Baguenaude

La ligne Montélimar—Dieulefit - le Petit Train du Picodon
29 Km.

Marc André Dubout

Cette courte ligne a eu une existence éphémère. C'est une des huit lignes du Département de la Drôme1 qui, suite à la loi de 18812 comme beaucoup de départements en France créa des lignes secondaires en accotement des routes et souvent à voie métrique (195 Km.).
Elle a été ouverte en 1893 et fermée en 1934 au service voyageurs et 1937 définitivement. Elle suit le cours du Jabron jusqu'à Dieulefit et a été baptisée par les gens du pays  : "Le Petit Train du Picodon", nom d'un célèbre fromage de la région.
Des campagnes de betteraves ont été également assurées par le petit train.
Un accident a été déploré le 18 octobre 1897 à La Bégude-de-Mazenc.

horaire d'été du Chaix de 1914. Cinq trains par jour dans chaque sens dont les premiers départs étaient à 6h15 à Dieulefit et 4h38 de Montélimar P.L.M. Il fallait pas loin de 2 heurs pour parcourir les 29 Km.

La ligne Montélimar—Dieulefit au fil des photos et des cartes postales

Montélimar
La ligne avait son terminus en gare de Montélimar, traversait la ville, et passait sur le Roubillon (ou Roubion) pour rejoindre la Route départementale n°2 en accotement droit, jusqu'à Montboucher.
Il y avait deux arrêts dans la ville Montélimar-Ville et Montélimar Espoulette.

La gare de Montélimar a été en mise en service en 1854 à l'occasion de l'ouverture par la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (P.L.M.) de la section de Valence et Avignon de la ligne de Paris à Marseille.

La ligne passait devant le jardin public en face de la gare, puis empruntait l'avenue de la gare avant de s'engager sur la place d'Aygu quelle traversait pour s'engager dans le boulevard Meynot qu'elle suivait jusqu'au boulevard du Fust parallèle au Roubillon.
La voie métrique devant l'entrée principale du jardin public.

L'avenue de la gare bordée d'hôtels, de galeries et autres magasins de la Belle Époque.

La place d'Aygu. À gauche la ligne vient de l'avenue de la gare, traverse la place.

La courbe place d'Aygu avec ce jour un wagonnet poussé à la main par un cantonnier qui entretient la voie. 

Puis elle s'engage dans le boulevard Meynot. Les immeubles visibles sur les précédentes photos existent toujours.

La ligne suivait ensuite le boulevard du Fust.

Elle traversait le Roubillon sur un pont métallique et s'engageait dans le quartier de l'Espoulette.

Le quartier de l'Espoulette, faubourg de Montélimar avait sa gare immortalisée par une carte postale.

Monboucher
La ligne suivait la Route départementale n°2 (aujourd'hui D540) en accotement droit.

L'ancien bâtiment voyageurs, en bord de route, a été transformé en café. Il reste cependant bien reconnaissable.

Peu après Montboucher la ligne quitte la route départementale n°2 pour suivre un chemin communal I.C.27 (aujourd'hui D327) en direction de La Batie-Rolland. 

La Batie-Rolland

La gare était à l'entrée du village, sur l'accotement droit. Locomotive Weidknecht en tête d'un train de voyageurs en direction de Montélimar. Client fidèle de la maison Weidknecht, les cChemins de er de la Drôme possédaient des 030-T et 031-T.
Le petit bâtiment est toujours présent et bien conservé.
La ligne traverse le village en suivant la Grande rue au gré des courbes et contre-courbes de la route.

Elle continue ensuite, toujours en accotement droit de la route départementale n°2 en pleine campagne.

Halte au croisement du chemin communal n°27 vers Portes-en-Valdaine.

La Bégude-de-Mazenc 

     

L'abri-voyageurs de La Bégude-de-Mazenc où l'on découvre que cette petite ligne s'appelait le "Petit train du Picodon". Une des premières maisons à l'entrée du village est devenue l'office du tourisme.

