Le carnet du CFC

Nouvel appareil de distribution de combustibles aux locomotives
M. RICHON, Ingénieur en Chef de la Traction
Source : Bulletin P.L.M. N°4  Juillet 1929
Les locomotives sont de grosses mangeuses de charbon. A raison de près de 20 kg par kilomètre, c'est un vide de plusieurs tonnes qu'il faut combler dans l'approvisionnement du tender lorsque la machine rentre au dépôt. Autrefois, c'est-à-dire au début de ce siècle, on n'usait guère que du chargement au panier de 50 kg. 
Pour charger 3 tonnes, on avait donc à manutentionner successivement 60 paniers. L'opération était longue et coûteuse. De plus, elle retenait pendant trop longtemps au quai à combustibles la machine et son équipe. L'augmentation de la puissance des locomotives et de la charge des trains, en même temps que l'augmentation du nombre de ceux-ci, a vite rendu ce procédé impraticable dans les grands dépôts.

On s'est ingénié à créer des installations mécaniques à grand débit, et on a trouvé d'heureuses solutions dans les appareils à bennes et dans les quais mécaniques, pour ne citer que les systèmes les plus répandus sur le P. L. M. Les appareils à bennes (grues ou portiques) prennent à terre des bennes remplies au préalable de combustible, ou remplissent au tas au wagon même des bennes preneuses, et les déversent ensuite directement dans les tenders. Les quais mécaniques comportent, sur une plate-forme élevée de 4,75 m au-dessus de la voie des locomotives, un gril de voies Decauville où sont remisés les wagonnets qu'on déversera par basculage dans les tenders.

Les wagonnets sont hissés sur la plate-forme à l'aide de monte-charges simples ou multiples, mus mécaniquement, à moins que les dispositions du terrain aient permis, cas exceptionnel, d'établir le quai dans le plan même du parc à combustibles, les locomotives circulant en contrebas du terrain du parc, ce qui dispense de faire usage de monte-charges. Le P.L.M. vient de mettre en service, au dépôt de Roanne, un nouvel appareil de distribution de combustibles dont le nom même résume le rôle et le mode de fonctionnement. Cet appareil, qui est un « Elévateur-culbuteur », le premier du genre installé sur les réseaux français, se réduit à un ascenseur double, mû électriquement, qui monte des wagonnets chargés de combustible à une hauteur de 5,80 m environ et les déverse automatiquement dans les soutes des tenders.
Il est constitué par une double cage d'ascenseurs, en fer profilé, élevée le long de la voie de ravitaillement des locomotives. Dans chaque cage peut monter et descendre une benne basculante pouvant recevoir un wagonnet.

Les mouvements des deux bennes sont solidaires, c'est-à-dire que l'une monte tandis que l'autre descend. Le déversement de charbon se fait par basculage du wagonnet chargé, montant, dans un couloir fixe incliné, d'où le combustible tombe dans le tender.

Pour desservir l'appareil, on n'a donc qu'à remplacer chaque wagonnet vide descendu au niveau du sol par un wagonnet chargé, et à manoeuvrer, quand le moment est venu, le rhéostat placé au rez-de-chaussée de l'appareil, ce qui détermine la montée du wagonnet chargé et son basculage ainsi que la descente simultanée du wagonnet vide dans l'autre cage.
L'arrêt s'effectue automatiquement en fin de course.

L'élévateur-culbuteur est un appareil à grand rendement. Il peut débiter 600 tonnes par vingt-quatre heures, c'est-â-dire une quantité de combustibles supérieure à celle que délivrent les plus gros dépôts en temps normal. D'autre part, il est peu encombrant et relativement peu coûteux. Il trouvera donc sa place dans nombre d'établissements. Toutefois, dans les dépôts importants où, à certaines heures, les machines se présentent en grand nombre au chargement, on peut avoir intérêt à disposer d'appareils à plus grand débit encore, qui permettent de faire face aisément à ces à﷓coups. Une installation répondant à ce programme, et établie sur des bases toutes nouvelles au P. L. M. sera prochainement réalisée. Une description en sera donnée au Bulletin.

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