Le chemin de fer et la littérature

 

 

Les Enfants du Mont-Valérien
Récit 1910-1944

 Martine Delahaye

Les Enfants du Mont-Valérien est un témoignage des habitants de ce quartier qui ont vécu du début du siècle à la deuxième guerre mondiale. Ils sont passés de la campagne à la banlieue, à cheval sur les communes de Suresnes, Nanterre, Puteaux et Rueil-Malmaison. Y sont évoqués les sources, carrières, champs, chemins de terre puis l'implantation des habitants avec la construction de leur propre maison. 
Et puis les guerres, celle de 14 et celle de 40 autour du fort qui trône sur ses habitants.
Une partie sur les transports est abordée plongeant le lecteur au temps des tramways à vapeur.
Le style est celui de la transcription d'enregistrements au magnétophone.

Page 32-33

Il y avait sur les remblais du chemin de fer, des grand pins. Et à cette époque-là les wagons (voitures) étaient à impériale. L'été les gens voyageaient à l'air. Nous, on montait dans les arbres avec des pierres, on attendait le train tranquillement et on bombardait les voyageurs. Un jour, ça s'est su. On était monté dans l'arbre, et au pied de l'arbre, il y avait les agents qui nous attendaient. J'ai été emmené au quart et mes parents sont venus me chercher.
Une autre distraction, c'était d'aller regarder passer les trains à la gare de Puteaux. Il y avait une passerelle (elle n'existe plus) qui prenait où il y a actuellement le monument de la Résistance, et elle allait de l'autre côté. Et là, on attendait toujours ces trains avec des pierres pour bombarder. On avait toujours quelque chose à bombarder.


La gare de Puteaux et la passerelle.


Pages 111-112

Le tramway.
À Suresnes

Pour aller à Paris, nous ne prenions jamais le train parce que les gares étaient loin. À l'époque, il y avait un tramway qui partait de la Porte Maillot, longeait le Bois de Boulogne, et passait devant le Château de Madrid. Je me souviens d'avoir vu l'énorme chaîne qui fermait le château de Madrid. Il y avait des baladeuses au tramway et la promenade était très agréable. Ce tramway allait jusqu'au Val d'Or et même quelques-uns allaient jusqu'à Montretout.


Le tramway au Pont de Suresnes (Suresnes)

La baladeuse, on appelait ça baladeuse mais ça baladait vraiment, c'était la réjouissance des enfants quand il faisait beau parce que c'était un wagon dont une partie n'était pas couverte.

À Nanterre
Je me souviens de l'arrêt du tramway à vapeur qui circulait à ce moment-là. Ma mère allait quelquefois aux Halles. Le matin, je partais par le tramway du Bois de Boulogne pour la rejoindre à la Porte Maillot. Et nous allions aux Halles.
À ce moment-là c'était ouvert aux particuliers. Elle faisait ses provisions pour la semaine.
Le tramway nocturne allait jusqu'aux Halles. Il venait de Chambourcy et même de plus loin. Mais avant qu'il pénètre jusqu'aux Halles, il y avait les maraîchers qui allaient en caravane, il y avait cinq ou six voitures qui se suivaient. Le conducteur dormait mais le cheval suivait la voiture précédente. C'était assez bizarre. Après ça, il y a eu le tramway à vapeur. Il y avait un conducteur-chauffeur. C'était des motrices à deux cabines de conduite. Il était réversible.
On payait deux sous dix centimes. Et au métro, il y avait un billet aller-retour. C'était un voyage et demi, mais il fallait utiliser l'aller avant neuf heures le matin. C'était ce que l'on appelait les tarifs ouvriers.

 
Le tramway à vapeur à la Boule (Nanterre)


puis le Tramway électrique.

Il y avait bien sûr le chemin de fer, mais la gare se trouvait à trois kilomètres, alors on utilisait le tramway. Et aussi la bicyclette. Les voitures automobiles étaient assez rares. Plus tard, en 35, viendront les bus qui cohabiteront un temps avec le tramway.

 
Les gares de Suresnes et Suresnes Longchamp 
  
La gare de Nanterre

Nombreux étaient les jeunes qui faisaient du vélo. Ça n'étaient pas les beaux petits vélos que nous avons maintenant (en 1997). Personnellement j'avais acheté aux Puces un cadre, puis un guidon, puis une selle, puis des roues, et on remontait ça, et on l'astiquait puis on le peignait au Ripolin.

 

Les Enfants du Mont-Valérien - Martine Delahaye - 1997 - Imprimerie Lienhart

 

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