Journée au Chemin de fer des Chanteraines

Raymond FERLAY

Chante la reine des Decauville à nos oreilles, petite loco à vapeur 020T, type Progrès de 1914, qui a nom ici « La Bouillotte » ! Chant fait par la modulation de ses coups de sifflet, en tirant un train qui propulse ses voyageurs dans un univers cent pour cent bucolique, à travers bois, prairies et boqueteaux. D'où l'on peut cependant voir l'urbain : la Tour Eiffel et Montmartre coiffé par le Sacré-Cœur. Et seulement à une dizaine de kilomètres du centre de Paris.
Et chantent les rainettes ! Une espèce de grenouilles à la tête couverte d'une peau molle. Gros têtards de leur premier état aquatique, elles se tiennent une fois adultes, dans les frondaisons. Jadis, Peuplant la boucle de la Seine, les rainettes sont revenues habiter ce parc paysager situé sur les territoires de Villeneuve-la-Garenne et de Gennevilliers (Hauts-de-Seine).
Dans cet oasis de 70 hectares, poumon vert comme la livrée des rainettes, cerclé de zones industrielles, la présence de l'eau est constante avec ses trois lacs dont le plus étendu, couvrant 9 hectares, dévolu aux sports aquatiques et à la baignade, un autre qui est une réserve naturelle où vivent de nombreux oiseaux et où naissent les rainettes, le troisième réservé à la pêche.

Venons-en au ferroviaire, on ne peut, plus « decauvillesque », au Chemin de Fer des Chanteraines (CFC) : voie de 60, emblématique et, parmi un effectif vapeur de 7 locomotives, deux de la marque : « La Bouillotte » et la Chanteraine, une 030T de 1919 dont la chaudière d'origine remplacée par une neuve en 2003, a été offerte par le CFC à notre association, une fenêtre ayant été percée dans son corps cylindrique à titre pédagogiques, pour montrer aux jeunes visiteurs de notre musée, sa tûbulure en laiton.
Le CFC, long de 5,5 km, va de la gare du RER C « Gennevilliers » au sud, au pont d'Epinay, au Nord, desservant avec 6 gares, les principaux pôles d'attraction du parc : poney-club, ferme des enfants avec ses animaux, manège pour les plus jeunes, etc.. Le parcours, aller et retour de 11 kilomètres, s'effectue en une heure et demie. Au dépôt-atelier, on peut voir la riche collection dont le CFC s'enorgueillit, entretenue avec soin par des bénévoles passionnés : les vapeurs d'autres constructeurs, des locotracteurs, 20 plate-formes de 1914 : 14 Péchot et 9 Decauville et parmi les voitures voyageurs, une voiture salon aménagée à partir d'un wagon Decauville de 1925. Une visite utile pour comprendre comment fonctionne un chemin de fer.
Je conclurai en déclarant que ce très beau musée mérite sa mise hors concours pour la mission de sauvegarde d'un patrimoine industriel important qu'assurent si parfaitement ses bénévoles.

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