Baguenaude
Baguenaude sur la ligne en voie de 60 du Tramway de La Trinité à Etel (Morbihan)
Marc André Dubout
Le
"Tramway" ou encore le "Petit train" de La
Trinité à Etel était le "train des pêcheurs" puisqu'il servait à
l'origine à transporter le poisson des pêcheurs de La Trinité aux glacières
d'Etel. À l'utilité commerciale se joignaient les plaisirs de la mer liés au
développement du tourisme, c'est pourquoi un détour vers la plage de Carnac
lui faisait faire l'école buissonnière sur quelques kilomètres.
19 octobre 1901 : déclaration d’utilité publique 1
Construit de 1901 (Etel—Plouharnel)
à 1902 (Plouharnel—La
Trinité), la ligne avait une longueur de 21 kilomètres principalement en
accotement des routes. Ce choix est dû au succès obtenu par la Société
Decauville lors de l'Exposition Universelle de 1889 qui se traduit les années
suivantes par la construction de petits chemins de fer desservant les stations
balnéaires 2.
Ce type de chemin de fer de surcroît plébiscité par l'armée a renforcé ce
choix.
En 1914 pour les besoins de la Grande Guerre, la voie a été démontée et
reconstruite en 1922 à l'écartement métrique.
De 1901 à 1922 le concessionnaire était "le Tramway de la Trinité à Etel"
(TTE).
De 1922 à 1934, c'est la Régie départementale qui exploitait la ligne, puis en 1934, les Chemins de fer du Morbihan.
En 1935, c'est la fermeture de la ligne et le transfert sur la route par les Chemins de fer du
Morbihan qui n'étaient pas enclins à reprendre la ligne.
Le matériel roulant était
pour partie, du moins au début de l'exploitation, du matériel livré par la Société
Decauville.
Les trois locomotives 021T ont été livrées en septembre 1900.
- trois locomotives de type 021T Decauville, n° 1 « Etel », n° 2 « La Trinité » n° 3 « Carnac »,
Locomotive de type 021T Decauville à Carnac-Plage. - trois locomotives 030T Orenstein & Koppel n°1 à 3 (sans nom), ces trois dernières venant remplacer les Decauville rapidement usées. Elles furent ensuite revendues à la poudrerie de Bergerac pour la desserte de son usine 2.
Locomotives 030T Orenstein & Koppel à Carnac-Plage. - sept voitures Decauville à bogies : quatre fermées Type KE, trois ouvertes
- dix wagons de marchandises (plats, couverts, tombereaux).
Le catalogue Decauville de l'époque donne pour ces trois machines les caractéristiques suivantes :
Type | 021T |
Diamètres des cylindres | 0,21 m. |
Course des pitons | 0,30 m. |
Distribution | Walschaert |
Diamètres des roues motrices | 0,60 m. |
Diamètres de roues porteuses | 0,50 m. |
Empattement essieux moteur | 0,90 m. |
Empattement entre essieu moteur et essieu porteur | 1,00 m. |
Poids à vide | 7,5 t. |
Poids en ordre de marche | 9,75 t. |
Longueur châssis | 4,835 m. |
Largeur | 1,86 m. |
Hauteur | 2,85 m. |
Surface de grille | 0,38 m2 |
Surface de chauffe | 17 m2 |
Soutes à eau | 1020 litres |
Soutes à charbon | 560 kg |
Consommation | 3,5 Kg/Km. |
Frein | à vide (Massard) |
Attelage | tampon central et 2 tendeurs |
Les voitures furent construites en 4 exemplaires pour le réseau et se rapprochaient du type KE.
Les wagons tous à essieux de 5 tonnes de charge utile avaient été fournis par Decauville et O&K.
Après la fermeture de la ligne ce matériel fut réutilisé sur le réseau des C.F.M.
La Voie
La voie Decauville constituée de coupons de 5 mètres était constituée de
rails de 12 kg au mètre rivetés sur sept traverses métalliques. Sur
certaines portions la voie était constituée de rails de 8 m de 15 kg tirefonnés
sur 9 traverses bois et posés sur un ballast de 30 cm. Le rayon minimal des
courbes était de 30 m. et les rampes de 40 %o.
Les aiguillages avaient une courbure de 30 m.
Cette voie fut démontée pour les besoins de la guerre de 14 et reconstruite en
1922 à l'écartement métrique.
L'exploitation
La ligne était parcourue par quatre trains quotidiens sur la section Etel—Plouharnel
et trois sur celle Plouharnel—La
Trinité.
Les gares de la Trinité, Etel et Plouharnel avaient des installations plus
conséquentes avec remises à machines en bois et plaques tournantes pour les
deux premières et un triangle pour Plouharnel.
