
Lagny-Morcerf, le petit Morin de la Ferté-sous-Jouarre à Montmirail, Verdelot-Chateau-Thierry, Montereau-Chateau-Landon, Barbizon, Melun-Verneuil-l'Etang, etc. voilà des noms savoureux et pleins de nostalgie que nous avons entendus pendant ces quatre jours. Sans oublier les nombreux "decau" qui suivaient le bord des routes apportant leur chargement à l'usine, à la sucrerie ou à la sablière. "Ah ! ponctuaient-ils, c'était le bon temps". Au lieu de deux clés à molette, c'est un magnétophone que nous aurions dû emporter avec nous.

Juste après la gare, le dépôt comme il se doit avec le tas de bois, les scories et les traverses huilées par les burettes.
Le soir la locomotive était bâchée, bien que le site fut gardienné.

La gare servait aussi de "consigne" où plus d'une vingtaine de poussettes et vélos étaient gardés quotidiennement, pendant que la famille se rendait au bout de l'île en train à vapeur.

A midi la pose repas était de rigueur. Heureusement, les visiteurs, comme nous affamés, délaissaient le petit train pour aller se restaurer et nous faisions de même.
A la fin de la première journée nous avions déjà parcouru 8,4 km sur nos 200 mètres de voie soit 21 aller-retour.

Nombre de visiteurs se sont intéressés à la locomotive, à son fonctionnement, à son histoire. Des panneaux explicatifs étaient affichés dans notre stand, reprenant les principales phases de la restauration. Les plus petits, eux ont découvert le feu de bois et sa bonne odeur et une photo sur la plateforme semblait indispensable aux parents.

Au terminus, les voyageurs allaient se désaltérer ou déjeuner selon le moment de la journée, ou tout simplement reprenaient le train après avoir fait une photo de famille.
Nous avons ainsi parcouru 34 km et transporté 2559 voyageurs en 4 jours. Ce n'est pas l'Exposition Universelle de 1889, mais tout de même !

Certains mécaniciens sont même venus en vélo pour conduire La Bouillote. On les reverra peut-être sur le tour de France 2005.
Il faut dire qu'elle est pimpante.

Côté port, un village de tentes était édifié sur le quai de la Courtille et en face du village, les bateaux étaient arrimés aux pontons.

Ambiance, quai de la Courtille. Les embarcations ont quitté le ponton, les visiteurs en profitent pour s'attarder aux stands.
Le village, quai de la Courtille où étaient présents, l'office de tourisme, le club d'avirons de Melun, Radio France Bleu Melun, etc.
Une ambiance de vacances malgré la période un peu fraîche des Saints de glace.

A chaque passage de Lakshme sur le petit bras, nous échangions force corne de brume et sifflet strident. Ce très beau bateau faisait le tour de l'île en 20 minutes, laissant aux passagers le temps d'admirer les berges calmes de la Seine. Son capitaine, Jean Daniel, ne manquait pas de donner, avec gentillesse et humour, les explications techniques et les anecdotes historiques de sa belle embarcation.

Lakshme, construit en 1922 et remarquablement conservé et entretenu, est basé à Genève et propose des promenades au fil de l'eau. Sa vitesse est de 34 km/h, mais pour la circonstance et pour répondre aux exigences de la navigation locale, le petit bras était parcouru à seulement 5 km/h.

La fête de la Seine s'est déroulée ainsi pendant quatre belles journées, au rythme des bateaux et du petit train. Bien que le temps n'ait pas été tous les jours ensoleillé, la pluie ne s'est pas manifestée et c'est déjà beaucoup pour la Brie.

Avec Patrick, le metteur en scène de ce rassemblement nautique, qui a fait un aller-retour au manche de La Bouillote.
Christian, qui nous a aidé, pose devant La Bouillote avec son chien Max.

Notre séjour a été agrémenté d'une sortie musicale au Country Club de Samois-sur-Seine et d'une visite aux chandelles du magnifique château de Vaux-le-Vicomte.

Le lundi 9 mai, nous démontions la voie et rendions la rive à sa tranquillité.

Chargement de La Bouillote et de la petite voiture salon
Démontage de la voie, comme au bon vieux temps. Rien n'a changé de ce côté. La rive retrouve sa sérénité champêtre et le calme du bord de l'eau.
asso01_30.jpg (99239 octets) Puis la voiture Decauville reprend la route de Villeneuve-la-Garenne.

Le CFC remercie :

  • les 2559 visiteurs qui nous ont fait le plaisir de voyager dans notre petit train 
  • Hélices et Acajou et son animateur Patrick pour sa formidable capacité à organiser, son professionnalisme et son humour
  • la ville de Melun et l'Office du Tourisme pour leur accueil
  • Jean Daniel qui nous a fait rêver à bord de son Lakshme de 1922 
  • Laurent qui assure nos transports avec délicatesse et efficacité
  • Christian qui nous a aidé à déposer la voie lundi matin, alors que nous étions tous crevés.
  • Patrick Mourot du Tacot des Lacs pour sa visite et son aide au calage de la voie
  • Frédérique de Radio France Bleu Melun pour le temps d'antenne qu'elle nous a consacré
  • Decauville qui a eu cette idée géniale de créer ces petits chemins de fer que nous adorons tous un siècle plus tard.
  • sans oublier tous ceux du CFC qui, par leur enthousiasme et leur dévouement, ont contribué à la réussite et au succès de cette opération.

L'arrivée du petit train en gare des Chanteraines

La presse en a parlé

Epilogue

Melun, une des plus modestes préfectures de France a connu en 1900, un tramway en voie métrique qui partait de la gare P.L.M. pour desservir les nouvelles casernes. La longueur de la ligne était de 2340 m et le dépôt était situé le long de la voie P.L.M. En 1914, l'exploitation fut suspendue.

Vers 1905, le tramway quitte la rue St Etienne et passe sur le pont de pierre avant d'arriver sur la place du Châtelet.
En 2005, non loin de là gauche sur la rive de la Seine, le petit train du CFC stationne devant l'entrée de l'établissement pénitentiaire.

 

Prochains événements :

  • Le Centenaire de la Bertha aux Journées Portes-Ouvertes du CFC à Villeneuve-la-Garenne les 21 & 22 mai, avec comme locomotives invitées la Jeanne et la Couillet du chemin de fer de Bligny-sur-Ouche

  • Les Journées Portes-Ouvertes du 5ème Régiment du Génie, basé au Camp des Matelots à Versailles avec les Decauville 020 n°869 de 1914 et 030 n°1770 de 1919.

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