Le chemin de fer et la littérature

 

 

Victor Rabineau

La locomotive

Ô ma locomotive !
Quand ton âme captive,
En vapeur fugitive
Sort de tes flancs
Brûlants
Tu pars, belle d'audace
Tu dévores l'espace
Et ta colonne passe
Comme l'éclair
Dans l'air.

Nautonnier, chante la gondole
Qui te berce sur le flot bleu :
Moi aussi je chante mon idole,
C'est ma gondole au cœur de feu !
J'aime à te voir maîtresse bien-aimée,
Ardent courrier des grandes nations,
Coquettement dérouler ta fumée
En molles ondulations.

Le peuple qui t'aime, ô ma reine !
T'accueille par de longs travaux,
Et pour niveler ton arène, 
Se voue à d'immenses travaux,
Une montagne orgueilleuse se lève,
Obstacle vain ! si l'art ne l'aplanit, 
Ouvre sa base et plonge comme un glaive
Dans ses entrailles de granit !
Ô, ma locomotive etc.

Victoire ! il n'est plus de distabces
Tu renverses sur ton chemin 
Les despotiques résistances
Où se heurtait le genre humain,
L'homme a compris ta mission féconde ;
À ses faux-dieux il renonce, irrité ;
Char du Progrès, vole et porte au vieux monde
La Paix, l'Amour, la liberté !


Ô ma locomotive !
Quand ton âme captive,
En vapeur fugitive
Sort de tes flancs
Brûlants
Tu pars, belle d'audace
Tu dévores l'espace
Et ta colonne passe
Comme l'éclair
Dans l'air.

Source

  • Chanson de Victor Rabineau (Les Filles du Hasard, chez l'auteur, Paris, 1860)

  • texte transmis par Louis Pillon
    Annoté en bas de page "La Bande Joyeuse, Almanach Chantant pour 1857, Avignon" 

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