Les gares de Carnac-Plage avaient une voie d'évitement, celles de Kerdual,
Erdeven, et Belz, seulement une voie de débord.
Les B.V. de Carnac-Ville et Carnac-Plage étaient en maçonnerie.
Les haltes et arrêts avaient un abri en bois.
Entre 1903 et 1911 les résultats d'exploitation étaient positifs et en
augmentation constante, les deux premières années étant considérées comme
années de lancement. Il est était de même pour le trafic des marchandises
(houille, céréales, objets manufacturés, denrées alimentaires, etc.).
La guerre et ses
conséquences
L'exploitation s'arrête en août 1914 par réquisition de l'ensemble de la voie
et du matériel roulant pour les besoins de la Guerre. Tout fut évacué par la voie
normale en gare de Plouharnel.
Les 21 personnes qui travaillaient sur le réseau furent mobilisées pour cette
opération. Quelque temps plus tard une partie du matériel n'ayant pas
d'utilisation pour l'armée fut restitué mais le réseau privé de sa voie ne
sut qu'en faire. Aussi, il fut rétrocédé à la poudrerie de Bergerac 3.
Le Conseil général étudia alors le rétablissement de la ligne sur le tracé
existant mais cette fois en voie métrique avec projet de raccordement avec des
lignes existantes ou en projet 4.
Il fallut attendre 1922 pour revoir un train (en voie métrique) circuler sur
l'ancien tracé.
Le tracé
La ligne longue de 21 kilomètres avait son P.K. 0 en gare de la Trinité.
Elle suivait l'accotement des routes sans
terrassement particulier.
Le tracé de la ligne en voie de 60. |
La ligne en images
La ligne partait de La Trinité-sur-Mer P.K. 0, au centre du bourg le long du GC
20.
La Trinité-sur-Mer était dotée d'une voie d'évitement, une plaque tournante et
une remise à machines.
Le terminus de La Trinité | |
Les
installations de la gare de la Trinité-sur-Mer Dessin J. Chapuis - FACS |
Au bourg de Kerdual, quelques kilomètres plus loin la voie s'infléchissait vers le sud en direction de Baumer qu'elle contournait par le sud puis longeait la côte en site propre jusqu'à Carnac-Plage.
Carnac-Plage desservi par la petit train et son incontournable avenue de la gare. |
À Port en Drou elle s'orientait vers le nord pour rattraper le G.C. 20 à Carnac.
La ligne suivait ensuite le G.C. 20 en suivant les ondulations de la route dont
les rampes ne dépassaient pas 24 %o.
À
Plouharnel-Bourg, elle coupait à niveau la R.N. 168 puis arrivait à
Plouharnel-Carnac où elle coupait à niveau la ligne la ligne P.O. (ligne Auray—Quiberon)
avec laquelle elle était en correspondance.
La gare de Plouharnel-Carnac était en correspondance avec la ligne P.O. Auray—Quiberon
qu'elle cisaillait à niveau. Par sécurité, deux aiguilles de part et d'autre
étaient verrouillées par des serrures Bourré.
La gare de Plouharnel à côté des menhirs. Cette gare était le centre du réseau T.T.E |
Centre du réseau la
gare de Plouharnel était dotée d'une remise-atelier pour les machines, d'un
réservoir, d'une halle couverte et d'un quai découvert de transbordement.
Elle
partageait les installations avec celles du P.O.
Les
installations de
la gare de Plouharnel-Carnac. Dessin J. Chapuis - FACS |
Elle continuait toujours en accotement du G.C. 20 en direction d'Erdeven. Elle desservait la halte de Loperhet et atteignait Erdeven qu'elle contournait par l'est, après avoir traversé les alignements de Kerzeho.
Erdeven. En accotement la voie suit la route G.C. 20 le long des menhirs de Kerzeho entre Erdeven et Plouharnel. | |
Une autre photo de la voie au croisement d'un chemin rural. |
Elle continuait
ensuite jusqu'aux Quatre Chemins près de Belz puis par une courbe de 25 m
s'infléchissait vers l'est en suivant le G.C. 16, traversait le pont du Sach 5
et entrait dans Etel terminus de la ligne.
La gare d'Etel était dotée d'une voie d'évitement, une plaque tournante et
une remise à machines.
Le petit train disparut en 1935. Le matériel roulant connut une autre vie sur des lignes voisines du Morbihan, la voie non entretenue depuis 1933 fut déposée et les autocars reliant Lorient à Vannes sillonnèrent le GC.20 tout près du tacot.
Notes
:
Paradoxalement,
la ligne a été mise en service avant la déclaration d’utilité publique
(19 octobre 1901) 5 Les deux travées du pont sur le Sach avait été renforcées en prévision du passage du train. Sources :
Sites : |
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