La Bégude-de-Mazenc. Un train mixte et un train de voyageurs en provenance de Dieulefit arrivent à la halte. Les haltes étaient munies de voie d'évitement mais avec deux trains par jour les croisements ne devaient pas être fréquents. Locomotive Weidknecht.

La traversée de La Bégude-de-Mazenc. Dans la traverse des villages, la voie quittait souvent l'accotement pour se positionner au milieu de la route.
Locomotive Weidknecht avec un train mixte en direction de Montélimar marque l'arrêt à La Bégude-de-Mazenc.

Après La Bégude-de-Mazenc, la ligne suivait toujours la même route en direction de l'Est jusqu'à Gougne pour desservir le petit village de Poët-Laval où la gare n'a pas été retrouvée suite sans doute au remaniement de la route qui a été élargie, évitant ainsi de traverser le village.

Poët-Laval

Locomotive Pinguely en gare. 

Toujours en accotement droit sur le six derniers kilomètres avant d'arriver à Dieulefit la route a bénéficié de la suppression de la plate-forme pour être élargie.

Dieulefit
Terminus de cette courte ligne la petite gare, typique des secondaires bénéficiant de la loi Migneret, est restée en place dans son état d'origine. 

Les voies se situaient à gauche du bâtiment-voyageurs et la cour était fermée par un muret surmonté d'une grille. Locomotive 030T Pinguely. André Pinguely rachète les Établissements Gabert Frères en 1881 et construit 361 locomotives jusqu'en 1932, principalement des locomotives destinées aux réseaux secondaires.
Vue en direction de Montélimar. Noter au premier plan la halle des marchandises.
Seuls les containers et le bitume nous rappellent notre époque.
Locomotive 030T Corpet-Louvet de 1896 prête au départ pour Montélimar en gare de Dieulefit. À gauche un des 10 locomotives Weidneck type 031T de1893 reconnaissable à son abri ouvert.
Un autre train mixte prêt au départ.
Un wagon couvert est garé sur une voie en tiroir et derrière les enfants on distingue l'autorail Turgan-Foy. 
Sur ce cliché pris du pont, on distingue bien le petit dépôt des locomotives aujourd'hui disparu.
Vue du pont un train traverse la petite place en direction de Montélimar.

 Épilogue

L'année 2013 est celle du 120ème anniversaire de la ligne et quelques passionnés ont voulu célébrer le "Petit Train du Picodon" comme en témoigne ces affiches. Je suis arrivé un mois trop tard pour participer à cet événement.

 

Les nombreux et très complets sites internet prouvent que le Petit Train du Picodon n'a disparu de la mémoire collective. De nombreuses cartes postales ont immortalisé ce sympathique chemin de fer ainsi que ses homologues de la Drôme.

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Notes :
  • 1 Le département de la Drôme a construit dès le fin du XIXè S. huit lignes de chemins de fer départemental 
    • St-VallierLe Grand Serre
      DieulefitMontelimar
      ValenceBourg de Péage
      Tain l'HermitageRomansClerieuxSaint Donat
      Bourg de PéagePont en Royans
      ValenceCrest
      TaulignanChamaret
      ChatillonPont de Quart
    • une ligne de tramway (ValenceSt Préray)
  • 2 La loi du 12 juillet 1865 dite loi Migneret (ancien Préfet du Rhin) fixe les règles plus souples pour la construction et l'exploitation de chemins de fer "économiques" moins dispendieux et contraignants que les chemins de fer d'intérêt général construits par les grandes Compagnies. C'est l'acte de naissance des chemins de fer d'intérêt local à la suite duquel en cette fin de XIXè S. les départements, pour desservir les bourgs laissés à l'écart des grandes lignes, ont construit tout un réseau de chemins de fer secondaires en site propre ou en accotement des routes ce qui évitait les longs problèmes d'expropriation.
    La loi Migneret fixe une trame de cahier des charges à respecter et à soumettre à la Préfecture.

Sources :

  • Les tramways à vapeur et électriques de la Drôme - Association Terre Cévénole - 1988
  • Les petits trains de jadis 06 (Sud-Est) - Domengie - Cabri - 1986
  • Mon repérage de la ligne

Sites :

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